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Incubation des œufs

Évolution des embryons.

— Tous les œufs, qu'ils soient de poule, de cane, de dinde, d'oie, etc., proviennent de vitellus qui se sont détachés à maturité de la grappe ovarienne pour tomber dans le pavillon, parcourir ensuite l'oviducte et aboutir au cloaque, après s'être enrobés d'albumine et de test calcaire.

A la surface du vitellus se trouve le blastoderme, qui, s'il a été fécondé par le fluide séminal, voit gonfler sa cicatricule au diamètre de 8 à 10 millimètres, après un chauffage de 24 heures à la température de 39°, puis un point translucide apparaît au centre du blastoderme. Le chauffage continuant, la tache s'agrandit et, à la fin du 2e jour, on aperçoit comme un rudiment de cœur et de tube digestif en formation. Le lendemain, des veines sanguines apparaissent, le cœur bat par à-coups. Le 5e jour, on distingue une sorte de tête avec des yeux, ainsi que des membres divergents qui communiquent à l'embryon l'aspect d'une araignée flottante dans le vitellus décoloré.

C'est le moment de procéder au mirage, dans le but de pouvoir éliminer les clairs, les doubles germes et les faux germes, incapables de donner naissance à des sujets vivants, et qui risqueraient de se putréfier pendant l'incubation.

Les embryons normaux se développent de plus en plus. A 11 jours, l'œil des poussins s'ouvre et se ferme, et ils s'agitent dans leur coquille, qui ne contient presque plus de blanc. C'est au début du vingtième jour que les fœtus, arrivés au terme de leur accroissement, se mettent à bêcher leur coquille et à se libérer en jouant du bec et des pattes.

L'éclosion a lieu du 20e au 21e jour, lorsque les conditions thermométriques et hygrométriques ont été observées pendant toute la durée de l'incubation. Les retardataires sont toujours de santé débile, et ils ont peu de chance de survie.

Incubation naturelle.

— Dans la plupart des petits élevages, l'incubation se fait encore par la méthode naturelle, en employant des poules ou des dindes comme couveuses.

Les œufs doivent provenir de volailles en parfait état de santé, bien soignées et bien nourries, si on veut qu'ils soient bien embryonnés. On les ramassera plusieurs fois par jour, afin d'éviter les surchauffes successives pouvant tuer les germes et, si on ne veut pas les faire couver tout de suite, on les placera en repos sur un lit de grain sain ; mais on fera bien de ne pas attendre plus d'une douzaine de jours avant de les mettre à couver, et on les retournera de temps à autre.

Avant de les confier à la poule, on s'assurera que celle-ci tient le nid pour de bon, puis on la placera sur ses œufs, au nombre de 10 à 16, suivant la taille de la couveuse. Dans tous les cas, le nid sera placé sur la terre même, sous un couvert, et l'on aura soin de saupoudrer sur la paille froissée un peu de fleur de soufre et une pincée de poudre de pyrèthre qui chasseront les parasites. Le local devra être tranquille et très peu éclairé.

On recommande de lever ponctuellement la couveuse tous les jours, à la même heure, afin qu'elle se restaure et que les œufs se refroidissent. Si cette mesure doit être observée avec les dindes, on peut s'en dispenser avec les poules, à condition de mettre à leur disposition l'eau et la nourriture, ainsi qu'un petit tas de sable pour les poudrages.

A la fin du 21e jour, pendant qu'un aide soulève doucement la couveuse par les ailes, on enlève les coquilles vides, puis on replace la poule, qui achève l'éclosion des œufs bêchés. Les poussins non libérés à la fin du 22e jour ont peu de chance de survie, en raison de leur débilité. Il est inutile de poursuivre plus longtemps l'incubation.

Incubation artificielle.

— L'usage des couveuses artificielles dans les grands et les moyens élevages se répand de plus en plus. Nombreux sont les appareils actuellement existants, d'un fonctionnement irréprochable, assurant la réussite des couvées lorsqu'ils sont bien conduits et que l'on observe la température de 38° 5 au début de l'incubation, pour la relever progressivement à 39°, puis à 39° 5 et jusqu'à 40° au moment de l'éclosion. Quant à l'hygrométrie, elle sera maintenue aux alentours de 70°, en la faisant monter à 80-85° vers la fin, voire à 90° s'il s'agit de canetons.

Il va sans dire que, avant de charger les tiroirs, on aura fait un choix des œufs, en éliminant ceux qui sont de forme irrégulière et à coquille rugueuse, puis on les serre le plus possible. Après le mirage et élimination des clairs, ils auront plus de place et on ne sera pas gêné pour les retournements bi-quotidiens qui auront lieu, par exemple, à sept heures du matin et à sept heures du soir. Certaines couveuses sont pourvues d'appareils de culbutage permettant le retournement automatique des œufs.

Dans tous les cas, le chargement des tiroirs ne se fera que lorsque la couveuse sera réglée ; pour maintenir la température au degré voulu, on agira légèrement sur le contrepoids du régulateur, sans déranger le système de chauffage, qu'il soit à la lampe ou électrique.

Il existe des couveuses de toute capacité, d'une contenance de 25 jusqu'à 10.000 œufs et plus.

Mondiage d'ARCHES.

Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 298