La « stérilité », caractérisée par l'inaptitude à
procréer, peut être temporaire ou définitive. La première, de beaucoup la plus
fréquente et susceptible de traitements appropriés, doit être plus exactement
qualifiée d'« infécondité », par comparaison avec celle qui est
totale et permanente, sans espoir de guérison.
La fécondité des femelles domestiques, en général, étant à
la base de la prospérité de l'élevage du bétail et aussi de notre économie
nationale, la création d'organismes officiels encouragés par l'État, pour la
surveillance et le contrôle des exploitations agricoles, afin de dépister et
combattre toutes les causes de troubles des fonctions de reproduction, est
appelée à prendre une importance capitale dans la lutte collective contre les
maladies de la stérilité.
Si les fautes commises dans l'entretien et l'alimentation
des animaux, les maladies infectieuses spécifiques dont ils peuvent être
atteints, l'insuffisance des précautions hygiéniques pendant et après la parturition
sont autant de causes pouvant provoquer l'apparition de certaines de ces
maladies, il n'est pas moins évident qu'il existe surtout des prédispositions
particulières aux individus, anatomiques ou physiologiques, du fait de
déficiences ou de lésions intéressant l'appareil génital.
Succinctement décrit, celui-ci comprend, chez toutes les femelles,
la vulve et le clitoris, visibles extérieurement, le vagin qui lui fait suite à
l'intérieur du bassin, puis le col de l’utérus, court conduit, contractile et
dilatable (sphincter), formant la porte d'entrée de l'organe, encore appelé
matrice, dans lequel se développe le fœtus après la fécondation. D’autre part,
dans la cavité abdominale se trouvent les ovaires, organes essentiels de la
reproduction, sécrétant les ovules, qui, au cours des chaleurs, se détachent et
tombent dans les « trompes de Fallope », petits canaux exigus et
flottants, d'où ils peuvent gagner l'utérus, à la rencontre des spermatozoïdes
du mâle.
Cette description, toute schématique, de l'appareil génital
des femelles, ne laisse pas deviner sa complexité et sa fragilité pour l'acte
de la reproduction, mais la haute autorité du professeur Robin, de l'École d'Alfort,
parlant devant un auditoire de vétérinaires praticiens sur la stérilité des juments,
en a fourni une preuve évidente par les déclarations suivantes : « Quand
on songe à la multiplicité des événements dont le déroulement méthodique et la
succession régulière sont nécessaires pour assurer la conjonction des cellules
séminales mâle et femelle, puis le développement de l'œuf fécondé, on ne peut
être étonné de voir avec quelle facilité la fécondité peut être compromise.
» Même si on écarte d'emblée l'hypothèse de
l'infécondité du mâle, d'ailleurs rare et généralement facile à dépister, que
d'obstacles s'opposent à la fructueuse réunion du spermatozoïde et de l'ovule !
» Il faut d'abord que l'ovaire, d'une intégrité
physiologique parfaite, soit capable d'émettre des ovules normaux, vigoureux,
réceptifs. Ceux-ci, cueillis par le pavillon de la trompe, doivent cheminer
progressivement dans l'étroite lumière de ce conduit. Il faut encore que les
spermatozoïdes, ou tout au moins l'un d'eux, n'ayant rencontré sur sa route
aucun obstacle, n'ayant pas été détruit par des sécrétions pathologiques, puisse
arriver au contact de l'ovule.
» Enfin, il faudra que l'œuf fécondé trouve sur la
muqueuse de l'utérus une place favorable pour s'y installer, faire son nid, se
greffer et évoluer ensuite régulièrement jusqu'au complet développement du
fœtus. »
L'insémination artificielle, de plus en plus répandue pour
les vaches, du fait des examens qu'elle nécessite fournit des renseignements
précieux pour reconnaître et traiter les différentes causes de stérilité, et,
sur une proportion de 20 p. 100 environ de femelles réfractaires à la
fécondation, il a été établi que, sur 100 vaches ainsi reconnues, 70 à 80 en
moyenne, convenablement et rapidement soignées, peuvent retrouver une activité
génitale normale.
Les petites femelles domestiques présentent beaucoup moins souvent
des symptômes d'infécondité et plus rarement encore de stérilité, aussi c'est
surtout pour les juments que nous voulons appeler l'attention des éleveurs sur
la fréquence et les fâcheuses conséquences des troubles des fonctions de la
reproduction, se soldant chaque année par un déficit de naissances variant de
50 à 60 p. 100 environ.
D'où qu'ils proviennent, ces troubles doivent être soumis
sans délai à l'examen attentif du vétérinaire, qui décidera en connaissance de
cause d'un traitement spécial approprié (vitamines, opothérapie, œstrogènes,
etc.) ou d'une intervention manuelle ou chirurgicale, toujours délicate,
souvent dangereuse (massage des ovaires, extirpation de kystes ou tumeurs,
dilatation du col de l'utérus, etc.).
Mais il arrive fréquemment qu'un simple catarrhe vaginal
transforme les sécrétions de la muqueuse normalement alcalines en un liquide à
réaction acide dans lequel les spermatozoïdes déposés au moment de
l'accouplement sont plus ou moins rapidement tués. Dans ce cas, qui n'est pas toujours
soupçonné ou reconnu, le propriétaire d'une jument destinée à la saillie peut
agir préventivement et très utilement pour favoriser la fécondation à l'aide
d'injections antiseptiques et alcalines tiède avec une solution de bicarbonate
de soude à 5 p. 100, ou, mieux encore, avec un mélange de 25 grammes de
phosphate de soude et de 50 grammes de bicarbonate dissous dans 2 litres d'eau.
Ces injections sont faites matin et soir, pendant trois ou quatre jours avant
l'accouplement et, la dernière fois, une heure ou deux avant la présentation à
l'étalon.
J.-H. BERNARD.
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