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Moissonneuses-lieuses

Nous avons revu évoluer ces élégantes machines dans la plupart de nos régions. La moissonneuse-lieuse est devenue tout à fait classique, et il est superflu, pensons-nous, d'en parler dans le détail. Néanmoins, l'emploi des tracteurs a amené les constructeurs à mettre au point des types à prises directes dont le mécanisme est actionné par la prise de force du tracteur. Nous allons en dire quelques mots.

Ce système présente l'avantage, en terrains humides ou dans les récoltes difficiles à couper, de rendre le mécanisme indépendant de l'adhérence de la roue. Ces moissonneuses sont semblables à celles à traction animale, mais plus robustes. La grande roue est simplement porteuse et souvent équipée d'un pneumatique. Le mécanisme est entraîné par un cardan relié à la prise de force du tracteur. Ces machines sont construites, à notre connaissance, en trois types :

    — moissonneuses-lieuses du type pour traction animale mais renforcée, pesant 1.000 kilos, destinées à être uniquement actionnées par tracteur ;

    — moissonneuses-lieuses spéciales lourdes, ne pouvant également être actionnées que par tracteur ; elles sont utilisées dans les grosses exploitations et conviennent particulièrement pour les céréales de forte densité à pailles humides ; poids 1.200 kilos ;

    — moissonneuses-lieuses mixtes, c'est-à-dire pouvant être utilisées avec un tracteur ou avec des chevaux. Dans ce dernier cas, une chaîne et des engrenages sont prévus pour être adaptés à la roue principale de façon à lui permettre d'entraîner le mécanisme,

Pour éviter les détériorations d'organes lors d'un bourrage ou la pénétration d'un corps étranger dans la barre de coupe, le cardan de commande est muni d'un embrayage à ressort qui cède lorsque la résistance dépasse la ligne normale. Ce déclenchement produit un bruit sec qui attire l'attention du conducteur. Pour éviter également de briser un organe de l'appareil de liage, celui-ci est muni d'un embrayage semblable, mais moins fort. Il convient de signaler que les dimensions de la barre de coupe des lieuses à tracteur ont pu être augmentées de 2m,40 à 3 mètres. Nous craignons toutefois que, dans une récolte abondante, une coupe de 3 mètres ait pour conséquence de surcharger le lieur. Un autre système de motorisation de la moissonneuse consiste à lui adapter un moteur auxiliaire. Cette adaptation est simple. Il s'agit d'enlever la chaîne de la roue motrice et d'actionner le mécanisme à l'aide d'un petit moteur placé soit à l'arrière près du conducteur, soit à l'avant sur le timon de l'avant-train. Ce système présente de gros avantages :

    — Il réduit l'importance de l'effort de traction, ce qui permet, dans des conditions favorables, de conduire une lieuse de 2m, 10 de coupe avec deux chevaux.

    — Le fonctionnement du mécanisme est indépendant de l'avancement de la machine. Par suite, les risques de bourrages dans les récoltes très abondantes ou difficiles (versées, mêlées) sont réduits. Le conducteur a, en effet, la possibilité d'arrêter l'attelage tout en laissant fonctionner le mécanisme, qui peut ainsi se dégager.

    — La roue principale étant simplement porteuse, les engorgements pouvant résulter, avec les lieuses ordinaires, du patinage sur les terres grasses, détrempées ou sablonneuses sont évités.

L'utilisation de l'avant-train pour porter le moteur auxiliaire nous paraît être la solution la plus avantageuse. Elle permet de ne pas modifier l'équilibre de la machine et de ne pas surcharger sa charpente.

La méthode employée pour aborder un champ et commencer la récolte avec une moissonneuse à prise directe ou à moteur auxiliaire n'est pas différente de celle employée avec une moissonneuse ordinaire. Le détourage à la faux, qui consiste à couper autour de la récolte sur une largeur correspondant à celle du bâti de machine, tend à être abandonné aujourd'hui. On préfère placer devant la roue motrice de la machine une sorte de diviseur qui sépare les tiges et empêche la roue de les coucher complètement sur le sol. Le conducteur place le tracteur ou les chevaux en bordure du champ, mais à l'intérieur de la récolte, et il coupe ainsi directement sur deux tours au moins, puis il fait un tour en sens inverse en roulant sur le chaume pour couper dans le sens opposé où le grain a été versé par la machine à son premier passage, et ensuite il reprend la coupe du champ normalement.

Pour terminer, nous donnerons deux indications qu'il ne faut jamais perdre de vue au moment de la récolte, afin de rentrer les gerbes dans les meilleures conditions :

    — Il est très important de soigner la confection des « moyettes » de telle sorte que les épis soient bien à l'abri des pluies éventuelles. Ainsi l'eau coulera sur la paille et n'y pénétrera que très peu.

    — Ne jamais rentrer des gerbes mouillées. Faute d'observer cette règle élémentaire, on risque de provoquer des échauffements et, par suite, d'avoir un grain impropre à la mouture.

G. DELALANDE.

Le Chasseur Français N°656 Octobre 1951 Page 615