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Multiplions les perdrix par des adultes tenus captifs

On se plaint beaucoup, dans le monde de la chasse, de la diminution du nombre des perdrix grises.

C'est cependant un gibier qui fut très abondant autrefois et pourrait l'être encore, si les chasseurs savaient faire l'effort nécessaire pour le multiplier.

Nous ne parlerons pas aujourd'hui des nombreuses causes de sa diminution, qui sont connues et dont la principale est le trop grand nombre de chasseurs par rapport à la quantité de gibier produit.

Nous allons, en cet article, examiner comment se divise l'année eu égard à la multiplication des perdrix grises par couples entravés, mis dans des parquets non couverts.

Nous considérerons donc les différentes périodes, qui sont au nombre de quatre et forment le cycle de la reproduction.

La première comprend la capture des reproducteurs sur la chasse ou leur acquisition en France ou à l'étranger, et leur installation dans des parquets spéciaux, non couverts, où, placés entravés, ils passeront l'hiver dans les meilleures conditions.

La seconde, c'est l'accouplement et la mise en parquets de reproduction des couples de perdrix.

La troisième comporte la ponte, l'incubation, l'éclosion et la mise aux champs des couvées.

La quatrième est la période de liberté qui en fait des oiseaux sauvages et s'étend de la mise aux champs des parents avec leurs jeunes jusqu'à la nouvelle capture, qui recommence le cycle de l'année suivante.

Première période.

— On peut capturer les perdrix sur chasse dès le mois d'août et, après les avoir entravées, on les place dans de grands parquets, bien aménagés, où elles passeront l'hiver ; ces parquets sont dénommés parquets de conservation.

C'est en vertu de l'article 9 de la loi du 3 mai 1844 (modifiée le 1er mai 1924) que ces captures peuvent se faire.

Il y est dit, en effet : « Les préfets pourront autoriser individuellement les propriétaires ou leurs ayants droit à capturer, même en temps prohibé, avec des engins et dans des conditions déterminés, certaines espèces de gibier, pour les conserver provisoirement et les relâcher ensuite dans un but de repeuplement. »

Il se peut qu'on n'ait pu faire ces captures dès le mois d'août, mais rien n'empêche de les réaliser jusqu'à la fin de l'année, du moment où l'autorisation préfectorale le permet.

C'est avec un piège perpétuel que se fait la capture des perdrix, ou encore avec des mues.

On divise généralement en trois lots les perdrix reprises aux champs.

Le premier sera formé des plus belles perdrix, qui seront destinées à la reproduction en parquets.

Le second réunira tous les bons sujets, qui seront relâchés plus tard pour le repeuplement de la chasse et qu'on mettra en liberté soit aussitôt la fermeture de la chasse, soit, mieux, au début des accouplements aux champs.

On reprend parfois un excédent de coqs perdrix : dans ce cas, on les conserve en parquets afin de faire plus tard de petites compagnies par le système de l'adoption.

Le troisième lot comprend tous les moins bons sujets, que l'on pourra relâcher au fur et à mesure des chasses.

Au cas où le gibier destiné à la reproduction ne pourrait être repris sur la chasse et qu'on doive l'acheter, il y aurait lieu de bien le contrôler à la réception, tant pour les sexes que pour leur bon état de santé.

C'est ordinairement en novembre et décembre que l'on fait venir les reproducteurs, dès que commencent les premiers froids. Toutefois, si l'on veut être certain d'être servi, il est préférable de commander le gibier dès le mois d'octobre. Aussitôt que l'on met les perdrix en parquets et d'où qu'elles viennent, il convient de les séparer par sexes et de les installer dans des parquets non contigus, où elles resteront jusqu'à l'accouplement.

Deuxième période.

— Les perdrix sont accouplées et placées dans des parquets dits de reproduction, à raison d'un couple par parquet, aussitôt que le temps commence à devenir doux, c'est-à-dire vers la mi-février.

L'accouplement peut se faire de deux façons, soit par mariage forcé, soit par un choix libre des oiseaux entre eux. Pour les perdrix conservées en vue du repeuplement de la chasse, il y a lieu de les mettre en liberté par nombre égal d'oiseaux de chaque sexe.

Troisième période.

— C'est celle de la reproduction proprement dite.

Les perdrix font leur nid, pondent, couvent leurs œufs et les font éclore.

Il pourra y avoir des opérations de renforcement des couvées par substitution d'oeufs ou apports de jeunes.

De trente-six à quarante-huit heures de la naissance, les jeunes et les parents sont repris dans les parquets. Les reproducteurs sont alors désentravés et la couvée est mise en liberté sur la chasse deux ou trois jours plus tard.

Quatrième période.

— Les couvées de perdreaux sont à ce moment toutes aux champs, qu'elles soient nées en parquets ou sur la chasse, il n'y a plus entre elles aucune différence.

C'est le moment où le terrain peut comporter le plus de gibier, car le sol est à ce moment couvert de végétation et de grains, et le gibier y trouve en abondance son alimentation et peut en outre s'abriter dans les couverts.

Cette période termine le cycle annuel.

Parmi les avantages de cette méthode de multiplication des perdrix, nous voyons que, si les captures ont été suffisamment abondantes et ont procuré les perdrix nécessaires, tant en ce qui concerne la reproduction aux champs que celle à faire en parquets, on peut, pendant la période de chasse, tuer jusqu'à la dernière perdrix sans compromettre l'avenir du repeuplement.

Rappelons en terminant que la densité d'hiver des perdrix est d'environ un couple par quatre hectares, pouvant donner pour le tir près de deux perdrix à l'hectare.

Par les apports de couvées nées en parquets, on augmente d'une façon importante ce chiffre que l'on peut arriver à doubler. Si nous adjoignons à cette méthode ce que peut procurer l'adoption par des coqs perdrix ou des couples stériles de jeunes provenant d'œufs sauvés au moment des récoltes, nous voyons qu'il y a là encore un excellent moyen d'augmenter dans les chasses le nombre des perdrix.

Lorsque ces procédés seront mis en application sur tout le territoire, il y aura à nouveau de beaux jours pour les chasseurs

René DANHIN,

Expert en apiculture (chasse et gibier) près les tribunaux.

Le Chasseur Français N°663 Mai 1952 Page 266