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Petite exploitation agricole

Généralités.

— L'exploitation agricole étant représentée par les bâtiments, les terrains de culture et surtout le cheptel vif et le cheptel mort, et n'étant en somme qu'un outil de travail, le bâtiment rural doit répondre au but à remplir, être économique, résistant et correspondant à toutes les normes minima imposées par les contrôles de certaines administrations, comme, par exemple, le Génie rural.

Dans l'ensemble, une construction rurale, quelle qu'elle soit, est, avant tout, un élément d'exploitation, et, de ce fait, on s'attache à faire rendre le plus gros intérêt possible au capital engagé sur les bâtiments.

En conséquence, un projet de ce genre doit être agréable à voir du point de vue aspect, sans être onéreux et tout en restant essentiellement pratique. Cela n'empêche pas le propriétaire rural d'avoir le confort le plus élémentaire, comme cuisine et douche bien aménagées, ainsi que l'étable, l'écurie, la porcherie.

L'exploitation agricole présentée ici étant de caractère essentiellement familial, tout est groupé par économie et aussi pour simplifier la tâche de l'exploitant. Sont mis à part, à cause des odeurs, le poulailler, le clapier et les loges à porcs.

Situation.

— Les bâtiments de cette exploitation sont supposés construits en Saône-et-Loire ou dans l'Ain, régions de polyculture ; l'ensemble peut être utilisé pour 5 à 6 hectares de terres à cultiver et dans la proximité immédiate des bâtiments.

Cette construction se trouve orientée est-ouest, du côté de la route principale ; au sud, le verger et le potager.

Esthétique.

— Aucune forme compliquée ; tout est le plus simple et le plus rationnel possible. Un grand toit à deux pentes (faîtage nord-sud) abrite le bâtiment principal, composé de l'habitation, l'étable, le fenil et le hangar. Tuiles mécaniques de la région, brunies dans la masse.

Une partie de ce toit, du côté de l'entrée, supporté par des consoles en sapin teinté, dépasse d'environ 1m,50 la façade principale et sert à protéger les allées et venues extérieures par temps de pluie ou de neige.

La façade principale est revêtue d'un enduit silicate crème clair ; le soubassement, d'une tyrolienne teintée crème foncé ; les volets en sapin, les fenêtres en chêne et les forgets sont teintés brun rouge.

L'intérieur de l'habitation est de teintes claires sur les murs et le sol (carrelage dans l'habitation). La cuisine, le couloir et les w.-c. ont une peinture deux couches sur impression en soubassement de 1m,20 de hauteur, le reste en badigeon. Les chambres sont en peinture à l'huile sur boiseries, et les murs avec des papiers peints unis et clairs.

L'étable et, en général, tous les logements des animaux sont passés au lait de chaux.

Distribution.

— Le bâtiment principal comprend, au nord, l'habitation dont, au rez-de-chaussée : entrée, cuisine, salle à manger, penderie, cellier, laiterie avec accès direct par la cour, buanderie, servant aussi à la préparation des aliments du bétail, w.-c. et accès sur l'étable par un couloir muni de deux portes, pour éviter les odeurs et les courants d'air.

Au premier étage, de la maison d'habitation, accessible par un escalier partant dans la cuisine, l'on verra trois chambres et une chambre à grains communiquant avec le fenil, situé au-dessus de l'étable, celle-ci étant faite pour quatre bêtes à cornes et deux chevaux ou sept bêtes à cornes. Un abat-foin est placé dans un angle, ainsi que les ventilations par gaines. Suit, enfin, le hangar pour tous les instruments aratoires et chars, surmonté d'un grand fenil.

A l'est, la cour, pavée de grandes dalles de pierre irrégulières, présente un poulailler pour quelques poules, un clapier pour une dizaine de lapins et deux loges à porcs, dont une pour une truie. Le fumier sera à proximité un peu au sud-est de l'étable, le vent dominant étant celui du nord. La fosse à purin est située sous l'aire à fumier.

Enfin un puits situé au nord-ouest complétera l'ensemble et alimentera, à l'aide d'un petit moteur électrique (1 CV), un réservoir d'eau situé dans le grenier.

Construction.

