A dater du 1er janvier 1951, la « Commission
nationale de la Ferrure » de la Confédération décide que les prix maxima
suivants seront appliqués :
Ferrure des quatre pieds.
— Petits chevaux : région parisienne, Nord, Caen :
1.100 francs ; autres localités : 1.000 francs.
— Gros chevaux : région parisienne, Nord, Caen :
1.200 francs ; autres localités : 1.100 francs.
— Relevés : 70 p. 100 du prix de la ferrure.
— Bovidés : mêmes prix que ceux du 7 février
1949 ; 840, 960, 1.064 francs. Mise au travail : 80 francs.
Les tarifs ci-dessus indiqués accusent une augmentation
progressive, dont les usagers sont en droit de ne pas se montrer satisfaits,
encore que, dans l'état actuel des choses et des événements, ils sont très
probablement menacés de ne pas voir ces prix rester stationnaires pendant
longtemps. Cette prévention s'explique à la constatation des dates et chiffres,
que nous relevons au hasard de nos notes : « En décembre 1936, le Syndicat
des maréchaux de l'arrondissement d'Orléans, s'étant réuni, a décidé, à son
grand regret (sic), après avoir étudié attentivement toutes les
questions sociales et prix actuels, et après bonnes réflexions (resic)
de fixer le prix de la ferrure à : roulage, 32 francs ; jardiniers,
culture, 30 francs ; double poneys, 28 francs ; poneys, 26 francs ;
ânes, 22 francs ; relevés, 22 francs.
Le tarif sera en vigueur à la date du 1er janvier 1937.
En 1943, un arrêté préfectoral du préfet de la Seine décrète
que, dans Paris et le département, les maréchaux ferrants sont autorisés à
appliquer pour la ferrure des chevaux les prix maxima ci-après pour les quatre
pieds : ferrures d'un poids inférieur à 3 kilos : 100 francs ;
ferrures d'un poids de 3 à 5 kilos : 110 francs ; ferrures d'un poids
supérieur à 5 kilos : 120 francs.
De quelque manière que ces tarifs soient fixés,
l'application de la ferrure provoque des frais de plus en plus élevés, et, si
elle est indispensable à la bonne utilisation des chevaux, pour lesquels on a
dit pourtant, depuis longtemps, qu'elle était un mal nécessaire, elle
est devenue actuellement une nécessité dispendieuse pour les propriétaires.
Raison de plus pour que ceux-ci s'y intéressent davantage, et, au lieu de s'en
remettre aveuglément à des maréchaux, dont les qualités professionnelles ne
sont parfois plus ce qu'elles étaient autrefois, alors qu'ils « forgeaient »
eux-mêmes les fers qu'ils utilisaient, apprennent à connaître les qualités d'un
beau pied et d'une bonne ferrure, pour juger et apprécier les résultats de leur
intervention.
L'usage généralisé des fers fabriqués à la mécanique et
livrés par le commerce, en pointures différentes, a certainement facilité le
travail à la forge, mais l'intérêt des propriétaires de chevaux n'y a pas
toujours gagné, car ces fers s'usent généralement plus vite que ceux qui sont
forgés à la main, et le mauvais ouvrier est trop souvent tenté de préparer un
sabot pour y adapter son fer, alors que c'est le contraire qui s'impose. Et,
s'il est une vérité première, c'est que : « Les bons maréchaux font les
bons pieds et, sans de bons pieds, il n'y a pas de bons chevaux. Qu'on se le
dise et qu'on y pense ! »
A quoi reconnaît-on un beau pied ? Le pied est beau —
on pourrait aussi bien dire le sabot — quand il est d'un développement
proportionné à la taille de l'animal, presque aussi, large que haut et bien
d'aplomb, complètement en contact avec le sol.
Vu de face, est moins large en haut qu'en bas et d'une égale
hauteur sur ses côtés.
Vu de profil, la ligne de pince est dans le prolongement du
paturon et droite du bourrelet au sol ; les talons sont parallèles à la
ligne de pince ; le bourrelet est oblique et sans brisure de la pince aux
talons ; la corne est lisse et luisante.
Vu par derrière, les talons sont largement écartés et
également élevés. Vu au lever, le beau pied a la sole moyennement creuse et
épaisse ; la fourchette d'un seul bloc, forte, saine et assez dure, les
lacunes sèches et bien ouvertes, les barres inclinées et incurvées.
Pour s'assurer qu'un pied est bien ferré, il est nécessaire
de l'examiner quand il pose à terre, puis en le faisant lever.
Au poser, vu de face, le pied doit être dans le prolongement
du paturon, le pinçon au milieu du fer pour le pied de devant, un peu en dedans
pour celui de derrière ; quand il y a deux pinçons latéraux, ils doivent
être symétriquement placés par rapport à la pince, dont l'extrémité est
équarrie et légèrement refoulée. Les rivets sont à une hauteur suffisante, sur
une même ligne et non pas brochés en musique, ce qui est le fait
d'ouvriers peu habiles ; les rivets en pince doivent être à égale distance
du sommet du pinçon.
De profil, la ligne de pince est droite du bourrelet au fer ;
la pince du fer de devant est légèrement relevée.
Quand le pied est levé, le fer doit apparaître placé droit,
c'est-à-dire que les éponges sont à égale distance de la fourchette et ses
branches d'égale longueur pour s'arrêter au niveau des talons. Les têtes de
clous doivent être bien encastrées dans les étampures ; la partie de la sole
non couverte par le fer doit garder toute son épaisseur, mais les barres et la
fourchette peuvent être légèrement toilettées, quand elles sont le siège
d'inflammation ou de suppuration (fourchette pourrie).
En résumé, la bonne ferrure est celle qui est appropriée au
sabot, qui le protège sans lui nuire, qui en assure l'intégrité et la
bonne conservation, qui en favorise les mouvements d'expansion et lui permet un
appui normal, la fourchette étant en contact avec le sol pour y trouver une
adhérence suffisante contre les glissades et une juste répartition des
pressions sur toutes ses parties, tant au repos que pendant les allures.
J.-H. BERNARD.
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