Depuis quelques années, un nouveau mode d'élevage des
poussins a fait son apparition : c'est l'élevage à l'aide des lampes
électriques émettant des rayons infra-rouges.
Cette méthode a fait l'objet d'essais en 1945-1946 et, du
fait de sa simplicité et du coût peu élevé de son installation, a gagné chaque
année du terrain.
Il suffit, en effet, d'une seule lampe spéciale suspendue au
bout d'un fil à 45 centimètres du sol environ pour élever complètement une
bande de cent poussins. Ces lampes sont peu éclairantes et chauffent l'animal
en profondeur ; elles éliminent les innombrables inconvénients que présentent
les classiques éleveuses au sol, à charbon, à pétrole ou employant tout autre
combustible.
Des expériences approfondies ont été faites par de grands
éleveurs professionnels, et la plupart se sont déclarés enchantés des résultats
obtenus, à tel point que presque tous les élevages industriels géants des États-Unis
ont maintenant adopté les système à l'exclusion de tout autre.
1° Les frais de matériel et d'installation sont moindres
qu'avec les anciens procédés, cette économie pouvant atteindre plus de 35 p. 100
dans les grandes installations et plus de 30 p. 100 dans les installations
modestes où une seule lampe d'une durée moyenne de cinq mille heures suffit.
Une lampe chauffante de 250 watts consomme un kilowatt
toutes les quatre heures, et son achat est la seule dépense pour le petit
éleveur qui fabriquera lui-même le « cercle de garde », arrondi de 30
centimètres de hauteur et de 2 mètres environ de diamètre, ainsi que les
mangeoires et abreuvoirs qui constituent toute l'installation nécessaire pour
élever de quatre-vingts à cent poussins.
2° Ce mode d'élevage est adaptable à tout établissement
avicole, quelle que soit son importance.
3° Les poussins, en se plaçant où bon leur semble à
l'intérieur du « cercle de garde », peuvent doser eux-mêmes la
quantité de chaleur qui leur est nécessaire.
4° La litière, du fait du chauffage permanent uniformément
réparti, est maintenue beaucoup plus sèche et, par là même, le développement
des moisissures, des bactéries et des microbes, se trouve nettement ralenti ;
d'où amélioration de l'état sanitaire du troupeau ; litière à changer
moins fréquemment et entrave à la propagation des maladies, notamment de la
diarrhée blanche et de la coccidiose.
On peut employer comme litière des copeaux de bois, de la
paille hachée, du sable fin, de la grosse sciure de bois et de la tourbe, qui
est encore plus absorbante.
5° Les frais de main-d'œuvre sont réduits, ce qui est
surtout appréciable dans les élevages professionnels.
6° On obtient plus d'espace pour les abreuvoirs et les
mangeoires qui sont disséminés dans les 2 mètres de diamètre de la zone
tempérée, ce qui évite au poussin les changements brusques de température.
7° Il apparaît que les taux de mortalité sont plus bas avec
les infra-rouges et que la croissance est très nettement accélérée. De même l'emplumage
est plus rapide.
8° Enfin, et c'est bien là un des avantages les plus
appréciés de la méthode, tous les poussins sont visibles d'un seul coup
d'œil. L'éleveur n'a plus à chercher sous une cloche obscure, au risque
d'effrayer ses sujets, et se rend compte immédiatement de l'état de ces
derniers et de leur attitude.
C'est donc un ensemble impressionnant d'avantages à noter à
l'actif de l'élevage à l'aide de lampes émettrices de rayons infra-rouges.
Mais il faut citer, pour être un informateur impartial, les
inconvénients, ou tout au moins les objections connues à l’encontre du système.
Le principal, on peut même dire l'unique, est le fait que les oiseaux, comme
tous les animaux, ont besoin de sommeil et qu'avec le procédé dont nous parlons
ils sont éclairés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En fait, les poussins
paraissent très bien s'accommoder de ce régime et s'accroupissent, au gré de
leur désir, plus ou moins loin du centre de leur enclos, pour dormir.
On les écoute pépier doucement, ce que tous les éleveurs
avertis reconnaissent comme un signe de satisfaction et de bien-être, et ils
dorment moins longtemps d'une seule traite, mais plus fréquemment, ce qui
nécessite une quiétude absolue dans la salle d'élevage, afin qu'ils puissent se
reposer à tout moment, étant donné que le jour et la nuit ne sont pas
différenciés.
Il y a eu également des cas dûment constatés d'ophtalmie et
même de cécité sur des bandes complètes, mais l'expérience a prouvé que ces
accidents s'étaient produits par excès de chauffage. Il est bon, en effet,
suivant l'époque de l'année et l'âge des poussins, de relever doucement, de
quelques centimètres chaque semaine, les lampes chauffantes pour éviter de cuire
les animaux.
Enfin, je dois signaler qu'un certain nombre de
professionnels, et non des moindres, ont adopté un système d'élevage mixte :
la nuit, les poussins sont placés sous une éleveuse du type classique à
charbon, pétrole, etc., et, le jour, leur parc d'ébats est dominé et chauffé
par les lampes à infrarouges.
Ils considèrent qu'ils concilient, de cette façon, les
avantages des deux méthodes tout en permettant aux jeunes volailles de
bénéficier d'un repos nocturne prolongé.
L'élevage aux infra-rouges n'est pas encore très largement
diffusé en France, mais il est probable que, du fait de sa simplicité, il
gagnera du terrain dans les années à venir.
R. GARETTA.
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