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Essences fruitières trop peu cultivées

Le noisetier

Bien que cet arbuste, qui croît à l'état sauvage dans les taillis et les haies de toute l'Europe tempérée, ait été fortement amélioré par la culture et soit susceptible de réussir dans presque tous les terrains, les plantations en sont assez rares en France. Il n'en est d'ailleurs pas de même en Grande-Bretagne, où il est, au contraire, très cultivé et donne un produit considérable par suite du prix élevé des noisettes de choix qu'on y récolte.

Tout le monde connaît le noisetier, dont les fleurs apparaissent en hiver, fort longtemps avant les feuilles, et sont unisexuées, les mâles disposées en longs chatons pendants, les femelles en épis très courts ; ces dernières facilement reconnaissables aux stigmates rougeâtres qui dépassent les écailles du bourgeon dans lequel elles sont enfermées.

La noisette est très appréciée. En dehors de l'usage que l'on en fait pour le dessert et la confiserie, on en tire une ' huile fine ayant son emploi dans l'alimentation, la parfumerie et la peinture.

Exigences

Le noisetier Noisette de Trébuonde préfère les sols silico-argileux.

Les terrains trop arides, de même que ceux trop compacts, humides et froids, sont contraires à sa bonne végétation.

Complètement rustique dans toute la France, il n'y est sensible qu'aux gelées printanières, susceptibles de compromettre sa fructification. Il a une préférence marquée pour les coteaux. Dans le Nord, une exposition ensoleillée lui convient, tandis que, dans le Midi, une situation semi-ombragée est à rechercher. En plaine, il doit être abrité des vents du Nord pour bien fructifier.

Multiplication

Le marcottage par couchage est le mode de multiplication le plus courant du noisetier. Les pieds-mères devant fournir les marcottes doivent être fumés convenablement, afin que ces dernières aient une bonne vigueur. Il faut avoir soin de détruire les vers blancs, friands des racines de noisetier et capables de causer, certaines années, de graves dégâts dans les carrés de pieds-mères. L'émission des racines peut être facilitée par une incision faite, sur les rameaux marcottés, dans la partie enterrée. Lorsque l'enracinement est jugé suffisant, on arrache les marcottes, de préférence au début de l'hiver, et on les plante.

Plantation

On peut faire, avec les noisetiers, des plantations homogènes, c'est-à-dire ne comprenant que des noisetiers. Dans ce cas, ne pas craindre de leur donner de l'air. Les meilleures distances sont 4 à 5 mètres, en tous sens, selon la fertilité du sol. En plaine, on peut sans inconvénient augmenter quelque peu ces distances.

Parfois aussi, on plante ces arbustes en bordure des vergers ou à la limite des terrains de culture, ou encore le long des cours d'eau, où ils se comportent fort bien. Dans ces diverses situations, on les distance de 4 à 5 mètres.

Culture

Taille

Après la première année de végétation, on taille la cépée de noisetier à 15 ou 20 centimètres du sol pour en obtenir des pousses vigoureuses. Parmi celles-ci, on conserve de préférence les plus extérieures, de façon à donner à la touffe une forme évasée au centre et à faciliter ainsi la pénétration de la lumière, dont l'action est prépondérante pour une bonne fructification.

Chaque année, on supprime les rameaux qui se sont développés au pied de la touffe et qui feraient confusion, et on conserve à la cépée la forme évasée qu'on lui a donnée. À cela se borne, le plus souvent, la taille annuelle. Mais, lorsque l'on veut obtenir des noisettes plus volumineuses, on peut appliquer au noisetier une taille modérée, que l'on effectue à l'époque de la floraison. Les fleurs femelles se formant à l'extrémité des petites brindilles, il est facile d'en réduire le nombre. Il ne faut pas manquer de réserver un nombre de chatons mâles suffisant pour assurer la fécondation.

À mesure que les branches vieillissent, elles deviennent moins fructifères. Aussi est-il nécessaire de renouveler la charpente soit par un rabattage de toutes les branches au ras du sol, effectué tous les huit à dix ans, soit progressivement, et au fur et à mesure de leur épuisement, au moyen de brins vigoureux sortant de terre du même côté de la touffe que les branches à renouveler.

Soins culturaux

Une plantation de noisetiers faite en vue de la spéculation doit être tenue propre. Les mauvaises herbes, en effet, concurrencent l'arbuste, dont l'enracinement est assez superficiel, et ont une influence néfaste sur sa production. Au cours de la belle saison, il faut donc faire deux ou trois binages au moins.

Variétés

Il en existe un grand nombre, les unes à fruit allongé et involucre long, les autres à fruit arrondi et involucre court. Les premières réussissent mieux dans les régions montagneuses et dans le Nord, tandis que les secondes donnent en général de meilleurs résultats dans le Midi. Voici quelques-unes des plus répandues :

  • Blanche longue, ou Aveline à pellicule blanche, très bonne, maturité précoce.
  • Rouge longue, ou Aveline à pellicule rouge, mêmes caractéristiques.
  • Impériale de Trébizonde, fruit très gros, très bon, mûr fin août, variété de commerce très fertile.
  • Bergeri, bonne, à maturité tardive, malheureusement peu rustique et peu fertile.
  • Aveline à feuilles pourpres, bonne, à maturité mi-tardive, rustique et productive, et en même temps ornementale par son feuillage.
  • Ces variétés sont à fruit allongé, sauf Impériale de Trébizonde.
  • Merveille de Bollviller, très bonne, à maturité précoce, de moyenne fertilité.
  • De Kérazonde, très bonne également, à maturité mi-tardive, très fertile. Ces deux dernières sont à fruit arrondi.

Récolte et conservation

On doit récolter les noisettes lorsque l'involucre de bractées entourant le fruit commence à changer de couleur ou à se flétrir légèrement, et que la cupule se détache avec facilité.

Il faut cueillir à la main en abaissant les branches avec des crochets en bois.

Les noisettes sont étendues à l'ombre dans un endroit bien aéré. On les remue de temps en temps. La noisette se sépare de son enveloppe, après quoi on la porte au grenier, à l'ombre et au sec.

On peut garder les noisettes fraîches en les enrobant dans du sable sec, de la sciure ou de la tourbe sèches.

Ce fruit supporte les transports à longue distance mieux que tout autre fruit.

Maladies et insectes nuisibles

La seule maladie à craindre est le blanc, dû à un champignon (Phyllactina suffuta) qui attaque le dessous des feuilles sans toutefois causer de graves dégâts. Des soufrages préventifs peuvent être utiles.

Un insecte est, par contre, redoutable. C'est le balanin des noisettes, charançon jaunâtre pourvu d'un bec (rostre) très long et fort. La femelle, après avoir percé la coque de la noisette, dépose un œuf par fruit en juin-juillet. La larve qui naît de cet œuf dévore l'amande. La noisette tombe sur le sol, et la larve s'y enfonce pour se métamorphoser.

On peut recommander de ramasser et de détruire toutes les noisettes tombées et véreuses. La désinfection du sol, pratiquée à l'automne à l'aide d'un produit à base de H. C. H. ou de sulfure de carbone, est également efficace.

Conclusion

Elle sera brève !... Le noisetier ne demande qu'à pousser en France et à y fructifier. Or, sur les 20.000 quintaux de noisettes que nous utilisons, bon an mal an, nous en produisons mille. Le reste est acheté en Turquie, en Italie et en Espagne, au détriment certain de notre balance commerciale. Plantons donc des noisetiers !

E. Delplace.

Le Chasseur Français N°658 Décembre 1951 Page 737