Accueil  > Années 1952  > N°662 Avril 1952  > Page 232 Tous droits réservés

La pintade

Son intérêt gastronomique.

— La pintade, classée dans l'ordre des gallinacés par Cuvier, se différencie des autres volailles de la basse-cour par son maintien, assez semblable à celui de la perdrix, et par la qualité de sa chair, ayant beaucoup d'analogie avec celle du faisan.

La pintade, en effet, fournit de délicieux rôtis, d'une finesse incomparable, au fumet délectable, apprécié des gourmets. Comme ses œufs sont les meilleurs de toute la série de nos pondeuses domestiques, on comprend que cet oiseau, bien que son babil ne soit pas très harmonieux, tienne une place honorable dans le peuplement des basses-cours de ferme et chez les amateurs.

Origine et mœurs des pintades.

— Il existe cinq espèces de pintades (numida) : la mitrée, la vulturine, la huppée, la ptilorhynque et la commune. La dernière seule a été domestiquée ; les autres vivent toujours dans les forêts africaines à l'état sauvage, par troupes, bien qu'elles soient monogames. Mais la pintade commune domestiquée est polygame. Un seul mâle peut assurer la fécondation de 6 à 8 femelles. Au-dessus de ce nombre, on sera en possession de plusieurs mâles lâchés alternativement, afin d'éviter les batailles qu'ils se livreraient, au détriment de la fécondation des œufs qui laisserait à désirer.

Il existe trois variétés de pintades communes, ne différant guère que par la couleur. Ce sont la grise, la blanche et la lilas. La pintade grise est ponctuée de taches blanches sur fond gris ; la pintade lilas est ponctuée de blanc sur fond lilas. Quant à la pintade blanche, au plumage d'un beau blanc, elle est due à des accidents d'albinisme, ainsi qu'il s'en produit dans toutes les espèces animales.

Les pintades sont des oiseaux chercheurs, avides de proies vivantes, de verdures et de graines égarées. Elles s'accommodent bien du voisinage des bois, des landes et des éteules, où elles trouvent une partie de leur nourriture. Mais, comme elles ont un caractère querelleur, on évitera de les loger et de les nourrir avec les autres volailles, sur lesquelles elles exerceraient des sévices. Le mieux est de mettre à leur disposition un coin de remise ou un appentis où on installera un perchoir à bâtons ronds, disposés en chicane, sur un mât central, à usage de dortoir.

Alimentation.

— Les pintades sont omnivores, de même que les poules et les canards. Lorsqu'elles disposent de grands parcours, où elles trouvent en abondance des insectes, des verdures et des grains germes, on peut se contenter de leur distribuer en complément des céréales (blé, avoine, orge, petit maïs, etc.).

Dans les enclos de faible étendue, pour stimuler la ponte, il convient de donner en complément une pâtée surazotée, contenant en parties à peu près égales de la farine d'orge, du son, de la farine de viande et des minéraux composés.

Cette alimentation mixte empêchera la ponte de tomber au-dessous d'une centaine d'œufs annuellement, si toutefois on ne conserve pas les pintades au delà de leur troisième année. Les œufs sont pourvus de coquilles brunes, très épaisses, conservant longtemps leur faculté d'éclosion.

En résumé, pour obtenir une ponte abondante et suivie, la ration doit contenir tous les matériaux exportés par les œufs, c'est-à-dire les matières azotées, hydrocarbonées, grasses, minérales, ainsi que les principes énergétiques et stimulants des bonnes poudres à faire pondre.

Élevage.

— Les pintadeaux ne sont délicats que dans leur jeune âge, tant qu'ils n'ont pas dépassé la crise du rouge, caractérisée par le rougissement et la formation des caroncules et du casque. À ce moment, il leur faut des proies vivantes, riches en vitamines, telles que œufs de fourmis, insectes divers, ainsi que des grains germés contenant des diastases, toutes choses qu'ils trouvent dans les grands parcours, mais qu'on doit leur procurer pendant les périodes de réclusion, ou encore quand il survient du mauvais temps ou de grandes sécheresses.

À défaut d'œufs de fourmis, on donnera des succédanés (ténébrions, asticots, petits vers de terreau, etc.) que l'on peut produire soi-même, à peu de frais, en y ajoutant de l'avoine germée.

La durée de l'incubation est de 28 à 30 jours. Les pintades femelles étant de médiocres couveuses, il est préférable de confier leurs œufs à des poules, à des dindes ou à des couveuses artificielles.

Comme premier repas, donné vingt-quatre heures après la naissance des pintadeaux, on leur distribue, en dehors des atteintes de la couveuse, du pain rassis émietté avec du jaune d'œuf, des verdures hachées finement (salade, ortie, chou, etc.) et quelques proies vivantes.

Au bout de 8 à 10 jours, on remplace l'œuf par de la poudre de lait écrémé, puis par des farines animales, viande, poisson, sang desséché, associées à des farineux et à des résidus de meunerie. Les sujets non destinés à la reproduction reçoivent une ration riche en matières amylacées, farines d'orge et de maïs, qui activent l'engraissement.

Distinction des sexes.

— Les pintades mâles se différencient des femelles par leur tête un peu plus forte et surtout par leur casque beaucoup plus développé. Le casque est une excroissance de chair qui surmonte la tête. Enfin, en y regardant d'assez près, on aperçoit sous les caroncules des mâles un renflement appelé sac laryngien, à peu près inexistant chez les femelles.

MONDIAGE D'ARCHES.

Le Chasseur Français N°662 Avril 1952 Page 232