Légume intéressant à cultiver en raison de son caractère
rafraîchissant et de ses multiples usages culinaires, la tomate mérite des
soins assidus en vue d'un rendement qualitatif et quantitatif.
Exigences de la plante.
— 1° Au point de vue sol : celui-ci sera léger,
meuble, terreauté. A une bonne fumure organique, d'un fumier bien décomposé,
s'ajouteront des engrais de nature rapidement assimilable : on attachera
une grande importance à l’acide phosphorique, qui joue un rôle
primordial dans la formation du fruit, et un rôle secondaire à la potasse pour
éviter les accidents de coulure.
Formule donnant de bons résultats :
Superphosphates ou scories Chlorure de potassium
Sulfate d'ammoniaque (dans le cas où il n'y a pas de fumier) |
5 kg. à l'are 2 kg. à l'are 3 kg. à l'are |
En cours de végétation, si l'on remarque un alanguissement,
on répandra, à plusieurs reprises, sous forme d'arrosages, de 1kg,500 à 2 kilos
de nitrates. En opérant ainsi, on augmentera le rendement et on hâtera
la maturité.
— 2° Au point de vue chaleur : en raison de ses
origines tropicales, la tomate a besoin de chaleur, tant pour assurer son
développement que la maturité de ses fruits. Elle redoute le simple froid et
sera toujours placée à la meilleure exposition. Si elle est en bordure d'un
mur, ce dernier sera blanchi, de façon à renvoyer les rayons solaires sur la
plante.
— 3° Au point de vue eau : la tomate est une
plante avide d'eau : au début de la végétation, des arrosages plutôt
copieux que fréquents ; lors de la floraison, ralentir les arrosages, qui
reprendront normalement lorsque la fécondation sera définitivement réalisée.
Mais on aura soin :
a de ne pas arroser à l'eau glacée pour éviter
la gangrène du fruit (tache noire et sèche à la surface du fruit qui s'étend
rapidement) ;
b de ne pas mouiller le feuillage (suppression
du tourniquet), car la plante est sujette facilement au mildiou. Le mieux est
d'arroser au pied et si possible autour du pied, dans une petite cuvette
aménagée à cet effet dans le sol.
Soins à donner lors de la plantation.
— 1° On ne repiquera que des plants vigoureux, trapus, bien
formés au point de vue chevelu et qui ramifieront bien : en vue de cette
obtention, on placera les pieds en pépinière dès qu'ils auront de trois
à quatre feuilles. On enterrera jusqu'aux premières feuilles et on facilitera
l'air, le soleil et l'eau. On répétera l'opération du repiquage de deux à trois
fois s'il le faut : on est toujours tenté de croire qu'une plantation
tardive donnera une récolte tardive aussi ; c'est un tort, car une plante
bien établie et mise en place dans de bonnes conditions ne subit aucun arrêt
dans sa végétation et ne tarde guère à nouer ses fleurs. Si les plants repiqués
une première ou une deuxième fois venaient à s'effiler, on diminuera
immédiatement les arrosages et on repiquera une fois de plus.
— 2° On repiquera à demeure et à bonne exposition en
prélevant les plants avec une petite motte de terre, en les espaçant de un
mètre sur les lignes et en les écartant de 80 centimètres.
— 3° Si, malgré toutes les précautions prises, on ne peut
disposer que de plants de tomates quelque peu démesurément longs, on n'hésitera
pas à les planter obliquement, en les enterrant à 20 centimètres de profondeur
s'il le faut.
Soins à donner aux tomates au cours de la végétation.
— 1° Tuteurage et palissage : la fragilité de la
tige de la tomate et son manque de rigidité rendent indispensable le tuteurage :
quelques jours après la plantation, enfoncer un bon tuteur (1m,50, grosseur
manche à balai). La tige et les rameaux conservés seront palissés au fur et à
mesure au tuteur à l'aide d'un raphia ou de ficelle. Ne pas serrer trop fort la
tige au tuteur et opérer en choisissant un temps chaud parce que, sous la forte
chaleur, tige et rameaux de tomate sont beaucoup moins cassants.
— 2° Ébourgeonnement : l'opération a pour but de
supprimer les bourgeons axillaires ou rameaux se développant à la base ou
aisselle des feuilles en cours de végétation. Elle ne doit pas se faire trop
tôt, ni de façon trop sévère, car les bourgeons anticipés naissant à l'aisselle
de chaque feuille élaborent également leur part de sève et ce n'est que
lorsqu'ils ont environ 8 à 10 centimètres de longueur qu'ils commencent à
devenir inutiles. Il sera nécessaire de visiter notre plantation de tomates
très fréquemment, une à deux fois par semaine, car, si on les laissait pousser
librement, non seulement ils absorberaient toute la sève à un moment peu
favorable à la plante, mais ils formeraient un véritable fouillis et les
fruits, rares, apparaîtraient trop tardivement pour bien mûrir.
— 3° Taille : opération importante de laquelle
dépendra l'obtention de beaux fruits par limitation de leur nombre et par
suppression des rameaux non fructifères.
Si l'on désire obtenir le plus tôt possible des fruits
précoces, on conserve une seule tige et, dès apparition du second bouquet de
fleurs, on taillera cette tige immédiatement au-dessus de lui ; et, quand le
prolongement aura émis à son tour deux nouveaux bouquets floraux, on taillera
au-dessus du second : de la sorte, on constituera ainsi une seconde saison
de fruits tout en favorisant le grossissement des premiers fruits formés.
En culture normale, on conduira chaque plante à deux
branches : on étêtera la tige dès l'apparition du premier bouquet de
fleurs, et, parmi les ramifications qui se développent, on conservera les deux
meilleures. Chacune des deux branches sera alors étêtée et arrêtée dès qu'elle
atteindra le sommet du tuteur.
— 4° Pincement : quand la plante a couvert
l'espace assigné et a atteint sa hauteur normale, on pince les têtes de façon à
concentrer la sève dans les fruits et l'on provoque également l'apparition de
nombreux bourgeons, que l'on enlèvera, naturellement.
— 5° Égrenage : opération généralement négligée ;
elle consiste à supprimer les petits fruits à chaque bouquet dès qu'on peut
faire choix des meilleurs, c'est-à-dire aussitôt la nouaison. Dès que
les fruits seront de la grosseur d'une cerise, on arrosera les pieds avec une
solution formée d'une partie de sulfate de potasse pour quatre parties de nitrate
de soude, et à raison de 20 grammes du mélange par arrosoir de 10 litres. On
obtiendra de beaux fruits et de bonne conservation.
Soins lors de la récolte.
— 1° A l'approche des gelées, on songera à préserver la
récolte restante : on pourra placer les fruits incomplètement murs dans un
local tempéré ; on pourra aussi arracher toute la plante et la coucher sur
de la paille, dans une couche recouverte de châssis ou, à défaut, la suspendre
dans un local tempéré.
— 2° Il ne faut pas, comme cela se pratique fréquemment,
enlever dès le mois d'août une quantité de feuilles sous prétexte d'exposer les
fruits au soleil. On arrête ainsi le grossissement du fruit, qui mûrit avant
même d'être formé. L'enlèvement de feuilles ne se fera que progressivement, et
en septembre seulement, alors que le soleil ne parvient plus à rougir les
tomates arrivées cependant à une bonne grosseur.
Ainsi traités, nos plants de tomates nous donneront des
fruits beaux, bien calibrés, à maturité rapide, régulière et d'une bonne
conservation.
BOILEAU.
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