Chacun sait que la préparation du sol pour recevoir les
semences constitue une opération extrêmement importante. Les labours peuvent se
ranger en deux groupes principaux : les labours proprement dits, de 10 à
30 centimètres, qui retournent la couche supérieure du sol et sont exécutés
avec les charrues, et les quasi ou pseudo-labours, pratiqués avec les
cultivateurs, scarificateurs, etc., et dont le but est d'ameublir et d'aérer la
couche supérieure du sol sans la retourner. Nous allons, à ce propos, examiner
le matériel classique et moderne de labour.
Le brabant.
— En ce qui concerne les instruments à traction
animale, le brabant est devenu la charrue classique. Le brabant double est très
répandu. Avec ses deux corps de charrue versant l'un à droite, l'autre à
gauche, il permet le labour à plat ; rien ne sépare les raies, et le
basculement de la machine,permet de l'effectuer alternativement au cours des
aller-retour.
Pour obtenir un labour à plat correct, il est indispensable
de régler avec précision les deux corps du brabant : étançons et coutres
doivent être dans un plan vertical parfait, et ce réglage doit être fait chaque
fois que la profondeur et la largeur du labour sont modifiées. On l'opère à
l'aide des clichets dont l'un reçoit le verrou porté par l'axe. Les clichets
n'ont qu'un but : maintenir le brabant bien d'aplomb.
Régler la profondeur. Celle-ci est liée à la hauteur de
l'âge à partir du sol. En général, la vis de terrage permet de modifier
verticalement la position de l'âge par rapport à l'essieu.
Régler la largeur en modifiant la position des roues sur
l'essieu coulissant. Il convient de noter que la largeur du labour est
déterminée par la distance entre les étançons et le plan de la muraille, dans
lequel la roue de raie prend appui ; celle-ci a sa position toujours
déterminée par l'angle constitué par la muraille et par la raie. Les deux roues
doivent, dans tous les cas, avoir le même écartement par rapport à l'axe du
brabant.
D'autres réglages, dits secondaires, sont nécessaires. Ce
sont les réglages de direction : position des régulateurs et crochets
d'attelage. Il convient de les faire avec soin en s'inspirant des notices du
constructeur. Au sujet du régulateur vertical, on le remonte légèrement plus
haut que la position d'équilibre, dans le but d'obtenir un talonnage qui
évitera aux roues de quitter le sol et assurera l'uniformité de la profondeur.
En ce qui concerne le régulateur horizontal, il est recommandé de déplacer le
crochet d'attelage légèrement du côté labour, afin de donner au brabant une
faible tendance à dévier vers le guéret : c'est la méthode dite « bordayage ».
Dans cette position, le centre de poussée de la charrue doit se situer dans
l'axe de traction, afin d'assurer l'équilibre de la direction. Le bordayage
assure le réglage quasi automatique de la largeur du labour.
Motorisation.
— À côté du brabant à traction animale, la motorisation
a donné naissance à une très grande variété d'instruments de labour. On a pu
réaliser une liaison tracteur-charrue permettant au conducteur de se passer du
concours d'un autre pour effectuer son labour. Le tracteur n'est pas considéré
maintenant comme un matériel de secours derrière lequel on attelle avec des
moyens de fortune n'importe quel instrument. Un tracteur doit tirer des appareils
spécialement adaptés à sa puissance et à sa vitesse d'avancement, afin
d'obtenir des rendements plus satisfaisants. Le professeur Tony Ballu a défini
à cet égard les conditions les meilleures :
La charrue doit pouvoir être déterrée et relevée automatiquement en bout de raie.
L'ensemble tracteur-charrue doit effectuer des virages aussi courts que possible.
La charrue doit se remettre facilement en raie et être terrée automatiquement.
Elle doit être pourvue de dispositifs simples et efficaces.
En outre, la charrue pour labour à plat doit répondre aux
conditions suivantes :
Avoir des pièces travaillantes réversibles.
L'attelage doit permettre à la charrue d'être déportée automatiquement dans des
positions symétriques par rapport à l'axe de traction.
Avec le tracteur, le matériel de
labour peut être traîné, porté ou semi-porté.
Charrues traînées.
— Pour les labours en planches, elles sont à corps
nombreux, disposés sur un bâti porté en principe par trois roues placées deux à
l'avant et une à l'arrière, formant talon roulant. Le relevage peut être obtenu
par le conducteur lui-même depuis le tracteur.
La charrue à disques légèrement concaves est un instrument
lourd. Le disque découpe une bande de terre, qui monte dans la concavité pour
retomber à une certaine hauteur.
Les brabants traînés, utilisés derrière tracteur pour les
labours à plat, présentent le sérieux inconvénient de nécessiter des fourrières
très larges. Ce même inconvénient se rencontre avec la charrue balance. Cette
dernière charrue trouve son emploi dans les très grandes exploitations et
coopératives. En utilisant le treuil avec la charrue balance, on obtient un
rendement plus satisfaisant étant donné que toute la puissance est utilisée
pour la traction de la charrue, alors qu'avec tracteur une partie de la
puissance est absorbée par celui-ci pour son avancement. Notons que le tracteur
navette « Latil », fonctionnant dans les deux sens, permet de
diminuer sensiblement la longueur des fourrières.
Charrues portées.
— Avec les charrues portées, la question du relevage
est simplifiée ; c'est un gros avantage et le tracteur peut tourner très
court, d'où réduction des fourrières. On reproche à ce système d'être en porte
à faux à l'arrière du tracteur, de nuire à l'adhérence de celui-ci et de
risquer de le faire cabrer. Mais, si l'articulation est reportée sous le
tracteur, entre les deux essieux, cet inconvénient disparaît.
Charrues semi-portées.
— Selon l'avis des spécialistes et des utilisateurs,
l'instrument semi-porté est le plus susceptible de rendre les meilleurs
services. Il réunit, en effet, la plupart des avantages de l'instrument porté
et on ne lui trouvera pas les mêmes inconvénients. Articulé en deux points du
tracteur, il est libre dans le plan vertical seulement et supporté par deux roues
« en roulettes de fauteuil » ; il laisse au tracteur la même
facilité d'évolution que l'outil porté, sans toutefois que son poids alourdisse
trop le tracteur.
Signalons enfin les appareils rotatifs, utilisés pour le
travail du sol. La fraise est d'un emploi courant avec les motoculteurs. Pour
les grandes exploitations, les Américains ont construit le « roto-tiller »,
sorte de fraise puissante. Nous parlerons de ces appareils dans un prochain
article.
G. DELALANDE.
|