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L'élevage en plein air

des jeunes poulets

Lorsque ces lignes paraîtront, d'innombrables poulettes et coquelets, nés depuis mars-avril, seront en plein développement. Certains confinés sur d'étroits parquets ; d'autres, le plus grand nombre, bénéficieront de larges parcours. Au risque de me répéter, je crois devoir attirer l'attention des éleveurs sur l'importance que présente cette question de l'élevage en plein air pour le développement et, par là même, pour la productivité future de leurs sujets.

Il m'arrive assez fréquemment de recevoir des lettres de lecteurs du Chasseur où je relève une méconnaissance effarante des règles les plus élémentaires d'élevage et d'hygiène.

Deux lettres, reçues en mars, sont absolument typiques ; dans la première, un éleveur amateur de l'Oise s'étonne de la ponte d'hiver médiocre observée sur son troupeau de quarante Wyandotte, et pourtant, dit-il, « mes sujets ont été très bien soignés avec les excellents aliments complets X ... et ont disposé depuis leur naissance d'un grand parc de près de 100 mètres carrés ».

Dans la seconde, même étonnement de l'état sanitaire médiocre du troupeau et de son peu de productivité, mais, là, la chose est plus grave, car il s'agit d'un parquet de trois cents poulettes Leghorn, pour lequel son possesseur a dû, évidemment, engager de gros frais. Cet éleveur, qui, par ailleurs, a l'air de connaître les techniques modernes de l'alimentation et du logement des volailles, m'écrit : « Mes trois cents poulettes, achetées en poussins d'un jour sexés, ont en permanence à leur disposition une prairie de 1.000 mètres carrés. »

Dans les deux cas, nous sommes bien loin du minimum de 10 mètres carrés de parcours reconnu indispensable pour chaque tête de volaille, et ceci est peut-être la principale raison des échecs mentionnés par mes correspondants.

A défaut de la liberté totale, qui est la règle en élevage fermier, je ne saurais trop recommander aux aviculteurs de donner le plus d'espace possible à leurs jeunes sujets.

Placez les éleveuses dans des bâtiments ou des petits poulaillers mobiles où, dès les premiers jours de leur vie, les poussins pourront accéder à un parc herbeux dont l'herbe sera toujours tondue de frais ; puis, dès que les jeunes poulets peuvent se passer de chauffage, la méthode idéale pour faire des sujets robustes consiste à les placer par bandes de cinquante à cent dans des arches mobiles, du type simple suivant :

Ces arches seront dispersées sur une prairie, à une cinquantaine de mètres l'une de l'autre, et changées très fréquemment de place, de façon à faire profiter le terrain d'une fumure naturelle, sans excès de dépôt au même endroit. A cet effet, il est utile de prévoir deux poignées sur chaque face afin de faciliter les manutentions — ou deux crochets destinés à arrêter les brancards mobiles utilisés à cet effet.

Les volailles prennent très rapidement l'habitude de rentrer dans leurs abris le soir. Les premiers jours, il sera cependant bon de veiller à ce qu'elles ne s'entassent pas toutes dans la même arche et à ce que certaines ne prennent plus l'habitude de se percher dans les arbres du parcours.

Une des faces, sur la petite dimension, pourra être partiellement grillagée, et la face opposée pourra être fermée avec une porte pleine et munie, éventuellement, d'un cadenas.

Le séjour des volailles dans les arches est conseillé pendant toute la belle saison. Les poulettes en sortiront pour être installées dans les poulaillers de ponte où, selon la race et l'époque de la naissance, elles commenceront leur ponte en septembre-octobre.

Il est bien entendu que ces poulaillers devront être également attenants à de vastes parcours, 10 à 20 mètres carrés par tête, où les poulettes auront toujours accès, sauf par temps de neige, très grands vents froids ou pluies froides très abondantes et prolongées.

Il est à noter que les volailles élevées en plein air trouveront non seulement la possibilité d'y prendre un exercice salutaire, mais également une partie non négligeable de leur nourriture dans l'herbe tendre et fraîche et dans les proies animales (vers, insectes, etc.) qu'elles absorberont.

L'herbe des parquets doit être tondue régulièrement, de façon à être maintenue courte et rase ; seule là « pointe » de l'herbe est utilement consommée par les volailles — les parties ligneuses ne présentant aucun intérêt ; si les parquets sont assez vastes, il pourra être utile d'y faire pâturer une ou plusieurs brebis, qui remplaceront utilement la tondeuse avec moins de travail et plus de profit.

Enfin, si l'herbe des parcs était desséchée par la sécheresse, il deviendrait indispensable de distribuer journellement des légumes frais hachés (salades, choux, etc.) dans des râteliers grillagés placés à 0m,45 du sol et de un mètre de long par lots de cinquante poules.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°653 Juillet 1951 Page 426