En agriculture, la sélection se pratique de plus en plus
dans les différentes branches. En ce qui concerne la pomme de terre, la demande
est de plus en plus exigeante quant à la qualité et au calibre, bon nombre de
collectivités, d'établissements hospitaliers employant de plus en plus les
machines à éplucher. A plus forte raison au jardin, où ce légume aura toujours
sa place, le producteur doit choisir des variétés convenables.
Autrefois — il s'agit pourtant d'un passé peu lointain — bon
nombre de variétés donnaient entière satisfaction ; actuellement, elles
n'ont plus qu'une faible valeur, et certaines d'entre elles sont de plus en
plus abandonnées, telles l’Institut de Beauvais, l’Early rose.
Comme, en outre, les maladies dites de dégénérescence ou, plus exactement, les
maladies à virus font leur œuvre, une sélection des plus rigoureuses s'impose
et il importe de choisir à bon escient les variétés à planter.
Les variétés de pommes de terre sont fort nombreuses :
plus de mille !
1° Tableau des variétés précoces et demi-précoces.
Dénomination |
Peau |
Chair |
Sensibilité aux maladies |
Exigences particulières |
Qualité |
Rendement |
Belle de Fontenay |
Jaune |
Jaune |
Mildiou, à virus, résiste à galle verruqueuse |
Très hâtive, à planter tôt |
Très bonne |
Moyen |
Express |
Jaune clair |
Blanc jaunâtre |
Assez résistante |
Rustique |
Bonne |
Bon |
Belle de juillet |
Jaune |
Jaunâtre |
Sauf galle verruqueuse |
Demi-hâtive |
= |
Faible |
Eersterlingen, ou Belle de Mai, ou duc d'York |
Jaunâtre |
Blanc jaunâtre |
Dégénère rapidement |
= |
Savoureuse |
Bon |
Étoile du Léon |
Jaune |
Blanche |
Assez sensible sauf à la galle |
Midi et afrique du Nord |
Moyenne |
= |
Royal Kidney |
Blanc jaunâtre |
= |
Rarement atteinte de mildiou. Sensible à la galle |
= |
= |
= |
Bintje |
Jaune |
Jaune |
Sensible à la galle |
= |
Bonne |
= |
2° Tableau des variétés tardives (production automnale).
Dénomination |
Peau |
Chair |
Sensibilité aux maladies |
Exigences particulières |
Qualité |
Rendement |
Saucisse |
Rauge |
Jaune |
A toutes |
Redoute la grande humidité |
Très appréciée |
Médiocre |
Institut de Beauvais |
Jaune |
Blanche |
= |
S'accomode de la chaleur |
Devient fourragère |
Bon autrefois |
Quenelle de Lyon, ou Princesse, ou Ratte |
Lisse |
Jaune |
= |
= |
Excellente |
Moyen |
abondance de Metz, ou Ackersegen |
Jaune |
= |
Résiste à toutes |
Redoute la sécheresse |
Moyenne |
Bon |
Voran |
= |
Jaune |
Résiste à la galle verruqueuse |
Résiste à la sécheresse |
= |
Très bon |
3° Variétés toutes nouvelles.
— B. F-15. — Nouvelle variété obtenue par l'Institut
de recherches agronomiques, encore non commercialisée. Peau et chair jaunes,
sensible au mildiou, rendement moyen, mais de bonne qualité.
Nos tableaux de variétés n'ont rien de limitatif. Nous avons
attiré l'attention sur les variétés les plus typiques.
Remarques pratiques importantes.
- 1° Plants sélectionnés. Bon nombre de pommes de terre
sont sensibles au mildiou, aux maladies à virus qui engendrent la « dégénérescence »,
c'est-à-dire un amoindrissement continu et progressif de rendement. C'est par
des méthodes de sélection rigoureuse qu'on arrive à obtenir des plants pratiquement
indemnes de virus et donnant de bons rendements qualificatifs et quantitatifs,
à condition de renouveler les plants assez fréquemment.
Selon la législation actuelle, seuls les tubercules issus de
cultures officiellement sélectionnées peuvent recevoir le qualificatif de
plants ; ils sont vendus en emballages plombés avec un certificat délivré
par la Commission officielle de contrôle indiquant le syndicat de sélection, le
numéro du producteur, l'année de la récolte, la variété et la classe. Par ordre
dégressif de valeur, on distingue trois classes : A, B et C. Ces plants
peuvent être également livrés prégermés en clayettes avec les mêmes garanties
d'origine et de classe.
- 2° Les variétés hâtives étant sensibles au mildiou, les
traitements cupriques classiques seront effectués. Les plantations tardives de
plants hâtifs produisent peu.
- 3° Si l'on ne possède plus que quelques tubercules d'une
variété que l'on désire conserver, on pratiquera le bouturage. Ces quelques
tubercules seront placés dans le terreau d'une couche chaude ; dès que les
germes auront environ 5 centimètres de longueur, on les détachera et les
repiquera en godets (simples petits pots de fleur) que l'on placera sur couche
pendant trois semaines à un mois. A ce moment, on mettra les plants en place en
pleine terre.
- 4° Si l'on ne possède plus que quelques gros tubercules d'une
variété à conserver, on recourra à la fragmentation. Une quinzaine de jours
avant la plantation, avant que la plaie ressuie et cicatrise, on coupera, à l’aide
d'un couteau bien tranchant et trempé dans une solution javellisée, le
tubercule longitudinalement en deux ou trois fragments, selon sa grosseur et la
disposition des yeux ; répartir ces derniers aussi également que possible.
Il pourra arriver que seule la partie supérieure sera utilisable, et on pourra
consommer la moitié inférieure, qui serait stérile et infertile. Pour assurer,
lors de la coupe, la bonne constitution d'un tissu cicatriciel épais et ne
pourrissant pas, on saupoudrera de cendres tamisées la plaie. Et, lorsqu'on
plantera des tubercules fragmentés, on le fera en terre fraîche et on
recouvrira aussitôt, faute de quoi une dessiccation rapide, profonde,
entraînerait une mauvaise levée.
Ainsi, une grande variété de plants de pomme de terre s'offrent
au jardinier. Même parmi les meilleures variétés, il est un choix à faire :
selon la nature du terrain, selon le milieu dans lequel on cultive, selon les
goûts personnels, selon le caractère hâtif ou tardif de l’espèce, il arrivera
que telle ou telle race donne plus de satisfaction que telle autre. Ce choix
appartient à l'amateur.
BOILEAU.
|