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Améliorez votre marais

La Brière est un des meilleurs marais de bécassines de France. On peut y chasser à pied, au cantonnement et en bateau à l'approche sur le butteau quand l'eau est assez haute. Marais très complet. Les passages de canards du matin y sont souvent très bons. La volée du soir avant la pose est très amusante. Que demander de plus ?

La bécassine a une prédilection pour les vers, elle recherche les endroits garnis de touffes de joncs et de roseaux clairsemés, et les terrains tourbeux où elle peut véroter à son aise. Elle n'aime pas la mousse et l'herbe. Le premier problème à résoudre est donc de supprimer ces dernières pour que notre gibier de prédilection ait ce qui lui convient.

Nous avons tous constaté que les terrains propices qui ont été piétines par les bestiaux et fumés par eux sont généralement fréquentés par les bécassines, mais nous pouvons faire mieux en profitant de l'expérience d'autrui.

1° Brûler en été les terrains à bécassines quand ils sont secs après avoir été fauchés. Avant de prendre de l'eau, la mousse se consume et les pieds de joncs reparaissent. Le feu peut avoir des inconvénients dans les terrains tourbeux, qui brûlent si l'eau tarde à venir. Dans ce cas, répandre sur la mousse du « sulfate de fer neige » qu'on arrose légèrement une fois répandu. Huit jours après, la mousse est morte.

2° Faire des « noirs » en V ou circulaires (8 à 10 m. de diamètre) tous les 200 ou 300 mètres. Gratter la mousse morte avec un râteau, faucher l'herbe, laisser quelques touffes de joncs, marquer les endroits ainsi préparés d'un piquet.

3° Il faut, après cela, épandre du sang, comme cela se pratique en Italie et comme je l'ai déjà dit dans mon livre Chasses de Brière ; le faire voisiner avec du fumier de porc sur les « noirs », et, comme le disait le marquis Strozzi, charmant camarade du tir aux pigeons, les bécassines viendront piquer les vers qui sortiront au bout de peu de jours.

4° Labourer et semer du maïs dans les terrains peu inondés, les prairies marécageuses par exemple. Après la récolte, laisser les pieds, qui forment un abri, et la terre labourée est ainsi favorable aux bécassines. L'exemple du marais d'Orth, entre Dax et Bayonne, prouve l'efficacité du système.

En résumé, on est largement récompensé de ces peines et soins, en somme peu onéreux si on les compare aux frais exorbitants aujourd'hui d'une chasse au gibier sédentaire. Dès qu'un passage se produit, les bécassines afflueront. En se cantonnant, elles en attirent d'autres. Dernière recommandation : ne pas chasser dans votre marais plus de deux jours par semaine, et jamais deux jours de suite dans le même endroit sur les bécassines. Cela revient à nos principes, qui sont valables pour toutes les chasses : soyez prévoyants, aménagez votre marais pour y trouver le maximum de satisfaction, mais évitez la destruction systématique du gibier et dites-vous qu'en opérant ainsi vous conservez la graine de vos succès futurs.

Jean DE WITT.

Le Chasseur Français N°659 Janvier 1952 Page 6