La récolte des fourrages a une importance capitale dans
l'économie agricole. Le foin ne doit-il pas constituer, en effet, la partie
principale de l'alimentation du bétail pendant l'hiver ? Toutefois, pour
atteindre ce but, il doit posséder tous les éléments nutritifs nécessaires aux
animaux. A cet égard, l'époque de la coupe joue un rôle extrêmement important.
Il convient de ne récolter ni trop tôt, ni trop tard, et c'est ce point
d'équilibre qu'il importe de déterminer, c'est-à-dire ce moment favorable où
l'herbe contiendra le maximum d'albumine digestible. On admet généralement que
l'époque la plus propice à la coupe est atteinte quand se produit la floraison
des herbes les plus précoces. Les autres herbes de dessous approchent également
de la floraison et sont bien fournies. Les luzernes doivent être fauchées dès
l’épanouissement des fleurs, les trèfles également.
Si la coupe est tardive, les plantes forment de la
cellulose, les tiges cessent d'être tendres, elles durcissent, les cellules
lignifient, et cette évolution se produit au détriment de la valeur nutritive
du foin, qui sera, en outre, moins bien digéré par l'animal.
L'époque du fauchage a donc bien une influence déterminante
sur la qualité des fourrages. Mais, pour effectuer coupe et fanage dans les
meilleures conditions, il est indispensable de disposer d'un outillage éprouvé
et de savoir en tirer le meilleur parti possible. Sans doute, les agriculteurs
sont à même de fixer les diverses manipulations à effectuer, compte tenu de la
nature de leurs terrains, des espèces d'herbes à couper et de la situation
atmosphérique ; il leur est cependant nécessaire de connaître à fond la
gamme et l'utilisation des machines de fenaison. A cet égard, il faut bien le
dire, les connaissances élémentaires font souvent défaut. Nous ne pouvons, dans
ce court article, qu'effleurer ce vaste problème.
En ce qui concerne la coupe, nous ne citerons pour mémoire
que les faucheuses à tracteurs :
— faucheuse portée constituée par une simple barre de
coupe adaptée à l'arrière du tracteur ou à l'avant, ou encore entre les roues
arrière et avant. Avantages : prix d'achat relativement bas et adaptation
rationnelle de l'outil au tracteur. Inconvénient : ne s'adapte pas
facilement sur des marques différentes de tracteurs ;
— faucheuse semi-portée, la lame est actionnée par la
prise de force du tracteur, mais la faucheuse repose sur deux roues porteuses.
Avantage : peut s'adapter à toutes marques de tracteur ;
— faucheuse tirée identique à la faucheuse à traction
animale, mais plus robuste ;
— faucheuse mixte : c'est une machine à traction
animale dont la barre de coupe est actionnée par un moteur d'environ 1 CV 1/2.
Ces faucheuses sont très utiles dans les petites exploitations dont les moyens
de traction sont limités. En montagne et dans les prairies marécageuses, elles
effectuent, dans d'excellentes conditions, un travail plus important.
Afin de conserver au fourrage toute sa valeur nutritive,
celui-ci ne doit pas être effeuillé avant sa rentrée au fenil. Un appareil, dit
tambour à andains, permet d'atteindre ce but.
Il se fixe sur la barre de coupe et sert à former
correctement, derrière elle, des andains réguliers, dont les tiges sont
perpendiculaires à l'axe de marche de la faucheuse. La récolte peut être mise
en moyettes sans manipulations excessives.
Le fanage est une opération délicate qui a également une
grande influence sur la conservation des éléments nutritifs. Une erreur est
courante à ce sujet : on veut rentrer du foin absolument sec ;
résultat : les feuilles se détachent, il y a des pertes. De plus, les
animaux, et les vaches notamment, ont besoin de fourrage aqueux. Il est donc
nécessaire de rentrer le fourrage avant l'effeuillage. Pour éviter les risques
de fermentation, il faut alors étendre le fourrage au fenil par couches de 40
centimètres et épandre un certaine quantité de sel : 1 à 2 p. 100 du
poids. Avantage : meilleur conservation de la récolte, digestibilité
parfaite, rendement du bétail accru.
Les machines classiques de fanage sont : les faneuses à
fourches traînées en général par un cheval, en raison de la faible quantité
d'énergie qu'elles absorbent, et les râteaux-faneurs ou vire-andains.
La faneuse retourne la récolte à la manière des fourches
maniées par les hommes. Les fourches sont actionnées de façon à prendre la
récolte par-dessous, la soulever et la laisser retomber sur le sol du côté
opposé à celui où elle se trouvait précédemment. Une faneuse bien réglée
n'abîme pas la récolte et ne soulève, avec le foin, ni terre ni caillou. Pour
éviter l'effeuillage, il est recommandé de tourner dans le champ en sens
inverse de celui adopté pour le fauchage, afin de prendre la récolte par le
pied et non par l'extrémité des tiges.
Le râteau-faneur présente l'avantage de pouvoir effectuer le
fanage et le râtelage. C'est une machine qui sert à deux opérations en
changeant simplement le sens de rotation du mécanisme. Dans le retournement des
fourrages, cette machine effectue un travail plus doux que la faneuse.
Une fois le fanage terminé et un foin ni trop sec ni trop
humide obtenu, il s'agit de le rentrer. La machine est indispensable, là
encore, pour mener à bien cette opération. On peut disposer des machines
suivantes :
— Sweep-rake, ou râteau, à foin. Ce sont de larges
râteaux en bois à dents longues portés à l'avant ou à l'arrière du tracteur.
L'appareil sert à rassembler le foin en meules ou à le rentrer directement au
fenil.
— Râteau-emmeulonneur : Cet appareil très simple
peut être tiré par un seul cheval. Il est composé d'un élévateur muni de dents
flexibles (le râteau élévateur) qui prennent le foin au sol, relèvent et le
déversent dans un « chariot » emmeulonneur. Une fois plein, ce
chariot bascule automatiquement et laisse sur le sol un meulon de foin.
— Le ramasseur-chargeur est conçu selon un principe
analogue. Deux hommes sur le chariot et un conducteur assurent la rentrée de la
récolte. L'économie de main-d'œuvre est très importante.
Citons également les ramasseuses-presses, et pick-up-baler
qui sont aussi utilisées pour le ramassage des pailles lors de la récolte à la
moissonneuse-batteuse. Ces machines sont employées pour mettre en balles le
fourrage là où les conditions climatiques le permettent, bien entendu.
Ces considérations sur la fenaison et le machinisme
permettent de retenir que les techniciens sont venus à bout des difficultés de
main-d'œuvre.
Les machines nouvelles nécessitent cependant des
investissements importants. Or il est absolument nécessaire de s'équiper d'une
façon moderne. Comment y parvenir sans compromettre la trésorerie de l'exploitation ?
En produisant des fourrages de première qualité, selon les méthodes modernes à
haut rendement. Ainsi les animaux seront mieux nourris ; les aliments
concentrés ne seront achetés à l'extérieur qu'en plus petite quantité, le
bétail de rente sera augmenté et le matériel acquis pourra être amorti sans
risque.
G. DELALANDE.
|