Une mise en garde.
— Les ravageurs des cultures potagères n'appartiennent pas
seulement au monde animal, mais les végétaux inférieurs, notamment les
champignons et les bactéries, jouent également un rôle destructeur sur les
tissus des plantes légumières, au point d'en réduire la production des quatre
cinquièmes, et même davantage, pendant les années favorables à la
multiplication de ces parasites.
L'étude des cryptogames et des infiniment petits qui
prolifèrent dans les jardins, plus particulièrement pendant les années chaudes
et pluvieuses, est aussi nécessaire que celle des insectes nuisibles. Mais la
lutte contre les champignons n'est vraiment efficace que lorsqu'elle est
organisée préventivement.
En effet, pour enrayer une affection cryptogamique, il ne
faut pas attendre que les moisissures aient envahi les plantes entières, car
les remèdes que l'on pourrait appliquer seraient inopérants, incapables de
revigorer les organes asphyxiés par le feutrage qui s'oppose à la respiration,
à l'exhalation et à la circulation de la sève dans les tissus végétaux.
Dans tous les cas, qu'il s'agisse de rouille, de chancre, de
blanc, de mildiou, etc., on devra surveiller attentivement l'apparition et
l'évolution de ces diverses maladies, afin d'intervenir à temps. On fera bien,
par temps orageux, d'appliquer, par mesure de prudence, un traitement
préventif. Malgré cette précaution, si on voyait néanmoins apparaître des
taches révélatrices, on effectuerait un deuxième et même un troisième
traitement pour atténuer ou enrayer les dégâts des parasites végétaux.
Anthracnose.
— L'anthracnose est une maladie cancéreuse occasionnée par
un champignon rongeur, appelé Colletotrichum lindemothianum, lequel fait
son apparition dans l'épiderme de nombreuses plantes, en pénétrant dans les
tissus pour les ronger. Sur la périphérie des creux se dessine une espèce
d'auréole en bourrelet d'une teinte brun rougeâtre.
L'anthracnose apparaît souvent sur les haricots, dont il
perce les feuilles et vient s'implanter dans les cosses, mais aussi sur les
melons (nuile), sur les concombres et les autres cucurbitacées, sur les
fraisiers, les tomates, les choux, les framboisiers, les pêchers et même la
vigne.
Plusieurs traitements ont été proposés pour combattre
l'anthracnose, mais celui qui donne les meilleurs résultats, c'est encore la
bouillie bordelaise faible, contenant 800 grammes de sulfate de cuivre et 500
grammes de chaux par hectolitre d'eau.
Effectuer la première pulvérisation avant la floraison et
une deuxième trois semaines plus tard, s'il s'agit de haricots. Les
cucurbitacées se traitent de même, ou encore en employant des polysulfures
alcalins à la dose de 5 grammes par litre d'eau.
On prévient dans une certaine mesure l'éclosion de ce
champignon en cultivant à bonne exposition les plantes sensibles à l’anthracnose
et en effectuant des semis clairs, de préférence en lignes plutôt qu'en
poquets.
Blanc.
— C'est sous ce qualificatif que l'on désigne la longue suite
des oïdiums, ces champignons de couleur blanche si abondants dans la nature et
qui s'attaquent à tant de cultures légumières et fruitières (fraisiers, melons,
pois, courges, concombres, laitues, chicorées, artichauts, ainsi que la plupart
des arbres et des arbustes fruitiers et d'ornement).
La maladie se manifeste par des inflorescences blanchâtres,
formant une sorte de feutrage mycélien, résultant du développement des conidies.
Favorisé par une température chaude et humide, le blanc cause de graves
préjudices dans les potagers, les vergers, les vignobles, etc.
Tous les blancs, à quelque espèce qu'ils appartiennent, ne
connaissent qu'un seul remède vraiment efficace, c'est le soufre et ses
dérivés, le bisulfite de soude, le pentasulfure de potassium, etc. Ce sont les
vapeurs sulfureuses qui se dégagent à la suite des poudrages ou des
pulvérisations qui contrarient ou entravent la multiplication des oïdiums. Mais
il est absolument nécessaire que l'opération soit faite tout au début de la
maladie, lorsque se manifestent les premiers symptômes et même, en période
orageuse, à titre préventif, sans attendre l'apparition des premiers
champignons blancs.
La fleur de soufre, ou soufre sublimé, s'applique au
soufflet ou à la poudreuse, de préférence le matin à la rosée. Si l’intervention
n'a pas été trop tardive, on a les plus grandes chances de sauver les plantes
d'une destruction complète, tout en ménageant l'avenir s'il s'agit de plantes
vivaces.
A la place du soufre natif, on peut recourir à l’emploi du
sulfite de chaux, obtenu en faisant bouillir du soufre en poudre avec de la
chaux vive. Mais le traitement au pentasulfure de potassium, à la dose de 3 à 5
grammes par litre d'eau, suivant le degré de tendreté des cultures, est à peu
près le seul ayant une action curative vraiment marquée sur les blancs en voie
d'évolution dans le parenchyme des végétaux.
Brunissure.
— La brunissure est une affection bactérienne qui sévit sur
la pomme de terre. Les feuilles atteintes jaunissent, se dessèchent, puis c'est
le tour des tiges et, finalement, les tubercules se décolorent par endroits et
ils sont d'une très mauvaise conservation.
Lorsque la brunissure fait son apparition dans une
plantation, on devra changer les semenceaux en les prenant dans une région non
contaminée et en donnant la préférence aux nouvelles variétés de pommes de terre.
Dans le cas où on voudrait conserver un plant méritant, on devrait l'aseptiser
en le plongeant dans une solution formolée légère, contenant 1 gramme par litre
d'aldéhyde formique. Le formol du commerce contenant 40 p. 100 environ de
formol pur, 2 à 3 grammes par litre suffiraient pour tuer les bactéries.
Chlorose.
— C'est une sorte d'anémie caractérisée par la décoloration
du feuillage, par la disparition de la chlorophylle, imputable à des vices de
nutrition occasionnés soit par des attaques d'insectes ou de champignons, soit
par d'autres causes telles qu'excès de calcaire dans le sol, humidité
stagnante, etc.
Le traitement à appliquer dépend des agents qui ont provoqué
la chlorose. Si celle-ci est calcicole, on s'efforcera de neutraliser le plus
possible la couche arable par des apports à haute dose de fumiers bien
décomposés; de terreaux, de terre de bruyère et autres détritus ayant une
teneur élevée en acide humique, ainsi que des engrais chimiques pour sols
alcalins de pH 7 ou plus, savoir : sulfate d'ammoniaque, superphosphate,
sylvinite, chlorure de potassium, ammonitrates, etc.
Sur les planches de fraisiers, de haricots, particulièrement
sensibles à la chlorose, on pourra pulvériser, au début de leur végétation, une
solution contenant 500 grammes de sulfate de fer par hectolitre d'eau, ou
épandre en couverture 2 à 5 kilogrammes de sulfate de fer en neige, que l'on
enfouit par un crochetage.
Adonis LEGUME.
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