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Cultures peu connues

La lentille

Originaire de l'Asie, cette plante est cultivée depuis les temps les plus reculés en Orient et dans le bassin méditerranéen, où elle a donné naissance à de nombreuses variétés.

En France, parmi les plus répandues nous devons signaler :

  • La lentille large blonde, appelée également lentille commune, lentille de Lorraine, est beaucoup cultivée dans l'Est de la France ;
  • La lentille du Puy est surtout cultivée dans la Haute-Loire et le Cantal, où elle est très estimée ;
  • La lentille petite, dont la graine ressemble par la forme et la couleur à la lentille large blonde, mais dont elle diffère par la taille, qui est moitié plus petite, est une variété très estimée en raison de la très grande finesse de sa peau.

Bien que de culture facile, la lentille aime surtout les terrains légers, c'est d'ailleurs dans ceux-là que sa production est la plus abondante. Les sols granitiques et ceux qui ne renferment qu'une faible quantité de calcaire lui conviennent également.

Par contre, dans les terres fortes, elle pousse certes bien, mais donne peu de graines. De même, dans les sols fortement fumés, riches en azote, les rendements sont minimes, aussi est-il recommandable de ne cultiver cette plante que dans des terrains n'ayant pas reçu de fumure organique depuis un an ou deux. Toutefois, une fumure complémentaire comprenant de 200 à 300 kilogrammes de superphosphate et 150 à 200 kilogrammes de sulfate de potasse ou de chlorure de potassium à l'hectare, incorporée au sol par un scarifiage trois semaines à un mois avant le semis, est du meilleur effet.

Quant à l'exécution du semis, elle s'effectue dans le courant de mars, en rayons espacés de 25 à 30 centimètres : on peut également pratiquer le semis en touffes ou poquets disposés en échiquier et écartés les uns des autres de 35 à 45 centimètres.

La quantité de graines à utiliser est en moyenne de 90 à 100 kilogrammes à l'hectare. Après la levée, on donne un premier binage et un second à l'époque de la floraison.

La récolte se fait ordinairement fin juillet début août ; on ne doit pas attendre que la maturité soit trop avancée pour éviter l'égrenage. Le rendement moyen est d'environ 10 quintaux à l'hectare.

Après l'arrachage, les plantes sont réunies en petites bottes. Après un séjour d'une semaine tout au plus sur le terrain, les bottes sont rentrées. Les graines se conservent mieux dans les cosses que battues. Il est d'usage, dans beaucoup d'exploitations, de ne battre les lentilles qu'au fur et à mesure des besoins.

Comme le pois, les lentilles ont fréquemment à souffrir des attaques d'une bruche qui évolue de la même façon que celle du pois. Pour enrayer les dégâts, le mieux est de soumettre la semence à l'action du sulfure de carbone.

A cet effet, on place les graines dans une caisse à fermeture hermétique dans laquelle on a disposé au préalable un petit récipient contenant un peu de sulfure. Au bout d'une douzaine d'heures, la destruction des larves est totale.

Les lentilles constituent un légume de premier ordre, très riche et très rafraîchissant ; il résulte de ce fait qu'elles sont particulièrement recherchées par les établissements qui ont un grand nombre de personnes à nourrir (armée, hôpitaux, internats, communautés, etc.).

A Goumy,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°658 Décembre 1951 Page 736