Quel que soit le genre de légume auquel on ait affaire, il
est toujours indispensable de maintenir le sol meuble et propre autour des
plantes. On arrive à ce résultat au moyen de certaines opérations dites
culturales, qui sont d'une utilité incontestable.
Parmi ces opérations et en tenant compte de leur ordre
d'exécution, nous devons signaler, en tout premier lieu, le sarclage.
Sarcler consiste à enlever les mauvaises herbes à la main,
dans les jeunes semis faits à la volée ou en lignes rapprochées au moyen du
sarcloir, dans les cultures déjà fortes, mais trop serrées pour permettre à la
binette ou à la serfouette d'y pénétrer.
Il est nécessaire de sarcler les jeunes semis dès que les
mauvaises herbes ont deux à trois feuilles et ne pas attendre davantage, car il
en résulterait de sérieux inconvénients.
Les plantes sauvages absorberaient, en effet, une partie des
éléments fertilisants au détriment des plantes cultivées ; d'autre part,
leur feuillage, de développement généralement rapide, pourrait nuire à la bonne
venue des jeunes plants de légumes, d'évolution souvent plus lente. Un
troisième inconvénient, et non le moindre, serait que, fait trop tard,
l'arrachage des mauvaises herbes aurait comme résultat d'occasionner
l'ébranlement, sinon le déracinement partiel, des plantes cultivées, ce qui
aurait comme effet de ralentir leur développement. Enfin, les racines des
adventices déjà fortement fixées pourraient se casser dans le sol et donner, au
bout d'un court espace de temps, de nombreux rejets. Ce qui obligerait à faire
un deuxième sarclage.
Une autre opération dont l'action a de multiples effets est
le binage. Non seulement le binage vise à détruire les mauvaises herbes,
mais, en brisant la croûte qui se produit après de fortes pluies et les
arrosages et qui enserre le collet des plantes comme dans un étau, il rompt
tout l'édifice des tubes capillaires formés par la juxtaposition des molécules
terreuses et empêche ainsi l'humidité du sol de s'échapper par là dans
l'atmosphère. C'est ce qu'explique ce dicton bien connu : un binage vaut
deux arrosages. Le binage permet aussi l'aération du sol, ce qui aide à la
respiration des racines et facilite la décomposition et l'assimilation des
engrais. Il ne faut donc pas croire que le binage ne sert exclusivement qu'à la
destruction des mauvaises herbes. Ce ne serait point être jardinier que de
penser ainsi.
Le nombre des binages dépend de la nature plus ou moins
compacte du sol et de son état de propreté, et également de la quantité d'eau
dont on dispose.
Si l'on ne peut donner aux plantes que des arrosages
parcimonieux, il faut se hâter et procéder à un binage aussitôt que l'eau s'est
infiltrée dans la terre. De cette façon, on maintiendra plus longtemps
l'humidité en empêchant l'eau de monter en surface par capillarité et de
s'évaporer dans l'atmosphère sous l'action de la chaleur.
C'est ainsi que beaucoup de jardiniers n'arrivent à sauver
leurs cultures, en été, que grâce à des binages répétés.
Une autre façon culturale qui, dans de nombreux cas, n'est
pas sans importance est le buttage. La majeure partie des plantes
cultivées se portent mieux lorsqu'on ramène une certaine quantité de terre
meuble autour de leur collet, opération que l'on effectue au moment du premier
ou deuxième binage. On consolide ainsi les jeunes tiges et, partant, on les
protège contre la violence des vents. En second lieu, le buttage a comme
résultat de faire développer, tout autour du collet, des racines nouvelles qui
facilitent le développement des plantes.
Enfin, en ce qui concerne la pomme de terre, le buttage est
chose de première importance, puisque les tubercules ne se forment bien que
dans une terre meuble, bien aérée et relativement chaude.
Il ne faut pas oublier que les tubercules de pomme de terre
ne sont autres que des tiges souterraines ; ils réclament, de ce fait, une
aération beaucoup plus importante que celle exigée par les racines. C'est ce
qui explique pourquoi ils tendent à se former près de la surface du sol, ce qui
les prédispose à verdir. Le buttage, en procurant à la plante une terre meuble
et perméable aux agents atmosphériques, favorise le développement des
tubercules en leur permettant d'évoluer dans un milieu bien aéré, tout en
évitant qu'ils verdissent.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
|