Sélection des porte-graines

Les causes de dégénérescence.

— Que l'on achète les graines ou qu'on les produise soi-même, on constate souvent des différences sensibles dans le port, la conformation, et surtout la précocité des légumes que l'on obtient et qui ne répondent pas aux caractères standardisés des catalogues.

Ces variations ne manquent pas de dérouter les jardiniers, évoquant la fameuse théorie de Darwin, « les semblables devant engendrer les semblables », tant dans le règne végétal que dans le règne animal.

Sans doute il devrait en être ainsi, si les lois de l'hérédité qui régissent la transmission des caractères et des aptitudes, conséquence d'une sélection méthodique et continue poursuivie depuis des millénaires, étaient stabilisées et si elles n'étaient pas contrariées par l'atavisme originel qui ramène les races et les espèces vers les phénomènes de réversion.

C'est la raison pour laquelle, qu'il s'agisse d'un légume feuillu, d'un légume racine ou d'un légume fruit, il n'est pas possible d'obtenir l'uniformité dans la transmission des caractères si on ne soumet pas les porte-graines à une sélection attentive et suivie, en éliminant de la reproduction toutes les plantes ayant une tendance à s'écarter du type classique adopté par les producteurs et les consommateurs.

Sélection des graines de radis.

— Les radis les plus appréciés sont ceux qui « tournent » le plus rapidement dans les semis, qu'ils soient sous couche ou de pleine terre, en produisant des racines courtes ou ovoïdes, bien cylindriques, pourvues d'un feuillage peu développé, ne venant pas contrarier la croissance des autres légumes semés en même temps.

Si on livre à la consommation les radis venus les premiers, et que l'on prenne pour porte-graines les racines tardives et celles possédant un fort développement foliacé, la descendance aura perdu une partie de ses caractères sélectifs, notamment en ce qui concerne la précocité, la tendreté, etc., lesquels ne feront que s'accentuer si on continue les mêmes errements, même si au départ on avait débuté avec des graines de qualité irréprochable.

Ce qui est vrai pour les racines plates s'applique également aux radis de différentes formes, demi-longs, race marteau, radis blancs ronds d'été, radis noirs, ainsi qu'en ce qui concerne la couleur, depuis les radis roses, les roses à bout blanc, les blancs, les noirs, etc. Il faut toujours partir de racines irréprochables, de la nuance et de la forme que l'on veut.

Un bon radis de couche ne doit pas avoir plus de trois feuilles, en sus des deux cotylédons, pour être retenu comme porte-graines.

En résumé, pour obtenir une descendance de qualité et empêcher toute dégénérescence, il faut partir de porte-graines irréprochables au point de vue précocité, forme de la racine, délicatesse de la chair et couleur de la racine.

Les radis de printemps choisis comme porte-graines sont repiqués à la distance de 40 X 50 centimètres, vers le mois d'avril. Ceux d'arrière-saison sont mis en place vers le mois de mars, dans un terrain sain et bien exposé, après avoir hiverné en jauge.

Sélection des carottes.

— Les carottes potagères comprennent un certain nombre de variétés classées en trois catégories : les rouges courtes à châssis, les demi-longues (genre nantaise) et les demi-courtes obtuses (genre Guérande). Elles sont toutes issues de la carotte sauvage, dont certains terrains sont infestés.

Toutes les bonnes variétés ont une forme régulière, leur chair est tendre, juteuse et sucrée; elles ne doivent posséder que très peu de ligneux, représenté par un cône central appelé cœur.

Ces caractères ne peuvent être obtenus que si l'on fait un choix sérieux des racines destinées à fournir la semence et ayant végété rapidement dans un sol bien pourvu de principes fertilisants. Comme la carotte est sujette à l'hybridation, on éloignera les porte-graines des variétés autres que celle à reproduire et, surtout, on supprimera toutes les carottes sauvages qui croissent dans le voisinage.

Sélection des navets.

— Les mesures sélectives et les précautions à prendre avec les navets sont les mêmes que pour les radis et les carottes ; elles s'appliquent également à tous les autres légumes.

Il faut partir de plants vigoureux, bien conformés, possédant les caractères raciques des variétés que l'on veut reproduire, ainsi que les qualités gustatives que l'on recherche.

Qu'il s'agisse de navets à forcer, de navets de pleine terre (marteau), long de Meaux, etc., les racines retenues pour la semence doivent être lisses, à la chair tendre et juteuse, et l'on éliminera toutes celles qui seraient racineuses ou auraient une tendance à s'écarter du type botanique de la variété que l'on veut multiplier.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°662 Avril 1952 Page 224