A la suite de l'article paru dans Le Chasseur Français
de février dernier et consacré aux grosses volailles des races Brahma-Poutra et
Cochinchinoise, j'ai reçu de très nombreuses demandes de renseignements émanant
de lecteurs désireux de se procurer des volailles de ces races. Malheureusement
celles-ci sont, à l'heure actuelle, élevées en si petit nombre en France que je
suis persuadé que beaucoup d'éleveurs n'ont pu y parvenir.
Mais l'intérêt porté aux volailles de très grande taille m'a
déterminé à consacrer cet article à deux races, aussi lourdes que la Brahma et
la Cochin, mais différentes par leur port Alors que les premières sont basses,
trapues, ramassées, la Langshan et la Barbezieux sont élancées. Certains coqs
Barbezieux atteignent 70-72 centimètres de haut.
Malheureusement, la Barbezieux est aussi rare que la
Cochinchinoise. Par contre, les amateurs de fortes volailles peuvent trouver
assez facilement à acquérir des Langshan, dont il y a de très belles souches
dans notre pays.
La Langshan.
— Appelée également Croad-Langshan, du nom de son
importateur en Europe, le commandant britannique Croad, elle est originaire de
Chine. Elle se répandit rapidement en Angleterre d'abord, puis en France, où, à
l'heure actuelle, elle est représentée dans les grandes expositions
d'aviculture par des sujets impeccables.
Le type réel de la Langshan est noir à reflets vert
métallique, mais il en existe une variété blanche dont les très bons sujets
sont rares. C'est une grande volaille assez active, à crête simple. La poitrine
est large et profonde, l'abdomen ferme au toucher ; les cuisses sont
recouvertes abondamment de plumes plutôt molles; les tarses bleus sont
moyennement emplumés, sur la partie extérieure seulement.
Les poids minimum sont de 4-4,5 kilogrammes chez le coq, et
3 kilogrammes au moins chez la poule.
La poule de Langshan est la meilleure pondeuse des races géantes ;
sa production annuelle atteint fréquemment 150-160 œufs de 60-63 grammes, bien
teintés. C'est une volaille très douce, très calme, qui couve bien et élève
également sans difficulté ses poussins.
La chair est de bonne qualité : fine, blanche et
abondante, et le squelette, proportionnellement à la taille, est assez fin. La
rusticité est identique à celle des poules de ferme ; par contre, le
développement de l'animal est assez lent, comme chez toutes les races géantes.
Pour ce motif, il est conseillé de faire naître les poussins
de bonne heure, afin que leur développement soit terminé ayant l'hiver. Ils
s'emplument et s'élèvent lentement et manquent un peu de vivacité ; aussi
est-il recommandé de soigner leur alimentation. La proportion de protéines
animales (farines de viande ou de poisson) peut être portée à 15p. 100, et le
phosphate sous forme de phosphate tricalcique, ou, mieux, de poudre d'os frais
râpés, est indispensable. Ajoutez également 3 p. 100 d'huile de foie de morue
aux pâtées des jeunes et donnez beaucoup de verdures fraîches et tendres,
hachées.
Adultes, les Langshan se laissent gaver avec facilité ou
supportent bien l'engraissement en épinettes.
En résumé, cette race convient bien pour l'amateur qui
désire un troupeau homogène de belles volailles de luxe tout en désirant en
obtenir suffisamment de produits pour que leur entretien ne constitue pas une
charge.
La Barbezieux.
— Contrairement aux trois races extra lourdes que nous avons
étudiées dans ces colonnes, la Barbezieux est une vieille race authentiquement
française. Elle est originaire du Sud-Ouest de la France et a approvisionné longtemps
les marchés de sa région en poulets volumineux ; malheureusement, il est
presque impossible de se procurer, à l'heure actuelle, des sujets purs de cette
race. Quelques amateurs essaient de la reconstituer, mais ils en gardent
jalousement les produits.
La taille de la vraie Barbezieux est colossale ;
certains coqs dépassent 72 centimètres de haut dans l'attitude dressée. Les
poids sont de 4 kg,300 à5 kilogrammes chez le coq et atteignent facilement 4
kilogrammes chez la poule.
La couleur est le noir intégral ; l'allure est calme et
imposante. La ponte est bonne et atteint 163 œufs de 73 à 83 grammes. La chair
est de qualité exquise, et il est facile, surtout depuis l'invention du
chaponnage chimique, de faire facilement des chapons sensationnels avec les
coquelets Barbezieux de six mois.
En raison de sa très haute taille, supérieure à celle de
toutes les autres races, la Barbezieux a de grosses exigences en phosphate, et
sa nourriture doit en être abondamment pourvue, sous peine d’obtenir des
poulets aux genoux cagneux ou possédant des aplombs défectueux, fléchissant
sous le poids de la bête. Les jeunes sujets sont également sensibles à
l'humidité et croissent lentement. Il y a lieu de leur appliquer un régime alimentaire
identique à celui précédemment exposé pour la Langshan.
Le logement des Barbezieux, comme celui de toutes les races
très lourdes, doit comporter des perchoirs placés au plus à 55-60 centimètres
du sol, car les grosses volailles s'enlèvent mal et risquent des accidents en
sautant de trop haut sur le sol.
Les deux races dont nous venons de parler aujourd'hui sont
de magnifiques variétés susceptibles, avec quelques soins, de donner de grandes
satisfactions aux amateurs ; mais soyez exigeants sur le choix des
reproducteurs, n'achetez que des bêtes impeccables.
R. GARETTA.
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