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Basket-ball moderne

Lorsqu'il y a vingt ans le basket-ball fit son apparition en France, les athlètes de chez nous (footballeurs, athlètes du stade, coureurs cyclistes) — et moi-même, le premier, je l'avoue — accueillirent ce nouveau venu avec un sourire un peu méprisant et le considérèrent comme un sport de seconde zone. Nous disions : « Bon pour ceux qui ne sont pas capables de jouer au football », ou encore : « Sport pour petites filles bien sages ! »

Nous n'avions d'ailleurs pas tout à fait tort, si l'on considère le basket tel qu'il se présentait à cette époque.

Mais ce sport a acquis si rapidement la popularité et réuni tant d'adeptes que, succès obligeant, il s'est développé, virilisé, tant dans sa technique que dans ses règles, qu'il est devenu si différent de ce qu'il était alors et si supérieur à ses premières manifestations qu'on doit le considérer aujourd'hui comme un sport digne de ce nom et lui accorder la place qu'il mérite — et qu'il a d'ailleurs acquise sans nous en demander la permission — parmi les autres formes de l'activité sportive. Et c'est un devoir pour ceux qui doutaient de lui — plus encore que pour les autres — de rendre cet hommage à cette métamorphose.

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Cette heureuse évolution, dont les remarquables championnats d'Europe joués ce printemps à Paris viennent de fournir une éclatante démonstration, vient en grande partie des améliorations que l'on a apportées aux règles du jeu et aux nouvelles tactiques qui en ont été la conséquence.

Celles-ci nous viennent — qui s'en étonnerait ? — du nouveau monde, où le basket, aussi bien aux U. S. A. qu'en Amérique du Sud, brille à la fois par le nombre de ses adeptes et par leur qualité.

Parmi ces heureuses améliorations on doit citer :

1° La règle des trois secondes (temps maximum autorisé pour conserver la balle dans la zone proche du panier), qui a pour avantage de rendre moins flagrante l'inégalité qui existait entre les joueurs de grande taille (fréquents en Amérique) et les sujets de taille moyenne ou petite (fréquents dans les pays latins). Elle rend aussi le jeu plus spectaculaire.

2° La règle des trois minutes, temps maximum pendant lequel on peut garder la balle, dans les autres zones. On peut même penser, comme le suggèrent les Américains, que cette durée pourra être ramenée à deux minutes, car plus elle est longue, plus elle favorise les joueurs peu animés du fair play qui commettent des fautes intentionnelles au cours des trois dernières minutes d'une partie pour gagner du temps, absolument comme les équipes de football qui jouent obstinément la touche lorsque, quelques minutes avant la fin, elles ont un ou deux buts d'avance.

3° Enfin des règles d'arbitrage qui, dans les « contacts » inévitables lorsque dix joueurs se déplacent dans un espace limité, favorisent l'attaquant, porteur du ballon, et limitent les droits du défenseur, ce qui rend le jeu plus rapide et plus spectaculaire.

Grâce à ces améliorations, le joueur de basket doit être aujourd'hui plus vif, plus dynamique, plus athlétique que jadis. C'est ce que l'on a eu la satisfaction de constater aux récents championnats d'Europe, dans lesquels d'ailleurs l'équipe française s'est fort honorablement comportée, manquant de très peu l'honneur d'être finaliste.

Dr Robert JEUDON.

Le Chasseur Français N°654 Août 1951 Page 476