À la suite de plusieurs lettres de correspondants, je
crois intéressant pour les lecteurs du Chasseur Français de leur
signaler les cas suivants se rapportant principalement à la fouine. Il est
classique de considérer la fouine comme ayant deux retraites : l'une
d'hiver au voisinage souvent immédiat de celui de l'homme, une d'été située au
bois. Ce n'est certes pas là une règle rigoureuse, car j'ai capturé des fouines
qui, en plein hiver, n'étaient pas remisées dans des habitations.
Vraisemblablement, ces fouines avaient trouvé table mise et bon gîte dans le
secteur, et n'éprouvaient nullement le besoin d'en changer. Dans ce qui touche
au voisinage de l'homme en hiver, j'ai pu constater qu'en général la fouine
préfère les maisons ou granges tranquilles, peu visitées et situées en bordure
de village, souvent du côté le plus proche des bois. Mais, à côté de ces
généralités, les exceptions sont nombreuses et j'ai connu un prêtre qui,
presque chaque année, en capturait dans le clocher de son église située au milieu
du village. Ce n'était pas là précisément un lieu peu visité ! Chose plus
surprenante encore, la présence de la fouine, et sans aucune confusion
possible, m'a été signalée dans la petite banlieue parisienne, c'est-à-dire en
bordure immédiate de Paris et même dans Paris. Mon ami le regretté Salvat,
inspecteur général des Eaux et Forêts, m'avait certifié la capture d'une martre
en forêt de Marly vers 1925 ; mais, depuis, voici les renseignements que
j'ai pu recueillir et qui rapprochent ces mustélidés de Paris.
En juin 1948, un correspondant de Suresnes habitant un
pavillon à flanc de coteau, surplombant la Seine et dominant Paris, me
signalait la présence d’un couple ayant élu domicile dans son grenier. Le
pavillon avait deux étages et une face couverte de lierre. Il était entouré de
bosquets et de grands arbres.
En 1949, mon regretté ami P. Rode, chef de la muséologie au
Muséum national d'Histoire naturelle, me signalait la capture de deux fouines
au Jardin des Plantes. Ces animaux étaient étrangers à la ménagerie. Une autre
fouine avait été prise au bois de Vincennes.
En novembre 1950, un correspondant de Saint-Maur-les-Fossés
me signalait les dégâts causés aux poulaillers par une fouine installée dans le
grenier de son pavillon à deux étages.
En juin 1951, mon vieil ami Empire, dont le nom est connu de
tous les pêcheurs, était victime, en plein 15e arrondissement, des
méfaits d'une fouine ou d'un putois qui lui avait saigné et traîné ses
volailles. Il me signalait que, lors du déménagement d'un dépôt de bois situé à
200 mètres de chez lui, on avait tué une martre et un putois.
Enfin, le 10 janvier 1952, un correspondant me
signalait la présence d'une fouine installée dans le grenier de son pavillon de
Clamart, depuis deux ans.
Bien souvent ces correspondants, qui ne connaissaient pas le
comportement de la fouine, étaient un peu effrayés par le bruit qu'ils
entendaient. Cette ignorance, parfaitement excusable de la part de
correspondants non chasseurs que je remercie très vivement, prouve que, dans
cette région, la fouine est loin d'avoir la discrétion que nous lui connaissons
en campagne, où, huit fois sur dix, elle passe inaperçue pour un observateur
moyen.
D'où venaient ces animaux ? Quel était leur régime
alimentaire annuel ? Autant d'énigmes à résoudre. Vraisemblablement il ne
s'agissait pas d'animaux échappés d'élevages, car je ne crois pas que, dans la
banlieue immédiate de Paris, il y ait des éleveurs de fouines. Ce seraient donc
des animaux en migration que leur parcours aurait amenés vers Paris. Tout ceci
montre l'intérêt que présentent de tels renseignements de la part des
correspondants du Chasseur Français.
A. CHAIGNEAU.
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