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Encore des leurres

J'ai souvent écrit que changer de leurre, en cours de pêche, déclenchait parfois le réflexe d'attaque d'un carnassier récalcitrant et, récemment encore, j'en ai eu la preuve.

Bien entendu, tous les modèles de cuillers pourraient être passés en revue, mais il est bon, dans les eaux fouillées fréquemment, de trouver quelque chose de nouveau.

Nous avons d'abord toutes les hélices de formes et de tailles différentes.

Voyons-en quelques-unes.

Le numéro 1 est formé d'une simple lame de métal, cuivre, laiton, zinc, etc., découpée en forme à la cisaille.

Dans l'axe, en longueur, une rainure creusée d'un coup de marteau sur une pointe posée à plat constitue le logement du fil d'acier formant l'axe et évite qu'il soit trop éloigné de la palette.

Il est maintenu en place par deux perles de cuivre soudées en haut et en bas ou par un petit tube de métal (tuyau de vaporisateur).

Pour simplifier et éviter la soudure, certains constructeurs ingénieux ont laissé deux languettes en haut et en bas, les ont rabattues à angle droit et, après les avoir percées, les, ont traversées par le fil d'acier formant l'axe.

La rotation est assurée par deux hélices découpées à même le métal et convenablement incurvées.

Plus elles seront inclinées dans un plan perpendiculaire à l'axe, plus la rotation sera rapide ; il en sera de même si elles sont très larges.

Ne croyez pas que cette vitesse soit nécessaire ; je la considère même comme nuisible, ce tourbillon vertigineux mettant en fuite le carnassier le mieux disposé.

Construisez donc les ailettes à la pince, de façon que l'ensemble tourne juste ce qu'il faut pour donner une vague forme de poisson.

Cette hélice sera plombée, soit en tête, comme une cuiller ordinaire, soit à 50 centimètres sur le bas de ligne ; la première disposition est la plus rationnelle.

Vous pourrez ajourer la plaque de métal pour permettre le pincement sur l'axe d'une chevrotine (fig. 2), mais cela vous obligera à une disposition nouvelle du logement de l'axe ; avec les languettes, c'est plus facile.

Je ne vois pas la nécessité de ce plombage axial, préférant de beaucoup le plombage en tête.

L'armement consistera en un triple solidaire de l'axe, mais monté mobile, solution favorable contre le décrochage du poisson.

Voyons une autre forme (fig. 3). Cette hélice, apparentée au « tue-diable » d'autrefois, est aussi découpée, en forme, dans une plaque de métal et façonnée à la pince.

Puis, sur la partie allongée, sous les ailettes et jusqu'au bout, on enroule de la laine ou un ruban de couleur, comme s'il s'agissait de monter un corps de mouche artificielle.

Le corps terminé, on le cercle, bien régulièrement, d'un tinsel (fil plat) argenté ou doré.

L'armement est constitué par un triple maintenu par un fil d'acier fixé sur la plaque de métal ou soudé avant l'enroulement de la laine.

Dans la languette rabattue, en tête, un trou laisse passer une épingle retenue par sa tête et tordue en boucle à l'extérieur A, jouant le rôle d'émerillon.

Là sera fixé le bas de ligne.

Cependant, l'ensemble va vriller lamentablement, et l'emploi de ce leurre tel quel s'avérerait impossible.

Aussi faudra-t-il remédier à cet état de choses.

On pourra placer en A un plomb bateau suffisamment lourd pour annihiler tout vrillage.

Le poids variera suivant la grosseur de l'hélice et la résistance qu'elle opposera à la récupération.

Ce plomb bateau, pourra être placé sur le bas de ligne, bien en avant du leurre et suivi d'un émerillon.

Tout vrillage devient alors impossible.

Pour rompre la régularité de la .progression et donner plus de vibration à ce leurre, vous pourrez l'incurver légèrement en queue ; vous en améliorerez le rendement.

Toutes les explications que je viens de fournir concernent des leurres existant déjà, commercialisés ou non, mais j'ai voulu donner des idées générales qui pourront mettre sur la voie des jeunes confrères hésitants.

Ils trouveront motif à des constructions nouvelles issues de leur imagination.

Qu'ils soient bien persuadés que les leurres les plus simples sont souvent les meilleurs et que, étant bon marché, ils peuvent être risqués dans les coins encombrés, refuges des belles pièces.

Qu'ils retiennent bien que j'ai pris, le même matin, trois brochets de trois, cinq, six livres avec un leurre découpé dans une boîte rouge et or de cacao.

Pourvu que « ça tourne », tout leurre est bon.

Et la coloration, allez-vous me dire ?

Elle doit être d'autant plus vive que l'eau est moins limpide, et dans les fleuves à eau louche ne craignez pas le bariolage vif. Soyez plus discrets pour les rivières à truites.

Marcel LAPOURRÉ,

Délégué du Fishing-Club de France.

Le Chasseur Français N°654 Août 1951 Page 469