Au jardin d'agrément, les feuilles des arbustes caducs sont
à présent, et depuis quelque temps déjà, toutes tombées. Quelques touches de
verdures subsistent cependant encore dans les massifs, constituées par les
conifères et les arbustes à feuilles persistantes introduits dans la
plantation. De loin en loin se détache un groupe de cotonéaster, de crataegus
ou de buissons ardents dont les fruits rouge vif ou jaune orange jettent une
note gaie dans cet ensemble malgré tout un peu triste !...
Évidemment, c'est l'hiver et l'on ne peut prétendre, en
cette saison, rencontrer dans le jardin les magnifiques floraisons dont le
printemps, l'été et même l'automne nous ont gratifiés.
Mais il est tout de même possible, si la plantation a, été
bien étudiée, d'y trouver, au cours de la période hivernale, un certain nombre
d'arbustes fleuris dont la présence sera grandement appréciée bien que,
souvent, leur aspect soit beaucoup plus modeste que celui des rosiers, lilas,
deutzias et autres arbustes dont les fleurs s'épanouissent au cours de la belle
saison.
Voici, en effet, une courte liste d'espèces arbustives
fleurissant entre novembre et mars :
L'arbousier, ou arbre aux fraises (Arbutus unedo) ,
qui résiste bien aux environs de Paris dans les endroits sains et abrités,
ainsi que sous le couvert de grands arbres, est un arbuste à feuilles
persistantes dont les fleurs blanches ou rosées, pendantes, sont groupées en
panicules terminales. A ces fleurs succèdent des fruits rouges qui rappellent
un peu des fraises.
Le bois gentil (Daphne mezereum) a de
cinquante centimètres à un mètre. Il perd ses feuilles l'hiver, mais se couvre
en février-mars, avant que les nouvelles ne paraissent, de fleurs roses, très
odorantes, éparses et collées le long des rameaux. Il en existe d'ailleurs une
très belle variété à fleurs blanches.
Le calycanthe précoce (Chimonanthus fragrans)
est un arbuste à rameaux raides, à feuilles caduques, dont les fleurs,
disposées en faisceaux sur les ramilles, sont pendantes, les unes jaune cireux,
les autres pourpres, à odeur de miel, et s'épanouissent en décembre-janvier.
Le Lonicera Standishii est un chèvrefeuille arbustif,
pouvant atteindre 1m,50 de hauteur, à feuilles caduques et à fleurs blanches,
odorantes, groupées par deux et paraissant en février. Des fruits rouges
succèdent à ces fleurs.
Le Lonicera fragrantissima est une espèce voisine, de taille
un peu plus grande, à rameaux rouges, longs et forts, à feuilles persistantes
et à fleurs blanches, très odorantes, s$e montrant également en février.
Le mahonia à feuilles de houx (Mahonia aquifolium)
fleurit un peu plus tard, en mars. Ce magnifique arbuste, à feuilles
persistantes, dentées, épineuses, est très répandu, ainsi qu'une espèce
voisine, le Mahonia fascicularis. L'un et l'autre ont des fleurs jaunes,
en grappes terminales, souvent fort abondantes et décoratives.
Le laurier-tin (Viburnum tinus) peut atteindre
deux à trois mètres. C'est un arbuste buissonnant, compact, dont les feuilles
persistantes, ovales et luisantes, sont d'un beau vert foncé. Ses fleurs sont
rosées en boutons, blanches lorsqu'elles sont épanouies, en nombreux petits
corymbes terminaux. Elles s'ouvrent successivement, de décembre à mars, au
cours des périodes de temps relativement doux. Réussissant même en sol
calcaire, cet arbuste craint les grands froids et gèle parfois dans le Nord et
l'Est de la France.
Le Pieris japonica, connu aussi sous le nom d'Andromeda
japonica, est un arbuste de terre de bruyère, dressé et touffu, de un mètre
à 1m,50 de hauteur, à feuilles persistantes, luisantes, rapprochées au sommet
des rameaux. En février-mars, ce bel arbuste se couvre de fleurs blanches,
disposées en longues grappes unilatérales réunies en panicules terminales,
pendantes et très fournies.
La bruyère rose {Erica. Carnea) appartient à
la même famille. Ce très petit arbuste étalé et traçant ne dépasse guère
vingt-cinq centimètres. Il est très rustique, à condition d'être cultivé en
terre de bruyère, et fleurit de janvier à mars. Ses fleurs sont rosé foncé,
très nombreuses, en grappes unilatérales et terminales. Il en existe une
variété à fleurs blanches.
De nombreuses espèces de rhododendrons fleurissent au
cours de la période hivernale. Citons le R. dahuricum, arbuste dressé,
de cinquante centimètres à un mètre, à feuilles en partie caduques et à fleurs
rosé purpurin, solitaires ou réunies par petits groupes au sommet des rameaux,
paraissant de janvier à mars.
Le Rhododendron praecox, hybride du précédent et du R.
ciliatum, à fleurs roses bien plus grandes et bien plus belles.
Le Rhododendron moupinense, haut de un mètre environ,
à fleurs groupées par deux ou par quatre, larges de six à sept centimètres,
blanches teintées de rosé au sommet, à cinq divisions, les supérieures souvent
ponctuées de rose, s'épanouissant dès février, espèce des plus remarquable par
sa précocité et la beauté de ses fleurs.
Les rhododendrons sont aussi des arbustes redoutant le
calcaire, à cultiver de préférence en terre de bruyère.
Le Skimmia oblata, bien que réussissant aussi en
terre siliceuse et fraîche, se plaît également en terre de bruyère et s'associe
fort bien aux rhododendrons. C'est un bel arbuste touffu, à feuillage
persistant, à fleurs blanches, très odorantes, en panicules terminales
paraissant en février et auxquelles succèdent des fruits gros comme des pois,
d'un beau rouge vif, qui persistent fort longtemps.
Fort intéressant par la beauté et la précocité de sa
floraison est encore l’abricotier mume {Prunus mumes), arbrisseau
buissonneux, très ramifié, de deux à quatre mètres de haut, à fleurs roses ou
blanches, semi-doubles dans une variété, paraissant en mars avant les feuilles.
Les fruits en sont petits et sans valeur comestible. Son intérêt est donc
purement ornemental. Il en est d'ailleurs de même de l’amandier de David
(Persica Davidiana), qui fleurit encore plus tôt, en fin février.
Bien qu'il nous soit possible d'allonger quelque peu cette
liste, nous terminerons par un arbuste sarmenteux, très robuste, vigoureux et
fleurissant abondamment de janvier à mars, c'est-à-dire au cœur même de
l'hiver. Il s'agit du jasmin à fleurs nues {Jasminum nudiflorum),
à. fleurs d'un beau jaune soufre, inodores, collées le long de longs rameaux
souples et retombants qui font très bel effet dans les rocailles ou palissés
sur un treillage, de préférence en situation ensoleillée.
E. Delplace.
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