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Les fraisiers

Plantation automnale

Il faudrait que la terre d'un jardin soit bien mauvaise pour qu'on ne puisse y cultiver le fraisier. Cependant, comme toutes les autres, cette plante a ses préférences. Les variétés à gros fruits aiment les sols frais, substantiels, les sols d'alluvions argilo-siliceux ou argilo-calcaires. Une situation bien aérée et bien éclairée leur est particulièrement favorable. Dans une terre trop calcaire, ils ne tardent pas à devenir chlorotiques et à dépérir.

Par contre, le fraisier des quatre-saisons vient partout ; il pousse aussi bien dans les sols humides que dans ceux qui sont secs et arides.

Cette plante est de celles qui demandent des engrais bien décomposés, réduits en terreau. Les cultivateurs de fraises de la région parisienne ont coutume d'enfouir dans le sol, avant la plantation, les engrais suivants :

Fumier bien décomposé 250 kg. à l'are.
Superphosphate 4 à 5 —
Sulfate de potasse ou chlorure de potassium 1kg,500 à 2 —

Chaque année au printemps, un peu avant la floraison, un épandage de 2 kilos de nitrate de soude sur cette même surface produira le meilleur effet.

De bonnes variétés productives et d'excellente qualité sont (parmi les fraisiers à gros fruits non remontants et par ordre de valeur décroissante) les suivantes : Docteur Morère, Jucunda, Suavis, Sensation et Madame Moutot.

Quant à la Belle de Meaux, il y a longtemps qu'elle a fait ses preuves comme productivité et qualité parmi les nombreuses variétés à petits fruits.

Avant de procéder à la mise en place des plants de fraisiers, le sol, après avoir été ameublé et fertilisé, doit être affermi, c'est-à-dire tassé par un piétinement régulier, est obtenu par le poids d'un homme chaussé de sabots. Un léger coup de râteau permet de niveler la parcelle destinée à recevoir une plantation de ce genre. Après ce travail, les planches sont tracées au cordeau. On leur donne généralement 1m,20 de large et on les sépare par des sentiers de 40 centimètres au moins.

Pour les fraisiers à gros fruits, les planches de ces dimensions reçoivent trois rangs distants de 0m,40, l'un au centre et les deux du bord à 20 centimètres de celui-ci. Pour les fraisiers à petits fruits, on adopte quatre rangs à 33 centimètres les uns des autres, ceux du bord se trouvant à 10 centimètres de ce dernier.

Sur les lignes, les fraisiers à gros fruits sont plantés à 40 centimètres d'écartement et ceux à petits fruits à 33 centimètres.

Par place, on ne repique le plus souvent qu'un seul plant. Comme plant, il est avantageux d'avoir recours à des filets ayant été préalablement repiqués en pépinière de façon qu'ils aient eu le temps de former leur cœur pour assurer une bonne production dès le mois de juin de l'année suivante.

La mise en place se fait soit au plantoir, soit à la houlette, en prenant soin de bien borner le plant dans l'un et l'autre cas.

La plantation gagnera naturellement à être suivie d'un bon arrosage.

C'est ainsi qu'il est procédé le plus souvent à la plantation des fraisiers:

Toutefois, en ce qui concerne notamment celle des fraisiers à gros fruits non remontants, il serait plus pratique, à notre avis, de l'exécuter par planches à double rang.

C'est-à-dire que, le sol étant préparé comme il a été indiqué, la parcelle de terre est divisée par planches de 60 centimètres seulement, séparées par des sentiers de 0m,70 de largeur. Les plants de fraisiers sont repiqués sur chaque ligne de démarcation de la planche. Sur chacune de ces lignes, les coulants sont plantés à 50 ou 60 centimètres de distance, suivant la richesse du sol et la vigueur de la variété utilisée, et en quinconce. Chaque future touffe est constituée par trois plants disposés en triangle équilatéral, plantés à 20 centimètre l'un de l'autre (deux sur la ligne et un autre vers l'intérieur de la planche).

Cette façon de procéder à la plantation des fraisiers à gros fruits est à conseiller chaque fois qu'on a à sa disposition le nombre de plants suffisant. En procédant ainsi, les soins culturaux ainsi que la cueillette seront facilités et la production plus belle et plus abondante.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°656 Octobre 1951 Page 610