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La production laitière

L'influence de la traite

Traire, c'est extraire le lait de la mamelle d'une femelle laitière. Opération simple, machinale, mais qui a une influence directe sur le rendement de la laitière, car l'action des doigts sur les trayons et la mamelle est stimulante. Les organes, ainsi soumis à une véritable gymnastique fonctionnelle, réagissent par un débit variable de lait ; la qualité et la quantité sont fonction du nombre des traites, de leur espacement, du mode et du moment choisi pour effectuer la traite.

Il est universellement connu que, pendant la traite, les premiers jets de lait tirés sont plus pauvres en matières grasses que les derniers. Il n'est pas possible, cependant, de tenir compte de la façon dont on procède à la traite, mais la variation de production peut être expliquée par ce fait.

Il est facile de se rendre compte qu'une vache bonne beurrière ne donnera qu'un lait pauvre au début de la traite pour fournir à la fin un lait très riche.

Les écarts seront grands, et nous en avons fait nous-même l'expérience pour notre gouverne et pour éclairer certains éleveurs.

Il n'est pas rare, en effet, de constater un début de traite avec 14p. 1.000 de matières grasses et 60 p. 1.000 à la fin. Cela explique facilement que le pourcentage de matière grasse peut varier d'une façon appréciable dans le lait d'une même vache; suivant que l'on aura trait complètement ou non, on aura comme résultat un lait normal ou pauvre en matière grasse. Par contre, si on a recours à la méthode qui consiste à mettre le veau avant de traire pour « faire venir le lait », et si celui-ci tète un peu trop longtemps, on aura alors un lait très riche en matière grasse.

En effet, le veau aura, lors de l'amorçage, prélevé le lait le plus pauvre, et il restera au trayeur celui qui contient le plus de matière grasse.

C'est une erreur de croire que, si les premiers jets sont pauvres en matière grasse et les derniers riches, le lait tiré entre ces deux jets est constant en teneur butyrique.

La matière grasse augmente progressivement. Pour le démontrer, certains auteurs ont porté leur expérience sur un quartier de la façon suivante :

Portions successives de 150 cm3. Taux de matière grasse du lait.
1re portion 1,7 p. 100
2e portion 1,9 p. 100
3e portion 2,1 p. 100
4e portion 2,5 p. 100
5e portion 3,3 p. 100
6e portion 4,6 p. 100

Comme on le voit, la composition du lait en matière grasse n'est pas uniforme, mais progressive.

On remarquera que les laits seront très différents en teneur de matière grasse, et cela même pour une même vache.

II peut en résulter de grands inconvénients qui mettraient le propriétaire de l'animal dans des situations ambiguës. Mais le fait de mal traire un animal peut aussi avoir des suites graves pour cet animal.

Qui n'a entendu parler de la mulsion latérale ou croisée ?

Cette dernière est généralement employée sans pour cela qu'on se soit rendu compte qu'elle est supérieure à la première.

D'où vient la supériorité de la traite en diagonale ? Lepoutre a constaté la différence qui existe entre celle-ci et la traite latérale.

D'après lui, cette supériorité, vient de l'excitation nerveuse produite par la mulsion, qui se fait sentir sur toute la mamelle alors que, dans la traite latérale, cette même excitation reste limitée à la moitié du pis sur lequel opère le trayeur.

II s'agirait donc, dans le cas de traite croisée, d'une excitation totale générale de la mamelle, alors que, dans l'autre cas, l'excitation est localisée aux deux pis en action. Chez les bonnes laitières, le mauvais égouttage de la mamelle, lorsqu'on ne trait pas à fond, peut provoquer son inflammation, et amener des mammites graves qui entraînent parfois la perte d'un ou plusieurs quartiers.

Lorsqu'on constate une diminution rapide de la production laitière et du taux butyreux, sans cause apparente due à une maladie où à l'alimentation, on peut, sans grand risque d'erreur, les attribuer à une défectuosité de la traite.

CIER.

Le Chasseur Français N°650 Avril 1951 Page 233