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Météorologie

Tornades et cyclones

Nous avons parlé la dernière fois d'une façon très succincte des cyclones, puis un peu plus longuement des trombes.

Terminons cette étude sur ces phénomènes giratoires en parlant des tornades.

Ces derniers phénomènes ne diffèrent que très peu des trombes. Nous savons déjà, tout d'abord que ces deux météores sinon frères, mais tout au moins cousins, sévissent l'un sur mer et l'autre sur terre.

D'autre part, la vitesse de rotation des tornades est souvent beaucoup plus importante que celle des trombes ; on estime qu'au centre ou près du centre cette vitesse est de l'ordre de 300 kilomètres à l'heure.

Leur diamètre est également plus important que celui des trombes et arrive fréquemment à deux cents mètres.

Trombes et tornades peuvent parcourir une distance da 10 à 20 kilomètres ; c'est donc un « ruban de dévastation » qui marque le passage de ces météores, sur une longueur de 10 à 20 kilomètres et sur 200 mètres à 1 kilomètre de largeur.

Au centre d'une trombe ou d'une tornade, le baromètre fait une chute verticale, instantanée, de 10 à 15 millimètres, parfois plus.

Il en résulte que les maisons, les hangars et tout ce qui est fermé n'ont pas le temps de mettre en équilibre la pression intérieure qu'ils avaient auparavant avec la pression extérieure qui diminue dans de fortes proportions dans l'affaire de quelques secondes : habitations, magasins, etc., éclatent littéralement comme grenades trop mûres, en projetant vers l'extérieur portes, fenêtres et toits !

Quand tout est disloqué par la dépression, le vent fait le reste.

On a même vu des fûts bouchés éclater au passage d'une tornade. Si on pouvait croire que la force du vent seule a démoli les maisons, ce qui est faux, on est bien obligé d'admettre que l'éclatement d'un fût ne peut être motivé que par une dépression très grande et instantanée, pas du tout par la force du vent.

Quant à la vitesse ascensionnelle, elle est certainement voisine de 20 à 30 kilomètres à l'heure, et c'est une troisième cause de ravages sur le passage d'une tornade.

Les trombes font entendre, nous le savons, un sifflement assez régulier. Les tornades, elles, font entendre un grondement. Ce bruit est causé par les objets les plus divers que la tornade emporte avec elle dans son tournoiement fou : tuiles, branches, bidons, planches, etc., et qui s'entrechoquent en tournant et en s'élevant.

Il n'est pas rare de constater non plus, au passage d'une tornade au-dessus d'un étang peu profond ou d'un bassin, que ceux-ci sont en grande partie asséchés, les poissons et les grenouilles qu'ils contenaient sont emportés plusieurs kilomètres plus loin pour produire ces pluies « prodigieuses » qui stupéfiaient tant nos grands-pères.

Trombes et tornades ne sont pas obligatoirement accompagnées d'orage ou de grêle, mais la dévastation est tout de même complète sur leur passage.

En résumé :

Un cyclone porte ses ravages sur une région très étendue, plusieurs milliers de kilomètres carrés ; il se déplace pendant des journées, promenant sur des milliers de kilomètres de longueur (heureusement pour la majeure partie en mer) son immense zone de dévastation ; le passage d'un cyclone sur un point donné dure entre quinze et trente heures ; la pluie tombe avec une abondance exceptionnelle (pluie cyclonique) pendant tout le passage et enfin, si le baromètre baisse autant et même plus que pendant le passage d'une trombe ou d'une tornade, cette baisse est extraordinairement plus lente et met des heures et des heures pour atteindre son minimum.

Les trombes et les tornades n'ont qu'une zone de dévastation large d'un kilomètre et longue d'une vingtaine ; les tornades, en général, ne « mouillent » pas, la durée de leur passage dure quelques minutes et, pendant ce temps extrêmement court, le baromètre baisse énormément pour remonter aussi vite (en quelques secondes) quand le centre est passé.

Donc, si, comme on nous le dit parfois, tel village ou tel petit canton avait été ravagé par un cyclone, les dégâts ne se seraient pas bornés au canton ni même au département ; ils se seraient étendus à une superficie au moins égale à une douzaine de départements ou même à la moitié de la France. Dans presque tous les cas, il s'agit, près des côtes, d'une trombe qui se transforme en tornade et, à l'intérieur, d'une tornade véritable. C'est bien suffisant comme source de malheurs.

PYX.

Le Chasseur Français N°653 Juillet 1951 Page 446