Sous le nom d'amendement on désigne des substances à
réaction alcaline contenant de la chaux ou du carbonate de chaux sous
différentes formes et qui ont comme effet de modifier les réactions des sols
dans le sens de la neutralisation. Or, pour qu'un sol soit toujours en bon état
de fertilité, sa réaction doit être maintenue au voisinage de la neutralité.
Dans les sols acides, les propriétés physiques sont
défavorables ; l'argile se disperse facilement, et la terre perd sa
perméabilité à l'air et à l'eau. Les phénomènes microbiens sont également
entravés par l'acidité. Lorsque le degré d'acidité est considérable, la nitrification
et l'humifaction sont sensiblement ralenties. Il y a lieu, cependant, de
remarquer que toutes les plantes ne réagissent pas de la même manière à
l'acidité du sol. Si la majorité de nos légumes atteignent leur maximum de
croissance en milieu neutre, il en est, comme la pomme de terre, la betterave,
le pois, qui s'accommodent de sols légèrement acides. Un certain nombre de
plantes ornementales se développent également bien dans les terres acides. Les
œillets, les fougères, les cyclamens, etc., sont dans ce cas.
Il résulte de ce fait que, par suite de l'inégalité des
besoins des diverses plantes, la neutralisation des sols ne doit pas être
opérée sans tenir compte des exigences présentées par les espèces de plantes
qu'ils sont destinés à porter.
Mais, si une légère acidité favorise parfois le
développement de certains végétaux, il ne faut pas, cependant, oublier que
l'excès de ce principe est presque toujours l'indice d'un appauvrissement du
sol, qui se traduit par une diminution de sa production. Aussi est-il
nécessaire, en pareille circonstance, d'opérer la neutralisation du milieu par
l'apport d'un amendement calcaire.
Suivant les cas, on peut avoir recours à deux modes de
chaulage : le chaulage d'entretien et le chaulage de fond.
Le chaulage d'entretien a pour but d'éviter
l'acidification et de maintenir la neutralité. L'acidité entravant l'action
microbienne, et notamment la nitrification, il est de toute première importance
d'effectuer des apports de calcaire en quantité suffisante afin de maintenir le
sol en état voisin de la neutralité. Une dose de 8 à 10 kilogrammes de calcaire
à l'are, incorporée au sol dans le cours de l'hiver, permet d'atteindre au
résultat recherché.
Quant au chaulage de fond, il vise à neutraliser les
terres acides. La quantité de chaux à apporter en la circonstance sera d'autant
plus considérable que l'acidité du sol sera plus grande.
D'autre part, il y aura également lieu de tenir compte de la
nature des terrains, car, suivant leur composition et bien qu'ayant un degré
d'acidité identique, les doses d'amendement à utiliser seront appelées à
varier.
C'est ainsi que les terres légères exigent des quantités de
chaux peu élevées ; les terres fortes ou humifères, au contraire, ne sont
neutralisées que par des apports de chaux considérables.
Dans les jardins, le sol est, en général, riche en humus. La
quantité de chaux à employer pour la neutralisation d'un tel sol, sur une
épaisseur de 20 à 25 centimètres, est en moyenne de 20 à 30 kilogrammes à
l'are.
En terre franche, cette dose n'est plus que de 20 à 30
kilogrammes, et, en terre sableuse, de 15 à 20 kilogrammes.
Ces quantités devront être augmentées d'un tiers lorsqu'on
utilisera de la chaux éteinte et doublées lorsque l'amendement sera de la craie
broyée ou tout autre élément calcaire.
Il est, d'autre part, à noter que les amendements
n'enrichissent pas le sol en principes fertilisants ; ils permettent
simplement une meilleure utilisation de ses réserves.
L'action bienfaisante des amendements est d'une durée
limitée, aussi est-il nécessaire d'apporter, en même temps, des substances
nutritives, sous forme d'engrais, afin d'éviter l'épuisement du sol.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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