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Les proies vivantes

Toutes les volailles en ont besoin.

— Qu'il s'agisse de poules pondeuses, de poussins, de canetons, de faisandeaux, de dindonneaux, de paonneaux, etc., partout et toujours on constate l'heureuse influence des proies vivantes quand ils en trouvent sur leur parcours, ou qu'à défaut on leur en distribue en complément de leur ration habituelle.

Par proies vivantes, il faut entendre les vers, les larves, les chrysalides, les œufs et tous les insectes parfaits que les volailles de tous les âges recherchent avidement, en grattant dans les fumiers, les terreaux, les gazons, les bosquets, partout où les insectes se réfugient pour y chercher leur nourriture et y subir leurs métamorphoses.

Il ne s'agit pas seulement d'un simple aliment riche en protéine animale, beaucoup plus profitable que la protéine végétale, mais d'une matière organique en pleine activité, contenant les diastases et les vitamines indispensables. A, B, C et E, ayant pour objet de stimuler les organes et leurs fonctions, en combattant l'atonie et les troubles de la nutrition, de la reproduction et de la circulation.

Une poule qui trouve des vers et des insectes pondra davantage, et ses œufs seront bien mieux embryonnés que celle réduite à sa portion congrue de grain et de pâtée ordinaire. Quant aux jeunes volailles, à quelque espèce qu'elles appartiennent, elles traverseront sans encombre les crises de croissance, dites du jeune âge, si elles reçoivent des proies vivantes en supplément de leur ration.

Leur appoint peut être considéré comme indispensable lorsqu'il s'agit d'élever des pintadeaux, des faisandeaux, des perdreaux, des dindonneaux, etc., surtout à l'époque où se manifeste la crise dite du rouge. Tous les éleveurs ont donc intérêt à connaître la manière de se procurer des proies vivantes pour empêcher la mortalité excessive qui se manifeste parfois dans leurs parquets.

Les œufs de fourmis.

— Dans les faisanderies, les dindonneries, etc., les œufs de fourmis sont considérés comme nécessaires pour la réussite des couvées. Pour s'en procurer, on utilisera une boîte à deux compartiments. Le plus grand étant fermé par un couvercle mobile finement grillagé, communiquant avec une boîte plus petite, vitrée au-dessus, afin de pouvoir examiner ce qui se passe à l'intérieur.

Pour opérer le tri des œufs on se transporte auprès des fourmilières, qu'il s'agisse de la grosse rouge des bois ou de la brune des prairies, puis, à l'aide d'une pelle, on jette la fourmilière dans le grand compartiment, et l'on rabat le couvercle. Les fourmis s'empressent de sortir leurs œufs, culbutés dans les bûches, pour les transporter dans la petite boîte vitrée. L'opération terminée, on emporte les œufs et l'on remet les débris de la fourmilière à leur place. L'élevage se poursuit et l'on pourra répéter une nouvelle capture, au bout de quelques mois, si on a soin de mettre des matières sucrées dans les débris, soit de la glucose, de la mélasse ou du miel de presse.

Production des asticots.

— Les asticots sont des larves provenant d'œufs pondus par la mouche bleue, sur de la viande en décomposition.

L'élevage des asticots s'effectue en plein air, dans des tiroirs superposés, sous un couvert. Les tiroirs, tendus de grillage à mailles de 15 millimètres, contiennent des têtes de moutons ou des déchets d'abattoir, où les œufs pondus par les mouches donnent naissance à des larves voraces qui, se gavant de viande, ont tôt fait d'atteindre leur taille complète.

Une fois repues, elles se laissent tomber et, passant au travers des grillages superposés, elles viennent aboutir dans le tiroir inférieur, muni d'un fond en volige contenant du son.

Pour éliminer les asticots, il suffit de passer le son au tamis. Tous les huit jours environ, on récolte de nouvelles larves, et la production continue si on a soin de renouveler les viandes de nutrition.

Vers de farine.

— Les vers de farine, que l'on rencontre en toute saison dans les boulangeries et les meuneries, sont engendrés par un coléoptère appelé ténébrion. Ils remplacent avantageusement les œufs de fourmis et les asticots durant la mauvaise saison.

Pour produire les vers de farine, on se sert de caisses doublées de zinc, munies d'un rebord saillant qui s'oppose aux évasions. On stratifie dans les caisses, par couches alternées, du son et des chiffons trempés dans un coulis de farine de seigle, en mettant de place en place de vieux bouchons découpés en rondelles.

Les caisses étant placées dans un local obscur et tempéré, on les ensemence en ténébrions, capturés dans des linges humides sur les lieux peuplés d'insectes. Au bout de six semaines environ, on commence à récolter des larves. La production continue si on a soin de renouveler de temps en temps, les nourritures stratifiées.

Production des petits lombrics.

— Dans les parquets où les volailles sont privées de proies vivantes, on a intérêt à créer des verminières, afin de pouvoir faire manger aux poules de petits vers rouges dits de terreau.

Pour cela, on creuse à l'intérieur du parquet, à l'aide d'une bêche, une tranchée profonde de 40 à 50 centimètres, dans laquelle on tasse du fumier de couche partiellement décomposé, en le mélangeant de terreau.

On arrose copieusement, puis on recouvre la tranchée d'une volige sur laquelle on marche. Au bout de peu de jours, en continuant de marcher sur la planche, les vers rouges montent à la surface et viennent s'accoler après la volige. Celle-ci retournée, les volailles viennent gober les lombrics.

On replace la planche, on arrose s'il fait sec et, presque tous les jours, les poules disposent de proies vivantes qui stimuleront leur ponte, et les œufs obtenus seront vigoureusement embryonnés.

Mondiage D'ARCHES.

Le Chasseur Français N°653 Juillet 1951 Page 426