Ainsi que je l'ai dit dans mes derniers articles, la
réglementation du camping est loin d'être uniforme dans toute la France.
Des commissions départementales de camping ont été créées
dans la plupart des départements et de multiples arrêtés ont vu le jour.
Ils sont, ainsi que je l'ai signalé, parfois fort
dissemblables. Mais il est heureusement une question qui se trouve réglée
sensiblement de la même manière. C'est celle du règlement des terrains
permanents.
Si donc un propriétaire désire ouvrir un camp fixe, il doit
tout d'abord se renseigner à la Préfecture pour savoir si un arrêté spécial a
été pris par le département où il réside.
Dans le cas affirmatif, il trouvera ou devrait trouver dans
cet arrêté toute la réglementation applicable à l'ouverture de camps
permanents.
Dans le cas de carence de l'arrêté préfectoral à ce sujet,
ou s'il n'y a pas encore de décret dans un département, voici les directives
générales qui figuraient dans l'arrêté-type du 25 avril 1939 et qui, pour la
plupart, ont été reprises dans les arrêtés préfectoraux pris depuis l'an passé.
* * *
Il y a lieu tout d'abord de remarquer que cet arrêté-type
prévoyait deux catégories de réglementation : la réglementation A, qui
s'appliquait aux camps permanents, comprenant plus de 80 personnes, situés dans
les régions où existe une organisation sanitaire complète (stations
hydrominérales, climatiques, balnéaires et de tourisme).
Ces camps peuvent appartenir soit à l'État ou aux
municipalités, soit à la Fédération française de camping ou aux associations de
camping ou aux particuliers.
La réglementation B s'appliquait :
a. Aux camps permanents situés dans une région
identique à celle indiquée ci-dessous (station climatique, etc.), mais ne comprenant
que 20 à 80 occupants ;
b. Aux camps permanents comprenant plus de 80
occupants, mais situés dans une région où existe un règlement d'hygiène
analogue à celui appliqué dans les communes rurales.
Ces camps peuvent appartenir à des municipalités, des
associations ou des particuliers.
Ces deux réglementations sont assez semblables ;
toutefois, la réglementation B est moins sévère, notamment en ce qui concerne
les installations sanitaires.
Examinons les divers paragraphes de ces réglementations :
Autorisation.
— Dans les deux cas, l'autorisation d'aménager un terrain de
camping devra être demandée au maire de la commune.
Dans la réglementation A, l'autorisation d'ouverture devra
être demandée après vérification par les services publics de la réalisation des
questions sanitaires décrites ci-après.
Conditions à remplir :
TERRAIN, SOL, ACCESSIBILITÉ.
— Dans les deux cas, le terrain devra être sain et salubre
et l'évacuation de l'humidité naturelle ou des eaux de pluie assurée par des
dispositifs ou aménagements appropriés. Les terrains devront être reliés à la
voie publique dans des conditions assurant par tous les temps un accès normal
aux usagers.
La surface d'occupation à prévoir est de 20 mètres carrés
pour une installation de campeur pédestre ou cycliste, 50 mètres carrés pour un
motocycliste ou canoéiste, et 100 mètres carrés pour une installation de
campeur auto (voiture, tente ou caravane).
Camp A. — Bien que l'arrêté type se contente de dire
que les camps de cette catégorie pourront être clos, je conseille formellement
à toute personne désireuse d'avoir un camp A de ne le faire qu'en clos (murs,
haies ou clôtures de fils de fer). Ceci pour une surveillance plus facile du
camp. Le campeur qui paye pour s'installer dans un camp a le droit d'être
assuré que son matériel (qui vaut très cher) sera surveillé et qu'il pourra
quitter le camp sans crainte d'être dépouillé ...
Cependant, rappelons que la clôture devra être ou discrète,
ou camouflée par des arbustes, les campeurs redoutant tout ce qui pourrait leur
paraître un camp de concentration. Il y a très bien moyen de concilier la
clôture, l'esthétique et l'esprit de liberté cher à tout campeur.
Lorsque le camp sera ouvert aux automobiles, l'entrée devra
avoir 2m,50 au moins de largeur. Elle sera placée en retrait pour permettre
l'accès facile aux voitures traînant une caravane, si la route d'arrivée n'est
pas suffisamment large.
L'entrée sera continuée par une voie suffisamment large pour
le passage de deux voitures, ou constituer un sens unique. (Par expérience,
nous recommandons cette dernière solution, très pratique.)
Le terrain ne devra pas présenter de caniveaux empêchant
l'accès et l'évolution des roulottes.
Nous ne saurions trop recommander de faire des pistes en
dur, le patinage des voitures étant fréquent sur l’herbe mouillée.
Prévoir, d'autre part, les parties du camp qui seront
spécialement affectées à tel ou tel mode de camping. Placer les automobilistes
près des pistes et conserver pour les pédestres un coin solitaire et autant que
possible séparé du camp automobile, non pas qu'il y ait rivalité entre les deux
groupes, mais les taches d'huile de voiture sont très néfastes pour les légers
tapis de sol des pédestres.
A ce propos, un lecteur m'a demandé s'il fallait obliger les
voitures à se grouper dans un parc à voitures, ou si l'on pouvait laisser les
voitures à proximité des tentes.
Il est très difficile de répondre d'une, façon générale.
Pour l'esthétique du camp, la solution du parc à voitures serait préférable,
mais il est un fait que beaucoup de campeurs auto ont besoin de leur voiture à
côté d'eux, soit qu'ils couchent dedans, soit qu'elle leur permette, par la
batterie d'accus, de s'éclairer à l'électricité. Dans ce cas, il faut que les
emplacements des voitures soient signalisés, afin que les voitures soient mises
toujours à la même place et les tentes également. On évitera ainsi la
détérioration des tapis de sol signalée plus haut.
ALIMENTATION EN EAU POTABLE.
—Les deux réglementations A et B prévoient la nécessité de
l'alimentation en eau potable soit par un poste dépendant de la distribution
publique, soit, à défaut, par une source fournissant une eau de bonne qualité.
Le poste d'eau devra être signalé par une pancarte signalant : « Eau
potable ». Dans le cas d'une source, celle-ci devra être protégée contre
toute pollution par une surface circulaire de 25 mètres de rayon, à 1'intérieur
de laquelle il ne sera toléré aucune installation de camping, et, à plus forte
raison, sanitaire. Le débit de la source devra être suffisant pour assurer les
besoins de tous les occupants.
Dans le cas d'un puits, une analyse d'eau devra être faite
par les services compétents.
Nous examinerons dans notre prochaine chronique la fin de
cette réglementation de base pour l'établissement de camps permanents.
Jacques-J. BOUSQUET,
Président du Camping-Club de France.
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