1° Valeur vénale.
— À l'occasion des transactions effectuées en 1950, on
a remarqué que, très souvent, la valeur à l'hectare d'une terre nue se
rapprochait sensiblement de celle d'une exploitation avec corps de ferme (1).
Lorsqu'une différence apparaît, elle est généralement faible et entraîne une
majoration, qui dépasse rarement 10 p. 100 ou correspond au maximum à la
valeur de 3 hectares de terre lorsque les bâtiments sont en bon état, ou au
contraire une moins-value qui peut atteindre 10 à 15 p. 100 lorsque les
bâtiments sont vieux ou en mauvais état, comme c'est le cas dans un assez grand
nombre de régions.
Exceptionnellement, on a relevé des majorations plus
importantes dans les régions suivantes : 50 p. 100 en Alsace où la
plupart des bâtiments sont de construction relativement récente, 20 à 30 p. 100
dans le Vaucluse, l'Hérault, le Gard, la Drôme, le Doubs (régions vinicoles ou
de cultures fruitières et de petites exploitations).
Par contre, dans le Jura, la Haute-Savoie, l'Ain, l'Ardèche,
l'Indre-et-Loire, l'Indre, la Loire, les bâtiments sont à peu près toujours une
cause de moins-value ; cette moins-value atteint parfois 40 p. 100 en
Bretagne et 50 p. 100 en Lozère.
Dans les départements du Nord (Nord, Pas-de-Calais, Somme,
Oise), les bâtiments sont souvent vendus séparément, les terres étant données
en location à plusieurs exploitants différents.
Ces constatations s'expliquent facilement : en France,
les bâtiments d'exploitation agricole, dont l'âge moyen est de plus de cent
ans, sont généralement en mauvais état : pour le propriétaire non
exploitant, ils constituent une charge qui absorbe le plus souvent une grande
partie des revenus du fermage. Pour le propriétaire exploitant, l'existence de
bâtiments est souvent secondaire puisque l'on trouve plus d'acquéreurs qui
cherchent à s'agrandir que d'acquéreurs qui cherchent à s'installer.
2° Valeur locative.
— Faible par rapport au taux de location des immeubles
urbains, elle est essentiellement fonction de l'état des bâtiments.
Elle est nulle lorsque les bâtiments sont en mauvais état :
c'est le cas le plus fréquent dans les régions pauvres : Plateau Central,
Creuse, Aveyron, Corrèze, Côte-d’Or, et pour la plupart des exploitations de la
Bretagne.
L'existence de bâtiments en bon état permet une majoration de
10 à 20 p. 100 de la valeur locative des terres.
L'augmentation ne dépasse 20 p. 100 que dans les
régions riches ou de culture intensive : Beauce, Eure, départements du
Nord de la France et de la Région parisienne, Vaucluse, Loir-et-Cher, et dans
les pays de vignoble : Marne, Hérault, Exceptionnellement, elle atteint 50
p. 100 dans la plaine du Rhin et le Hardt.
3° Reprises de ferme.
— La « valeur de reprise » du cheptel atteint
des prix très élevés, qui se rapprochent sensiblement de la valeur du capital
foncier dans les régions riches, et représentent la moitié ou les deux tiers de
ce capital dans les terres pauvres : 50.000 à 60.000 par hectare en
Haute-Marne ; 60.000 à 80.000 en Côte-d'Or ; 60.000 à 100.000 dans la
Marne ; 50.000 à 100.000 en Haute-Saône ; 70.000 à 140.000 dans les
Hautes-Pyrénées ; 100.000 à 120.000 dans l'Eure-et-Loir ; 150.000 à
200.000 dans le Pas-de-Calais et les autres départements de la région du Nord.
À cette reprise du cheptel s'ajoute souvent, dans les
départements du Nord et de la Région parisienne, un droit d'arrière-fumure qui
atteint couramment 20.000 à 30.000 francs et peut aller jusqu'à 60.000 francs
par hectare (Pas-de-Calais).
De plus, indépendamment de la valeur de prise du cheptel vif
et mort et des arrière-fumures, un « droit de reprise » tend à
s'instituer dont le montant est parfois élevé.
M. DUMANT.
(1) Voir Le Chasseur Français de janvier et février 1952
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