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La mode de Paris

Automne 1952

Pour les tailleurs aussi bien que pour les deux-pièces, pour les robes matinales, tous les ensembles « sport » et les manteaux, des tissus épais et souples, velus, d'un seul ton ou « chinés » ; des carreaux, damiers de tous calibres, pieds-de-poule et mille-raies extrêmement fondus et des réversibles toujours ; puis voici que réapparaît un gros drap « zibeline » au poil brillant et comme gaufré, que nous avions désappris depuis de nombreuses années.

Pour les robes habillées et les grandes robes, des soieries ciselées, brochées, lamées, des velours frappés sur fond de faille ou de satin d'un ton opposé, mais aussi des lainages unis ou glacés, des draps, des satins et des velours. Ces derniers sont quasiment innombrables ; il n'est pas une collection d'automne qui ne comporte une vingtaine de modèles en velours noir, employé seul pour le tailleur, le manteau, la petite robe, marié à un autre tissu de laine ou de soie pour la robe du soir ; mais les velours de couleur, de tons très clairs ou très sombres, sont encore plus nombreux et pour toutes les heures.

Dans l'ensemble, les jupes restent sensiblement de la même longueur avec plutôt une légère tendance à l'allongement de 1 ou 2 centimètres, les manteaux étant un peu plus longs encore ; les tailles restent fines et à leur place normale, bien que des détails de coupe ou de garniture esquissent souvent un mouvement d'inspiration « Directoire » ; les corsages fermés ont des cols hauts, des manches longues aux épaules normales, mais aux entournures effacées et très diversement montées, amorçant un effet de « gigot », de bouffant, parfois encore accentué par des volants, des palatines, des pèlerines.

Les écharpes tenantes ou indépendantes sont extrêmement nombreuses, aussi bien portées autour des épaules que drapées autour des hanches et retombant sur le fourreau en libres panneaux ; sur les jupes fourreaux, sauf pour la petite robe qui reste simple, bougent pans, tabliers en forme, demi-tuniques et tournures rejetées en arrière. D'autre part, la jupe-cloche et la jupe ample plissée « soleil » ont de nombreux partisans.

Sous le manteau, sous le vague essentiellement, on porte plus encore, cet automne, le tailleur que la robe ; le tailleur que certains couturiers veulent classique, fermé haut, avec de la variété dans les basques et les boutonnages, que d'autres veulent fantaisie, genre deux-pièces ; le manteau, toujours aussi confortable et douillet, est souvent un paletot de diverses longueurs. Là encore, sur deux-pièces, manteaux et paletots, les écharpes jouent leur jeu, ainsi que les capes, pèlerines et palatines.

Quelques-uns des noms dont nos couturiers ont baptisé leur collection évoquent assez bien l'idée de la ligne qu'ils ont adoptée ; Jacques Fath la nomme : la « Lionne 52 », jupe-bourdon (grosse cloche) et manche-gorgerette (montée près de la poitrine). Jacques Griffe : « Croissant de lune », dont la courbe évoque la souplesse arrondie du buste. Schia-parelli : « Le flux et le reflux », mouvements dus au balancement des volants et des bouillonnes. Madeleine de Rauch est sous l'influence Goya et Toulouse-Lautrec. À Jean Dessès nous devons la ligne « Sonnette », la « Ligne d'équilibre », à Manguin, pleine de charme ; la « Chaloupée », au jeune Alwynn, ligne mouvante et très asymétrique ; à Jacques Heim, la ligne « Guitare » ; « Girafe » à Carven : « Éventail» à la ligne de toute beauté de Jeanne Lafaurie. Enfin la très belle collection de Pierre Balmain, parisienne et équilibrée infiniment, est discrètement influencée par Venise et l'Espagne ; « Longue » et d'un seul jet, fine comme une tige, jusqu'aux robes du soir aux habituelles somptuosités, est celle de Christian Dior.

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°656 Octobre 1951 Page 625