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Arrachage des pommes de terre

Dans de nombreuses exploitations de moyenne importance, la culture des tubercules et racines entraîne souvent des frais énormes, en raison des multiples opérations à effectuer et c'est le cas, notamment, pour l'arrachage. On préfère la culture des céréales, entièrement mécanisée, à celle des plantes sarclées. Il n'est pas possible, cependant, si l'on veut maintenir la fertilité, c'est-à-dire la prospérité continue de sa terre, de supprimer les plantes sarclées. Toutes les régions à haut rendement ne sont-elles pas, en effet, celles où se pratique la culture betterave-pomme de terre ?

L'arrachage des tubercules est une opération importante. Il s'agit de récolter rapidement afin d'être en mesure d'effectuer les labours pour les prochaines semailles avant les mauvais jours. Le problème n'est donc pas de diminuer l'importance des cultures sarclées, mais de développer la mécanisation de ces cultures.

De nombreux constructeurs s'efforcent de résoudre ce problème capital. Comment se présente-t-il, en ce qui concerne la récolte des pommes de terre ? Les tubercules sont plantés en ligne et éloignés les uns des autres d'un espace variant de 30 à 50 centimètres. Les pousses qui sortent de terre sous la forme d'une touffe sont, quelques mois après, binées et buttées et les tubercules à récolter plus ou moins éparpillés et à une profondeur variable. La machine doit donc soulever un volume de terre suffisant, qui sera pulvérisé à l'aide d'un système de chaînes secoueuses, ou tablier de fourches, ou de turbines, pour séparer la terre des pommes de terre.

L'importance du soc dans cette opération mécanisée saute aux yeux. Le soc idéal doit, en effet, pénétrer sous le billon à peine en dessous des tubercules, afin de soulever le minimum de terre et de faciliter ainsi le secouage.

Avec les arracheuses à fourches, un soc incurvé donne des résultats satisfaisants. Avec les arracheuses à tablier — les éléments du tablier sont des tiges de fer entraînées latéralement sur les côtés de la machine par des chaînes sans fin — les bords du tablier pénètrent dans la terre laissée par le soc de chaque côté. C'est la raison pour laquelle ces arracheuses sont équipées, en principe, d'un soc plat de forme triangulaire à l'avant et comportant une partie rectangulaire à l'arrière. Ce soc découpe une bande de terre plus importante qu'il n'est nécessaire. Il paraît cependant difficile d'éviter cet inconvénient, étant donné que la largeur du soc ne doit pas être inférieure à celle du tablier. On lui reproche également de ne pas faciliter le passage de la terre sur le tablier. Il arrive, en effet, que la butte se disloque avant d'être engagée sur le séparateur, et des tubercules risquent d'être perdus.

Des résultats satisfaisants ont été obtenus à l'aide d'un soc formé d'un ou de deux disques concaves, analogues à ceux des charrues à disques d'un diamètre de 70 centimètres. Si ce système attaque très bien la terre, en réduisant au minimum le volume soulevé et en évitant les bourrages, le passage de la terre sur le tablier n'est pas à l'abri de tout reproche.

Quoi qu'il en soit, les arracheuses de pommes de terre sont devenues indispensables. De l'avis de nombreux utilisateurs, les modèles à tablier donnent satisfaction même dans les terres fortes et très humides. Elles ne blessent pas les tubercules, les groupent en ligne et ne les recouvrent pas de terre. Les systèmes à tablier présentent, toutefois, l'inconvénient de s'user trop vite, en raison de la pression trop forte que supporte chaque élément du tablier et les secousses continuelles. Il est souvent nécessaire, après 25 ou 30 hectares, de changer chaîne, galets secoueurs et même les pignons d'entraînement.

La présence des fanes ne permettrait pas de procéder à un arrachage satisfaisant par suite des bourrages et du quasi-blocage de la machine qu'elles provoqueraient. La destruction peut avoir lieu mécaniquement ou par épandage d'une solution chimique, ou encore en utilisant un lance-flamme.

Les procédés mécaniques sont les plus délicats à employer par suite de l'enchevêtrement des fanes. Il est très difficile de les faucher, les fanes étant couchées par la lame ou arrachées.

Certains producteurs de plants utilisent maintenant une solution de sulfate d'ammoniaque à 30 p. 100 (300 à 350 kilos de sulfate à l'hectare) qui donne d'excellents résultats. Cette solution ne présente pas l'inconvénient d'accroître l'acidité du sol comme le fait une solution d'acide sulfurique ou de glacer la terre comme le chlorate de soude.

Les lance-flammes sont une adaptation agricole de l'engin de guerre du même nom. Plus de 600.000 lance-flammes sont en service aux U. S. A. et 80.000 en Angleterre. Cet appareil est maintenant fabriqué en France sous le contrôle du groupement des producteurs de pommes de terre (Section machinisme).

Il s'agit là d'un appareil spécialisé, donc coûteux, et qui ne sert que pour une seule opération pendant quelques heures.

On se heurte toujours au gros inconvénient du machinisme : l'importance du financement, par suite d'un grand nombre et de l'extrême diversité des appareils nécessaires et utilisables que pour une seule opération. Cet inconvénient est particulièrement vrai pour l'arrachage des tubercules. Ce matériel est cependant d'une utilité absolue. Aussi bien, en raison de l'impérieuse nécessité non seulement de maintenir, mais d'accroître les cultures sarclées, il faut recourir, quand l'équipement individuel n'est pas possible — et c'est le cas de la majorité des moyennes exploitations, — à l'acquisition en commun de cet équipement.

Toutes les fermes pourront ainsi bénéficier des avantages offerts par la mécanisation et seront libérées d'une servitude qui risque de devenir de plus en plus accablante pour les petites exploitations.

G. DELALANDE.

Le Chasseur Français N°660 Février 1952 Page 100