Accueil  > Années 1952  > N°663 Mai 1952  > Page 298 Tous droits réservés

Alimentation des laitières

Une denrée de base.

— Avec le pain et la viande, le lait contribue pour un bon tiers à la nourriture du genre humain.

Non seulement le lait est consommé en nature, utilisé pour la confection des mets en cuisine, en pâtisserie, etc., mais aussi transformé en l'une ou l'autre des nombreuses spécialités fromagères (pâtes fraîches, pâtes molles affinées, pâtes sèches et cuites), ainsi qu'à l'état de crème, obtenue par turbinage pour la consommation et la fabrication du beurre rentrant dans une foule de préparations culinaires.

Parmi les femelles domestiques exploitées pour la production du lait il faut citer, en première ligne, la vache. Viennent ensuite la chèvre, la brebis, les rennes, la jument, la chamelle, l'ânesse, etc.

Le miroir du lait est dans la ration.

— Quel que soit le bétail laitier exploité en vue de la production d'un lait abondant et riche, comme ce produit de sécrétion mammaire, élaboré par le sang, exporte en quantité considérable des principes nutritifs, les rendements maxima ne peuvent être obtenus que si la ration quotidienne apporte avec elle tous les matériaux de constitution, savoir : les matières azotées contenues dans la caséine, les matières hydrocarbonées et grasses nécessaires à l'élaboration de la crème et de la lactose, les sels minéraux qui existent en proportion à peu près constante dans tous les laits normaux, et enfin les principes vitaminés et énergétiques jouant un rôle stimulant sur la lactation.

Il suffit que l'un ou l'autre de ces éléments essentiels fasse défaut, ou ne se trouve pas en suffisance dans la ration, pour que la lactation diminue et que le lait soit anormal, ce que l'on constate à l'analyse, ou simplement par une prise de densité et un dosage approximatif de la matière grasse.

Les laits qui ne pèsent pas au minimum 1.029 au thermo-lactodensimètre et ceux dont la teneur en graisse est inférieure à 2,5 p. 100 sont l'apanage de vaches anormalement nourries. Il est absolument nécessaire de modifier leur rationnement.

Alimentation des laitières.

— En plus de la ration d'entretien nécessaire aux fonctions vitales et, éventuellement, pour les bêtes pleines, de la ration embryogénique, il faut leur fournir, par litre de lait produit, si on calcule par unités fourragères (U. F.), 0,4 U. F., contenant 60 grammes de matières azotées, (M. az.).

Pour calculer le rationnement normal des vaches, on se sert d'une table d'alimentation, en tenant compte de leur poids et de leur rendement en lait.

Ainsi, une vache fraîche, donnant 25 litres de lait, pesant 600 kilogrammes, devrait recevoir :

  U. F. M. az.
  —— ———
Ration d'entretien 4,8 370 gr.
Ration de production 10,0 1.500 gr.
  —— ———
Totaux 14,8 1.870 gr.

Sur les tables dressées en vue du rationnement, on voit que les denrées les plus riches en unités fourragères sont les tourteaux et le maïs, lesquels contiennent 1,1 U. F. au kilogramme. Viennent ensuite les céréales (blé, seigle, orge) : pour chacune une unité fourragère. Avec les autres denrées, la richesse tombe de plus en plus : 0,9 U. F. pour la betterave fourragère.

La même remarque s'applique également aux chèvres. Les brebis donnant un lait naturellement plus butyreux, les anomalies se manifestent lorsque la teneur en graisse tombe au-dessous de 5p. 100.

En principe, on ne devrait pas tolérer, chez les vaches, une teneur en matière grasse inférieure à 3,5 p. 100, ni un rendement inférieur à 4.000 litres annuellement.

Ces rendements minima devraient être obtenus avec des bêtes à cornes dont le poids atteint 500 kilogrammes. Dans le cas contraire, il faudra incriminer soit le défaut de sélection, soit la mauvaise nourriture.

Matériaux exportés.

— La composition moyenne du lait de la vache, de la chèvre et de la brebis devrait se tenir dans les limites ci-après :

Éléments Vache Chèvre Brebis
——— ——— ——— ———
Caseïne 4,15 4,29 5,54
Matière grasse 3,22 3,78 6,98
Lactose 4,98 4,46 7,13
Sels minéraux 0,75 0,76 1,22
Eau 86,90 86,71 79,13
  ——— ——— ———
Totaux 100,00 100,00 100,00

Les sels minéraux sont surtout représentés par du phosphate de chaux.

La teneur en matière azotée étant très variable suivant les denrées, puisqu'elle va de 45 p. 100 dans le tourteau d'arachide, pour tomber à 10 grammes au kilogramme avec la betterave fourragère, on tiendra compte de la différence dans l'établissement des rations.

Ces données théoriques doivent être observées pour la mise en équilibre des rationnements destinés au bétail laitier, et il est instamment recommandé de revoir ses calculs lorsque la lactation laisse à désirer, tant sous le rapport de la quantité que de la qualité du lait obtenu.

G. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°663 Mai 1952 Page 298