Chacun sait que l'introduction du tabac en France date de la
reine Catherine de Médicis, à qui en apporta Nicot, ambassadeur de François II du
Portugal, et qu'il s'appela d'abord « nicotiane » ou « herbe à
la reine ».
Mais ce que l'on connaît peut-être moins, c'est que son nom
actuel provient de l'île de Tabaco, dont les Jésuites étaient barons, et où,
affirmait-on, la plante avait la taille d'un citronnier, tandis qu'en France
elle n'excédait guère trois pieds.
On lui attribuait des propriétés merveilleuses. Le prince de
Lorraine, grand prieur de France, la louait fort pour ses « vertus
médicinales », ce qui la fit dénommer l' « herbe sainte ».
Son usage courant, préparé, râpé, mis en poudre, n'est pas
antérieur à Louis XIII. En offrir une prise dans sa tabaquière était un
sûr moyen de se faire des amis ! Seuls les pauvres gens le fumaient dans
des pipes. La cigarette naquit bien plus tard.
Au début, l'État se contentait d'un impôt de trente sous par
quintal, perçu aux douanes des ports. Mais, en 1674, le fisc s'empara du tabac.
En 1697, un sieur Duplantier fut adjudicataire de la vente exclusive et donna
tous les ans 150.000 francs au roi. Il s'en consommait, chaque année, 50.000
quintaux à vingt sous la livre. C'est alors que l'on réglementa la vente du
tabac en France, pour éviter certaines concurrences ...
Louis SMEYSTERS.
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