Le moteur inanimé pénètre dans toutes les fermes et devient
un auxiliaire indispensable. Moteur d'entraînement, automobile, tracteur,
motoculteur comptent parmi les éléments essentiels de l'équipement des
exploitations. Et pourtant il nous a été donné plusieurs fois de constater
combien le moteur demeure un inconnu à la ferme.
Nos paysans, qui connaissent si bien leur cheptel vif, leurs
moteurs animés, font preuve d'une grande ignorance à l'égard de l'inanimé. Ceci
est extrêmement regrettable en raison des mécomptes que cette ignorance risque
d'entraîner. Nous allons nous efforcer aujourd'hui de faire en quelque sorte
l'anatomie du moteur.
Le moteur se compose d'organes fixes et mobiles. Les organes
fixes sont :
— le cylindre, généralement en fonte, tourné intérieurement
à un diamètre d'une extrême précision qui constitue l'alésage ; la paroi
extérieure du cylindre est aménagée pour le refroidissement soit par air, soit
par eau ;
— la culasse, prolongement du cylindre, en forme
évasée, est surbaissée ;
— le carter, sorte de cuve fixée par boulons au
cylindre par un rebord de raccordement, est évasé vers l'arbre principal. Dans
la partie inférieure de la cuve doit se trouver une quantité d'huile, définie
par le constructeur, dans laquelle tournent les organes transmetteurs du
mouvement.
Les organes mobiles sont :
— le piston, qui se meut dans le cylindre et
réalise les temps successifs du moteur ; ses mouvements provoquent des
à-coups très violents ; c'est pourquoi cet organe est construit en métal
léger (fonte spéciale ou alliage d'aluminium) ;
— les segments du piston : leur rôle est
d'assurer la parfaite étanchéité à l'intérieur du cylindre pour obtenir
l'indispensable compression des gaz ;
— la bielle-vilebrequin : le mouvement du
piston en va-et-vient est un mouvement rectiligne qui doit être transformé en
mouvement rotatif, afin de faire tourner l'arbre reposant sur des appuis, ou
paliers, sur lesquels sont fixés le volant et la poulie cylindrique. Dans les
tracteurs ou automobiles, cet arbre transmet son mouvement aux roues motrices
par l'intermédiaire du différentiel. Cette transformation du mouvement
s'effectue grâce au vilebrequin sur lequel est montée la bielle, elle-même
reliée au piston. La partie du vilebrequin qui supporte la tête de bielle
s'appelle « maneton ». Ainsi les gaz, au moment où l'explosion se
produit, poussent sur le piston, cette poussée est transmise verticalement par
la bielle au vilebrequin. La surface intérieure de la tête de bielle presse et
glisse sur le maneton du vilebrequin, et ce dernier organe tourne autour de
l'axe de l'arbre principal et entraîne cet arbre.
Chacun sait que le moteur une fois lancé ce mouvement
rectiligne, transformé en rotatif, s'effectue sans à-coup, d'une façon
permanente et continue. Un métal antifriction est interposé entre les deux
surfaces frottantes, et une pellicule d'huile est maintenue en permanence sur
ces surfaces par un système de lubrification, afin d'éviter l’échauffement.
L'ajustage de la tête sur le maneton doit être d'une infinie précision. L'usure
peut être rattrapée à l'aide de cales de serrage. Soulignons que, dans ce
mouvement, la lubrification joue un rôle capital.
La moindre négligence dans ce domaine peut avoir des
conséquences irréparables.
Comment les gaz sont-ils admis et évacués ? Ce sont les
soupapes qui remplissent ces rôles : soupapes d'admission et soupapes de
refoulement.
Un arbre, mis en mouvement par l'arbre principal, assure
l'ouverture et la fermeture de ces soupapes. Cet arbre est pourvu de pièces
excentrées, ou cames ; celles-ci appuient sur la tige, ou queue de
soupape, et entraînent l'ouverture du cylindre sur le carburateur pour
l'admission du mélange détonant, ou sur le pot d'échappement pour l'évacuation
des gaz brûlés.
Disons, pour terminer, qu'il existe deux sortes de moteurs
thermiques à combustion interne. L'une comprend les moteurs à explosion :
le combustible distribué par un carburateur est enfermé en même temps que l'air
dans le cylindre et comprimé ; une bougie d'allumage produit une étincelle
électrique qui provoque une explosion. Ces moteurs consomment de l'essence, du
pétrole, des gaz pauvres, du benzol.
L'autre comprend les moteurs à combustion progressive semi-diesel
et diesel. L'air seul est introduit dans le cylindre et comprimé à un taux de
compression élevé (30 à 40 kg. pour les diesels ; 9 à 18 kg. pour les semi-diesels).
Ce taux de compression élève la température de l'air dans
des proportions considérables (jusqu'à 600° en fin de compression dans les
diesels). À ce moment, un injecteur envoie le combustible, qui peut s'enflammer
sans aucune étincelle et pousser violemment sur le piston. Ces moteurs
consomment des dérivés du pétrole (gas-oil, fuel), et quelquefois des huiles
végétales.
Voici brièvement décrits et schématisés les principaux
organes et le mouvement des moteurs. Nous verrons dans notre prochain article
comment entretenir méthodiquement son moteur et son tracteur et en prolonger la
durée.
G. DELALANDE.
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