Comme nous l'avons vu précédemment (1), si le mode de
traite, par l'excitation qu'il produit, influe sur la production, il est
évident que le nombre de traites aura aussi son action.
En effet, l'excitation ayant lieu à chaque traite, si nous
augmentons le nombre de ces traites, nous augmentons les excitations, et il
s'ensuit un accroissement du rendement.
Considérons le processus de sécrétion de la mamelle.
La traite vient d'être terminée ; le pis est vide, mou,
flasque. La glande mammaire reprend sa sécrétion : le lait. Celui-ci
s'accumule dans la partie inférieure de la mamelle.
La sécrétion horaire est constante pendant les six premières
heures.
L'accumulation de ce lait, en gonflant le pis, entraîne un
accroissement de pression qui gênera la sécrétion.
Cette pression, en augmentant progressivement, diminue de
même la sécrétion. On peut dire qu'il y a proportion inverse.
La vitesse de la sécrétion est d'autant plus faible que le
temps écoulé est plus grand.
Un exemple illustrera mieux cette sécrétion et montrera
clairement l'influence que le nombre de traites a sur elle.
Supposons une sécrétion d'un litre horaire après la dernière
traite.
Nous aurons, après six -heures, une sécrétion de 6 litres.
Pour la septième heure, le rendement ne sera que de 0l,9. A la huitième heure,
le rendement ne sera plus que de 0l,8. Déjà nous noterons, pour huit heures de
sécrétion, un rendement de 71,7.
Au bout de dix heures, nous constaterons une sécrétion
horaire de 0l,75 et, à douze heures de la première traite, le coefficient de
sécrétion horaire doit être de 0,65.
En correspondance, la quantité de lait contenue dans la
mamelle est de 10l,6 environ.
Retenons bien qu'après douze heures nous aurons, si on
effectue la traite à ce moment-là, une production laitière de 10l,6.
Si nous renouvelons l'opération douze heures après,
c'est-à-dire si on effectué deux traites par vingt-quatre heures, la production
totale aura donc été de : 10l,6 X 2 = 21l,2.
Mais faisons maintenant l'expérience de trois traites en
vingt-quatre heures.
Chacune d'elles aura lieu huit heures après la précédente.
Or nous avons constaté qu'à la huitième heure la production laitière était de
71,7.
Nous aurons donc un total de 23l, 1, qui correspondront à
trois fois la production de huit heures.
Nous remarquerons donc que l'augmentation de production, en
procédant en trois traites, est de 23,1 —21,2 = 1l,9, soit un rapport de 9 p.
100 en faveur du régime de trois traites quotidiennes.
Partant de là, on pourrait recommander de traire quatre fois
en vingt-quatre heures. Certes l'augmentation de production serait encore
évidente. Mais il faut tenir compte des frais qu'entraîne la traite
supplémentaire et aussi de la nécessité de laisser en tranquillité les animaux
pendant le repos de la nuit.
On se rend compte que le nombre de traites influe sur la
production laitière par suite d'une gymnastique fonctionnelle et favorise ainsi
la sécrétion. Par là, la traite provoque le dégorgement des conduits et des
producteurs de lait que sont les acini, car l'accumulation, nous l'avons vu, et
la rétention lactée annihilent rapidement la sécrétion, et, de plus, présente
des variations sensibles.
Le lait devient albumineux, riche en sels minéraux, prenant
une nature colostrale pouvant présenter des inconvénients de consommation.
CIER.
1) Voir Le Chasseur Français d'avril 1951.
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