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Le déchaumage

L'importance du déchaumage ne sera jamais assez soulignée. Les avantages de cette opération sont immenses si, bien entendu, elle est effectuée sans retard et avec soin.

Chacun sait qu'elle consiste à ameublir les surfaces qui viennent d'être moissonnées.

Examinons à ce propos le phénomène qui se produit, lorsque la récolte de céréales a lieu. D'une façon générale, les chaumes sont bien droits et la terre est tassée, souvent très dure et desséchée. Cette véritable croûte a pour effet d'augmenter l'évaporation du sol. Or il est inutile d'insister sur l'importance, pour les semailles prochaines, de la teneur en eau de la terre. Les déchaumeuses briseront cette croûte superficielle, détruiront les capillaires qui s'étaient formés et conserveront en août et septembre, notamment, l'humidité du sol.

Que la saison soit sèche ou pluvieuse, ceci est très important. Dans le premier cas, l’évaporation intense est arrêtée ; dans le second cas, la pénétration de la pluie est facilitée.

Dans son remarquable ouvrage Le Travail du sol et le tracteur, M. H. Mais donne, d'après des analyses effectuées à différentes époques, les excédents d'eau contenus dans un peu plus d'un demi hectare de terre déchaumée, par rapport à la même surface non déchaumée, sur une épaisseur de 60 centimètres :

9 août,

excédent de la parcelle déchaumée sur l’autre :

910 hl. d’eau

3 septembre,

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980 hl. d’eau

7 septembre,

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2.170 hl. d’eau

30 septembre,

==

2.380 hl. d’eau

L'excédent se maintient pendant tout l'hiver.

Le déchaumage arrête aussi le développement des mauvaises herbes ; chiendent à chapelet, chiendent ordinaire, ravenelle, coquelicot, etc. Cette végétation parasitaire, si on la laisse se développer, prélève une importante quantité d'eau et diminue la fertilité de la terre. Ces mauvaises herbes seront donc arrachées et se dessécheront ou seront enterrées.

Il est évident que les graines dont le cycle de développement est court germeront dans le sol ameubli, mais la nouvelle pousse sera enfouie lors des prochains labours. On peut encore les détruire par des façons superficielles avant l'automne. Quoi qu'il en soit, ce sera toujours une importante quantité de mauvaises herbes qui ne saliront pas la récolte future.

Il convient de souligner un autre avantage important du déchaumage : il permet d'enfouir les engrais phosphatés et potassiques. Ces amendements» s'ils sont effectués sans retard et bien répartis, auront un effet maximum. si, l'on tient compte de ce que la décomposition des chaumes, à là suite de leur enfouissement, accroît la richesse de la terre en humus, on peut bien dire que le déchaumage est un facteur essentiel du maintien et de l'augmentation de la fertilité de la terre.

Ajoutons, en ce qui concerne l'emploi des engrais, que l'on a intérêt à enfouir très rapidement les scories et les phosphates moulus. Leur principe fertilisant est en effet assez long à se répartir totalement dans le sol et, s'il est épandu trop tard, il risque de ne pas être tout à fait assimilable pour la plante. Les superphosphates peuvent également être enfouis au moment du déchaumage. De multiples expériences ont prouvé que leur pouvoir fertilisant reste à peu près le même indéfiniment ; même dans les sols dont la teneur en chaux est très forte.

Le déchaumage permet également de détruire certains insectes nuisibles, vers blancs, taupin, etc. Ces parasites se trouvent, en été, près de là croûte du sol; ils n'aiment pas les terres ameublies. Une façon superficielle découvrira leurs larves, dont un grand nombre périront.

En outre, la pénétration de l'air favorisera la nitrification du sol grâce au développement des micro-organismes, agents indispensables de la vie de la terre. Ainsi des quantités importantes d'azote, qui auraient dû, sans cette opération, être apportées du dehors sous forme de nitrate, seront mises d'une façon économique à la disposition des prochaines récoltes. Le déchaumage peut s'effectuer avec une charrue ordinaire ou polysocs ou avec des scarificateurs. Notons que l'emploi des pulvérisateurs ou déchaumeuses à disques est de plus en plus préconisé.

La croûte desséchée du sol n'offre pas une résistance très grande et la dépense d'énergie nécessaire au déchaumage est faible. Aussi il peut être effectué avec un cheval.

D'aucuns diront qu'en raison du grand nombre de travaux à cette époque de l'année et de la rareté de la main-d'œuvre il est parfois difficile de loger cette opération. Nous croyons avoir démontré son impérieuse nécessité. Il est absolument indispensable, si l'on veut ménager sa terre « en bon père de famille », de l'effectuer sans retard.

C'est pourquoi nous concluons en souhaitant que les exploitations possèdent toute une gamme d'outils nécessaires aux labours légers et adaptés de préférence à un tracteur, afin de réaliser ce labour dans les temps les plus courts.

G. Delalande.

Le Chasseur Français N°658 Décembre 1951 Page 740