— Les fondations, ainsi que les murs en élévation, jusqu'à hauteur des appuis de fenêtres, sont exécutés en béton de gravier avec chaux lourde, dosé à 250 kilogrammes. Les murs au-dessus sont en pisé de mâchefer et chaux lourde, avec linteaux sur ouvertures en béton armé et faisant chaînage. Le solivage est en bois sur le reste du rez-de-chaussée avec pontage. La charpente est en sapin, et la couverture en tuiles mécaniques de Bourgogne ; les descentes d'eau et les abergements, ainsi que les gouttières, sont en zinc numéro 14. Les gaines sont en boisseaux 19/21, doublées de briques, avec coulis au plâtre. Souches de cheminées en plotets. W.-c., siège à la turque ; évier grès émaillé dans la cuisine avec égouttoir horizontal ; carrelages granito et plinthes céramiques dans cuisine, salle à manger.

Dallage en ciment dans le cellier, la laiterie, la buanderie, l'étable (seulement sur le passage). Crèches en béton. Enduit au mortier dans ces derniers locaux et badigeon. Les façades sont enduites au mortier de chaux lourde avec tableaux et coudières en ciment, badigeon à la chaux silicatée. Croisées et porte d'entrée en chêne avec volets sapin, lames à baguettes sur joints. Dans l'écurie, les châssis ouvrants sont en ciment armé préfabriqué. Menuiserie intérieure en sapin. Parquets sapin sur solivage ; escalier sapin avec bordure chêne ; garde-corps à balustres tournés avec main-courante chêne. Cloisons de distribution en briques de 0,035 enduites au plâtre sur murs. Soubassements au mortier brûlé à l’acide sur 1m,20 de hauteur pour recevoir les peintures. Plafonds : lattes et plâtre avec badigeon. Peinture trois couches sur boiseries intérieures et extérieures, ainsi que sur le soubassement cuisine, salle à manger et couloir. Installation de l’eau sur évier, w.-c., étable, et un poste d’eau dans la cour. Électricité : lumière et force.

Fosse à purin : murs et couverture en béton; radier et puisard, enduit en ciment à l'intérieur, le tout raccordé aux canalisations provenant de l'écurie.

La fosse septique est ventilée avec canalisations en tuyaux ciment, tabouret siphoïde.

Estimation.

— Travaux de maçonnerie, peinture, vitrerie : 3.200.000 ; charpente, menuiserie, ferrage : 900.000 ; zinguerie, pompes et canalisations :.200.000 ; électricité : 100.000 ; divers, imprévus et honoraires d'architecte : 400.000 ; ce qui fait un total de francs : 4.800.000, pour l'ensemble de cette construction.

L'État, par le truchement du ministère de l'Agriculture, consent des prêts sur les constructions agricoles, à des conditions avantageuses.

Note technique sommaire.

Écurie, étable.

— Le sol, avec pente de 2 p. 100 et rigole à purin, doit être imperméable, résistant et non glissant (pavage mosaïque avec joints au bitume).

Canalisations intérieures de préférence en grès vernissé, diamètre 0,12 minimum. La hanteur sous plafond de l’écurie, étable, est de 2m,80 environ. La ventilation est assurée par un système simple d'arrivée d'air frais et d'évacuation d'air vicié, et cela en plus des fenêtres normales. La crèche avec cornadis (séparant bien les animaux) est préférable et remplace le râtelier et la mangeoire traditionnels.

L'étable, présentée ici, est une étable à un rang, tête au mur, et convient pour un petit nombre de bêtes.

Dans la cour, un abreuvoir est prévu pour le bétail au retour des pâturages et des champs. À l'intérieur, il est conseillé d'installer des abreuvoirs automatiques, un pour deux bêtes ; ces abreuvoirs automatiques sont très intéressants, notamment l'hiver où le bétail ne boit pas glacé si l’on a la précaution de mettre un réservoir suffisamment abrité dans le fenil.

Porcherie.

— Le porc s'élève bien à des températures variant de 13 à 15°. Il craint l'humidité. Les cases doivent être orientées à l'est. Une loge à porcs a au minimum 4 mètres carrés. Le sol doit être imperméable, avec pente générale pour l'écoulement des urines, et, si la litière est peu abondante, le bâtiment doit être isolé au point de vue thermique. L'auge fixe est en béton de ciment fondu, à cause des résidus de lait que l'on donne aux porcs ; les parties acier sont parkérisées, pour résister à l'action de l'acide lactique.

Beaucoup de précisions intéressantes sur ces diverses installations peuvent être dites et feront l'objet de causeries ultérieures.

Albert COHENDET,

Architecte D. P. L, G.

Le Chasseur Français N°656 Octobre 1951 Page 621