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Rationnement des porcs

Denrées de consommation courante.

— Physiologiquement parlant, les porcs sont des omnivores qui font ventre de tout. Ils consomment indistinctement des substances végétales, animales et minérales les plus diverses.

Cette adaptation à déglutir et à assimiler toutes sortes de denrées et de produits fait que les porcs peuvent être nourris de multiples manières, suivant les ressources dont on dispose si l'on est cultivateur, mais en faisant un choix sensé des aliments si l'on doit les acheter, en recherchant les plus économiques.

Cette latitude ne doit cependant pas faire perdre de vue que, suivant les cas, les rations doivent être équilibrées pour les besoins de l'accroissement ou de l'engraissement, et ceux de la gestation ou de l'allaitement chez les truies. On devra donc faire une différence s'il s'agit de porcelets au sortir du sevrage, de coureurs, de porcs à l'engrais, de truies portières ou de nourrices.

Les denrées les plus fréquemment employées pour nourrir les porcs peuvent être fournies par les produits de la culture. Ce sont notamment les céréales (orge, maïs, avoine, blé, seigle, riz, sorgho, dari, millet, etc.). Viennent ensuite les légumineuses (féverole, pois bisaille, vesce, lupin, etc.) ; les fourrages sont aussi d'un bon appoint, soit à l'état vert, soit en farine, après dessiccation (luzerne, trèfle, sainfoin, chou, salade, herbe de prairie, etc.). À cela il faut ajouter les tubercules (pommes de terre et topinambours), ainsi que les plantes racineuses (betteraves, carottes, raves, navets, rutabagas, etc.). Enfin, dans la série des sous-produits fermiers, il y a le lait écrémé, le babeurre, le sérum de fromagerie, les eaux grasses ménagères, les marcs de pommes et de raisins, les fruits avariés, les châtaignes, les marrons d'Inde, les glands, etc.

Ces denrées, associées en proportions convenables, permettent de combiner une foule de rations adaptées aux différents âges et aux fonctions, ce que l'on peut faire également en utilisant exclusivement des produits et des résidus industriels ainsi que des denrées exotiques que l'on trouve couramment dans le commerce.

Résidus industriels.

— Dans l'énumération succincte ci-après, ce sont les tourteaux qui tiennent la première place, notamment les tourteaux d'arachide, de palmiste et de coton dans la série des exotiques ; les tourteaux de colza, de navette de lin et d'œillette dans la série des indigènes.

Les sons et les recoupettes des diverses céréales jouent aussi un rôle important dans l'alimentation des cochons, en raison de l'appétence qu'ils communiquent aux aliments auxquels ils sont associés.

Citons, par rang d'importance, la farine de manioc, les farines animales (poudre de viande, de poisson, sang desséché), les pulpes fraîches ou séchées de distillerie, de sucrerie, de féculerie, les radicelles d'orge, la mélasse, les coques de cacao.

À cela il faut ajouter les minéraux et les principes vitaminés et énergétiques, tels que les poudres phospho-calciques, le sel marin, le charbon de bois pilé, le soufre, l'huile de foie de morue, la levure de bière, etc., qui jouent un rôle stimulant, digestif, désinfectant, anti-parasitaire.

Les rations équilibrées.

— Il est possible, sans rien acheter, de combiner des rations contenant tous les principes utiles à des porcs de tous les âges, rien qu'avec les produits récoltés à la ferme.

De nombreuses provendes équilibrées peuvent être obtenues en associant des céréales à des légumineuses et à du lait écrémé, apportant la protéine, les substances d'origine animale étant plus profitables que celtes d'origine végétale.

Comme ration de base pour un coureur pesant 60 à 65 kilogrammes, en accroissement charpentier et viandeux, on pourrait distribuer le mélange suivant :

Farine d'orge 1.000 grammes.
Sons mélangés 500
Farine de féverole 450
Minéraux composés 50
Verdures et racines 2 kilogrammes.

Cette provende conviendrait également aux porcelets au sortir du sevrage, à condition de remplacer la farine de féverole par du lait écrémé doux. Il en faudrait 4 litres pour apporter en protéine l'équivalent de la légumineuse.

Les porcs à l'engraissement devront recevoir une pâtée plus riche en matières hydrocarbonées et grasses. On aura intérêt, tout en forçant la dose de céréales, de remplacer la farine d'orge par la farine de maïs. Une ration équilibrée pour un porc de 100 kilogrammes peut être établie de la façon suivante :

Farine de maïs 1.800 grammes.
Sons mélangés 400
Farine de féverole 250
Minéraux associés 50
Verdures diverses 2 kilogrammes.

La farine de féverole pourrait être remplacée par 2 litres et demi de lait écrémé ou de babeurre.

Si on utilisait la pomme de terre cuite, au lieu et place des céréales, il faudrait trois fois plus de tubercules que de farine.

Les rationnements industriels.

— Si l'on devait acheter toutes les denrées consommées par les porcs, et que l'on ne puisse pas se procurer de lait écrémé, on aurait recours au tourteau et à la farine animale pour enrichir la ration en protéine.

Type de ration pour coureurs pesant 70 à 75 kilogrammes :

Farine d'orge et de mais 2.000 grammes.
Tourteau d'arachide et sang desséché 500
Grain germé (pesé sec) 250

Une foule d'autres combinaisons peuvent être admises. Mais il est nécessaire d'élargir la relation nutritive, au fur et à mesure que les porcs prennent de l'âge et du poids. Si les jeunes gorets, au sortir du sevrage, peuvent se contenter de 1 d'azote pour 4 d'hydrates de carbone (soit 1/4), il convient de porter cette proportion à 1/5 pour les coureurs et à 1/6 pendant la période de l'engraissement.

Les truies en gestation et en allaitement ont besoin de beaucoup d'azote. On leur donnera en supplément des denrées riches en protéine, sans oublier les verdures, dans le cas où on ne pourrait pas les envoyer pâturer.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°657 Novembre 1951 Page 681