Au cours d'une précédente causerie consacrée à la pêche en
canoé, nous avions signalé l'avantage que pouvait offrir l'emploi d'un flotteur
latéral utilisé comme stabilisateur. Plusieurs lecteurs nous ayant fait part de
l'intérêt qu'ils portaient à la question, nous pensons utile de traiter
aujourd'hui le sujet plus à fond. Le modèle que nous proposons est léger, très
efficace et facile à construire.
Le flotteur (fig. 1) est constitué par quatre
parois assemblées sur des gabarits intérieurs (B) au nombre de quatre ou cinq.
Le meilleur matériau à employer serait le contreplaqué marin, indécollable à
l'eau, de 5 mm. d'épaisseur ; parois et gabarits peuvent être débités
dans une seule feuille de 200 X 100.
On donnera au flotteur les dimensions suivantes :
Longueur |
1m,50 à 1m,80 |
|
Largeur |
0m,20 |
Profondeur |
0m,15 |
qui ne sont pas absolues et peuvent varier en fonction l'une
de l'autre pour permettre d'introduire le flotteur dans le canoé pour le
transport.
Les gabarits (fig. 3) peuvent être constitués par une
double feuille de contreplaqué évidée au centre. Ménager des ouvertures (D)
pour permettre la circulation de l'eau pouvant pénétrer à l'intérieur du
flotteur. Entre les gabarits, des tasseaux (C) permettent l'assemblage des
parois. Au montage, bien ajuster et calfater la jonction du fond et des côtés.
Aux extrémités, les parois viennent s'ajuster sur une étrave
de section trapézoïdale (fig. 2) avec couvre-joint à l'extérieur. Nous
placerons également deux couvre-joints (F) à la jonction du fond et des côtés,
qui feront office de quilles d'échouage.
Passer deux couches de peinture grasse à l'intérieur
avant d'ajuster le dessus, qui sera posé en dernier. Il comportera un orifice
de vidange (E), simple renfort de bois percé d'un trou circulaire recevant un
bouchon de liège, juste dans un angle tasseau-étrave. Il est nécessaire de
prévoir une fixation amovible du dessus pour permettre l'entretien et, de temps
à autre, l'aération complète de l'intérieur du flotteur ; le mieux sera de
le visser sur les tasseaux en garnissant les têtes de vis de platines ou
rondelles assez larges. L'étanchéité du dessus n'a pas besoin d'être aussi
rigoureuse que celle du fond.
Le flotteur est relié au canoé à une distance d'un mètre
environ par deux traverses en bois (G), dont la figure 3 montre l'assemblage
sur le flotteur par l'intermédiaire de cales en bois (H). Ces deux cales sont
constituées par plusieurs épaisseurs de planches dans lesquelles il est facile
de noyer un boulon ; elles sont fixées au droit de deux gabarits avec
planchettes de renfort à l'intérieur. La position des gabarits n'est donc pas
immuable ; elle est fonction de l'emplacement des traverses, qu'il faudra
déterminer dès le début de la construction. Il n'est pas possible non plus de
déterminer l'épaisseur de la cale H, qui est fonction de la flottaison du canoé
normalement chargé et de celle du flotteur (fig. 4).
Les traverses G peuvent être creuses, assemblées sur le
même principe que le flotteur ; ainsi faites, elles seront très rigides et
plus légères qu'en bois plein. Pour les fixer au canoé, tailler quatre cales
(I) au profil des plats-bords, serrées par un boulon. Les deux boulons situés à
l'extérieur, en bouts des traverses, coulisseront dans une fente de 10
centimètres pour permettre le réglage à la largeur du canoé.
Ce modèle offre peu de résistance au passage dans l'eau,
mais les amateurs de voile qui voudraient utiliser un stabilisateur à deux
flotteurs devraient rechercher un profil plus hydrodynamique dans le genre de
celui représenté par la figure 6. La longueur peut atteindre deux mètres,
l'étrave est verticale, la courbe de l'arrière très allongée. L'épaisseur des
cales de fixation devra être réduite de telle sorte que les deux flotteurs se
trouvent au-dessus de l'eau lorsque le canoé est en position stable. Ainsi les
flotteurs agiront séparément suivant que le canoé gîtera sur l'un ou l'autre
bord. Précisons qu'un tel dispositif, utilisé à la voile, donne une grande
stabilité permettant de porter une surface de voilure très importante, mais ne
saurait remplacer l'usage de la dérive, dont les pales, s'il s'agit de dérives
latérales, peuvent être montées sur la traverse avant.
J. NOËL.
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