Accueil  > Années 1951  > N°650 Avril 1951  > Page 234 Tous droits réservés

Le sevrage des lapereaux

Lorsque les lapins sont âgés d'un mois et demi à deux mois, il devient nécessaire de les séparer de leur mère. C'est, pour des sujets encore jeunes, un changement de vie important, et qui demande, de la part de l'éleveur, beaucoup de précautions et d'attention.

On réunira donc les lapins par petits groupes — en séparant les sexes et en évitant de mélanger des sujets d'âges trop différents. Une cage d'adulte peut contenir trois lapins au sevrage, mais nous vous conseillons vivement, surtout si vos portées sont nombreuses, de les réunir par bandes de dix à vingt têtes, dans de petits parcs suffisamment spacieux (ou de grandes cases). Toutefois, il n'est pas indiqué de grouper les sujets en bandes trop nombreuses, car ce qui pourrait être gagné en main-d'œuvre serait perdu par une vitalité et une croissance moins grandes, sans compter les risques d'épidémie qui sont alors beaucoup plus à craindre.

La question de l'alimentation est capitale : du jour au lendemain, les animaux sevrés sont privés de lait, même quand ils ne tètent presque plus leur mère ; c'est une vie nouvelle, totalement différente de celle qu'ils ont vécue jusqu'ici, qui les attend. Ce changement, si on n'y prenait garde, pourrait avoir de fâcheuses répercussions physiques. Une nourriture agréable, qui se substituera progressivement et non brutalement à l'alimentation du premier âge, facilitera cette adaptation qui s'impose. Des aliments de choix aiguiseront l'appétit des jeunes lapins, qui, peu à peu, s'habitueront à des aliments plus économiques. Donnez-leur à boire, et notez qu'il est très recommandé d'humecter les pâtées avec du lait, si vous en avez à votre disposition. Certes, selon les races élevées, la rusticité des jeunes est plus ou moins grande, mais dites-vous bien que tout lapin ne vous donnera par la suite entière satisfaction que dans la mesure où il ne souffrira pas des exigences du sevrage.

Nous vous recommandons aussi d'ajouter un fortifiant vitaminé aux pâtées. A condition, bien entendu, que ce fortifiant n’ait pas une odeur telle (cela se produit parfois) qu'il empêche les lapins de manger la nourriture à laquelle il est mélangé.

Il est indispensable de ne jamais distribuer un repas sans enlever les restes de la distribution précédente ; il faut changer quotidiennement l'eau des abreuvoirs, car les lapereaux ont souvent la détestable habitude d'y uriner. Attention à l'herbe fermentée, qui provoque une diarrhée dangereuse chez les jeunes. Un éleveur réputé recommandait avec juste raison, pour habituer les lapins aux fourrages secs, de mélanger foin et verdure dans les râteliers. Enfin, les repas seront réguliers, en vue d'habituer le système digestif des lapereaux à une discipline fort profitable pour leur santé, donc pour leur croissance et leur rendement.

Une hygiène très sévère sera à respecter très rigoureusement : changement des litières, cases comportant un écoulement des urines, désinfections fréquentes, et même, en cas d'épidémie, vaccinations préventives.

A l'époque du sevrage, remarquez, parmi les plus précoces et les plus robustes les sujets qui supportent le mieux ce changement de vie qu'est le sevrage ; ce sont eux que vous garderez éventuellement comme reproducteurs, de préférence aux autres, afin qu'ils transmettent à leur descendance ces qualités de vigueur et de résistance.

Voici quelques conseils qui vous permettront, nous l'espérons, de ne plus craindre le sevrage des lapereaux, au point de le retarder sans raison, comme le font certains éleveurs mal avertis. Et soyez persuadés qu'il est possible de pratiquer le sevrage dès le quarante-cinquième jour, sans que cela soit aussitôt la cause d'une mortalité inévitable.

DE JEANNEY-CHALENS.

Le Chasseur Français N°650 Avril 1951 Page 234