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Élevage des poussins

Pour éviter la mortalité.

— Au sortir de l'œuf, que l'incubation ait été conduite par des couveuses naturelles ou artificielles, la mortalité sera extrêmement faible si les poussins sont issus de reproducteurs vigoureux, en bon état de santé, et si leur élevage est bien conduit. Mais il faut que les couvées n'aient pas à souffrir du froid, ni de l'excès de chaleur, et que leur nourriture soit bien comprise.

En observant les mesures prophylactiques concernant la propreté des locaux, des mangeoires, etc., on évitera les affections du tube digestif, notamment la coccidiose, qui occasionne parfois une mortalité considérable dans les élevages.

Élevage naturel.

— L'élevage naturel se pratique sous la conduite de la couveuse (poule, dinde) chargée de réchauffer les poussins chaque fois qu'ils en ressentent le besoin.

Cette méthode n'est pas exempte d'aléas, car il y a les risques d'insolation et les broncho-pneumonies que les poussins peuvent attraper en vagabondant dans la rosée, à la pluie et aux courants d'air, sans compter les méfaits des corvidés, des chats, des bêtes puantes, et ceux qui se trouvent estropiés dans les batailles entre couveuses, etc …

L'élevage en liberté a un autre inconvénient, c'est que les mères consomment une partie de la nourriture coûteuse destinée exclusivement aux jeunes poussins. En outre, comme ceux-ci ne peuvent pas se restaurer à leur guise, il s'ensuit un surcroît de dépenses et un retard dans l'accroissement.

C'est pourquoi, lorsque l'élevage est confié à une couveuse, il est absolument nécessaire de la séquestrer dans une cage volière, dont il existe de nombreux modèles, représentés par des boîtes barreaudées sur le devant, de manière que les poussins puissent se restaurer à l'extérieur, de préférence dans des parcs annexés, qui les protègent des prédateurs.

Ce dispositif permet aux poussins de manger suivant leur appétit la pâtée qui leur est destinée, tout en prenant un air salutaire dans leur petit parc, et ils peuvent venir se réchauffer sous les plumes de leur mère, toujours prête à les recevoir. Il suffit de changer la boîte de place tous les jours et d'aseptiser fréquemment les augettes pour que les affections contagieuses soient évitées.

Élevage artificiel.

— Dans les grandes exploitations avicoles, lorsqu’il s'agit d’élever par centaines et par milliers des poulets et des poulettes, l'élevage naturel est matériellement impossible. Il faut recourir à l’élevage artificiel, soit dans des batteries, soit dans des éleveuses chauffées à l’eau, au charbon, à la lampe ou électriquement.

Les éleveuses électriques et au charbon ont généralement la forme d'une cloche. Suivant leur taille, elles peuvent contenir cinquante à cinq cents poussins et sont pourvues de régulateurs permettant de maintenir la température intérieure au degré voulu, lequel varie avec l’age des pensionnaires.

En principe, la température sera maintenue aux alentours de 32° les premiers jours, puis on l’abaisse à 28°-25°, pour l'amener progressivement à 20° vers l'âge de trois semaines. Pendant la nuit, du fait du tassement des poussins sous l'éleveuse et de leur immobilité, la température a tendance à monter. On réduira le chauffage de 5° environ le soir, pour le remonter d’autant le matin.

Le chauffage peut également se faire par l'intermédiaire d'une chaudière, type chauffage central, par circulation d'eau chaude dans des réservoirs formant le plafond des éleveuses. Le réglage se fait par l'intermédiaire de robinets.

En munissant chaque réservoir d'un orifice de remplissage et d'un robinet de soutirage, on peut obtenir une température convenable en retirant une certaine quantité d'eau tiède, tous les matins, pour la remplacer par de l'eau chaude. Un thermomètre placé dans chaque éleveuse, à l'emplacement des poussins, permet de contrôler la température. La figure ci-contre montre une installation de salle d'élevage à plusieurs compartiments. Chaque parquet intérieur communique avec des parcs extérieurs par des portillons en ogive, pourvus d'une trappe. Cela permet de faire sortir les poussins au dehors les jours de beau temps.

La salle est éclairée par de larges baies vitrées, et les poussins vont se réchauffer sous leur éleveuse en passant entre des bandes de pilou formant tenture.

Alimentation des poussins.

— Bien que les poussins puissent être nourris à la pâtée humide, il est préférable, afin d'éviter les causes d'infection et d'infestation, de distribuer la pâtée sèche. Dans tous les cas, la ration doit être équilibrée pour les besoins du jeune âge, qui exige des quantités assez importantes de protéine et de principes phospho-calciques, nécessaires à l'élaboration de la viande et des os.

Au début de l'existence des poussins, pendant la première semaine, la matière azotée sera fournie par les poudres de lait et de babeurre, que l’on remplacera progressivement par des farines de viande et de poisson. Pendant toute la durée de l'élevage, on ne devra pas oublier les aliments vitaminés et les minéraux associés, afin de maintenir l'appétit et le tube digestif en bon état de fonctionnement.

On trouve dans le commerce des pâtées toutes préparées. Mais, pour avoir la certitude qu'il ne manquera rien, on a intérêt à les préparer soi-même, en adoptant une formule dans le genre de celle-ci :

Farine d’orge

5 kilos

ou

50 kilos

Petit son, remoulage

2 __

_

20 ____

Tourteau de soja

0kg,700

_

7 ____

Farine de manioc

0kg,700

_

7 ____

Poudre de lait écrémé

0kg,500

_

5 ____

Farine de viande

0kg,500

_

5 ____

Stimulants minéraux

0kg,500

_

5 ____

Huile de foie de morue

0kg,100

_

1 ____

Totaux

10 kilos

ou

100 kilos

Les stimulants minéraux se composent de : phosphate de chaux assimilable, 7 parties ; sel marin, 1 partie ; charbon de bois pilé, 1 partie ; soufre sublimé, 1 partie ; total : 10 parties.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°649 Mars 1951 Page 169