À bras-le-corps.
— Le 16 décembre dernier, au cours d'une partie de
chasse, nos chiens lèvent un lapin, que l'un des nôtres manque royalement.
Jeannot bondit chercher refuge dans un buisson, mais, bientôt délogé par les
chiens, fait un bond de trois mètres pour se jeter contre la poitrine du
chasseur maladroit. Celui-ci, malgré sa surprise, eut assez de présence
d'esprit pour refermer ses bras et maintenir solidement le lapin. C'est ainsi
que ses collègues le découvrirent, riant à gorge déployée de cette bonne
aventure.
Lazare JUNINO, abonné.
Portée précoce.
— En mettant des tuteurs à de jeunes arbres dans la
première quinzaine de février, j'ai trouvé dans mon jardin, à 50 mètres de la
maison, un nid de lièvre, avec deux petits gros comme des lapins de garenne ;
ils étaient blottis dans une touffe d'herbe et n'ont pas bougé à mon approche.
Je trouve que cette nichée est bien en avance en ce milieu
de février ; la hase a dû mettre bas fin janvier.
Que penser de cette découverte ?
A. HUBERT, abonné.
Le suicide du lièvre.
— Voici une histoire de chasse qui, pour invraisemblable
qu'elle paraisse, a le mérite d'être absolument authentique.
Un de nos meilleurs chasseurs entend ses deux chiens, Bobby
et Bobette (corniauds sans race bien définie, mais excellents), donner
brusquement de la voix : le long d'une haie, c'est la ruée des deux chiens
poursuivant un lièvre qu'ils viennent de lever, impossible de tirer, car
poursuivi et poursuivants ne font qu'une masse lancée à toute allure !
Notre chasseur se hâte, au détour de la haie, près d'un trou profond, à moitié
plein d’eau, agrandi de main d’homme pour constituer un réservoir ; les
deux chiens sont là, haletants, mouillés, couverts de boue, donnant toujours de
la voix ; leur maître veut les écarter et leur faire reprendre la
poursuite du lièvre qui a disparu : impossible, les chiens s'y refusent,
grognent et tournent autour du trou en aboyant.
De guerre lasse, par acquit de conscience et sans grande
conviction, notre chasseur sonde le trou avec une branche d'arbre, puis
s'éloigne, ayant beaucoup de mal à emmener Bobby et Bobette, qui ne le suivent
qu'à regret.
Or les chiens avaient raison : quinze jours après, on
trouva dans le trou un beau lièvre noyé, remonté à la surface sous l'effet de
la décomposition.
Et voilà comment un lièvre, connaissant sans doute la
réputation du chasseur, préféra en finir avec la vie en se disant que, son
affaire étant claire avec un aussi bon tireur, il valait mieux ne pas lutter
plus longtemps.
R. MARAUDON, abonné.
Il y a deux cents ans ...
— À notre époque où le droit au permis de chasse est
accessible à tous ceux qui ont dépassé l'âge de seize ans, quelle que soit leur
position sociale, à condition toutefois qu'ils soient inscrits (ou leurs
parents) au rôle des contributions, qu'ils ne soient privés, par suite d'une
condamnation, de l'un des droits énumérés à l'article 42 du Code pénal, qu'ils
n'aient été condamnés à un emprisonnement de six mois, qu'ils ne soient ni
vagabonds, ni mendiants, ni voleurs, ni escrocs, ni interdits, ni placés sous
la surveillance de la haute police, ni (excusez, mais c'est la loi ...) ni
gardes champêtres, ni gardes forestiers, ni gardes-pêche ... Ouf ! ...
à notre époque donc, il est intéressant de voir ce qu'il en était dans ce domaine
sous le règne de Louis XV, le Bien-Aimé.
Au cours d'une de nos recherches à la Bibliothèque
nationale, il nous a été donné de mettre la main sur un in-quarto, paru en
1758, sous le titre : Dictionnaire ou Traité de Police générale des
villes, bourgs, paroisses et seigneuries de la campagne, par Edme de la
Poix de Fréminville, jurisconsulte, bailli de La Palisse et commissaire des
droits seigneuriaux.
Voici un résumé de ce que l'on peut y lire à l'article « Chasse » :
... Le seigneur du fief qui peut donner permission de
chasser ne la peut donner qu'à des gentilshommes et non à des roturiers.
... Non seulement les roturiers n'ont aucun droit de
chasser, mais il leur est défendu d'avoir dans leur maison aucun chien, ni
couchant, ni d'autre race, à peine de 100 livres d'amende.
... Si un roturier prend des œufs de perdrix ou de
faisans dans les « bois et campagnes », dans le but de les faire
couver, d'élever les oiseaux et de les vendre, il sera puni, la première fois
de 100 livres d'amende, la deuxième fois de 200 livres d'amende, et les autres
fois de 50 coups de fouet et du bannissement.
... Les filets sont défendus au roturier, à peine de 30
livres d'amende et du fouet pour la première fois et, pour la deuxième fois, de
la fustigation, du flétrissement et du bannissement pour cinq ans.
... Les gardes-chasses n'ont pas le droit de porter le
fusil. Ils ne peuvent avoir avec eux aucun chien. Il n'est permis qu'aux gardes
des forêts du roi de porter des pistolets, mais jamais de fusils.
... Le seigneur ne doit amener avec lui à la chasse
aucun domestique. Il n'a le droit que d'y chasser et d'y tirer seul.
Les raisons invoquées par le jurisconsulte sont les
suivantes :
— Le goût de la chasse détournerait les roturiers de la
culture de la terre et de la pratique des métiers, ce qui est leur lot.
— Les roturiers gâteraient les récoltes.
— Ce serait donner le droit aux roturiers de porter des
armes, ce qui est contraire à leur condition.
— Ce serait se prêter à une destruction trop rapide du
gibier. Après avoir lu ces articles, il faut avouer que la Révolution française
a tout de même provoqué certaines réformes qui s'imposaient ...
Roger DARBOIS.
Au Congrès cynégétique de la région de l’Ouest.
— Au cours de ce Congrès qui réunissait les délégués
des dix-huit départements de la région de l'Ouest, les vœux suivants ont été
adoptés à l'unanimité :
1 ° Que le Conseil supérieur de la chasse étudie les
amendements nécessaires au rajeunissement de certains articles de la loi de
police de 1844, notamment en ce qui concerne la fermeture totale pour un
gibier, la visite des carniers et des automobiles, le furetage, la chasse en
bordure des rivières, la répression sévère des délits commis sur les réserves
régulièrement constituées, etc. ;
2° Institution d'un permis de chasse unique, dont le prix
serait fixé à 2.100 francs avec répartition par tiers entre l'État, les
communes et les organisations cynégétiques, ainsi que l'ont déjà adopté la
commission de l'Agriculture et la commission des Finances de l'Assemblée
nationale ;
3° Qu'une liaison plus étroite existe entre les agriculteurs
et chasseurs pour que leurs intérêts communs puissent être étudiés avec une
plus grande compréhension et qu'en particulier la commission des Toxiques du
ministère de l'Agriculture, qui a à connaître des produits employés pour la
destruction des ennemis de l'agriculture, soit composée, en proportion
sensiblement égale, d'agriculteurs et de chasseurs, en raison des dangers que
présentent les poisons à l'égard du gibier ;
4° Abolition des taxes frappant les chasses gardées ;
5° Que soit jointe à la demande de permis une quittance
comportant garantie illimitée pour les accidents causés aux tiers, ainsi que
cela a lieu à l'étranger ;
6° Que la chasse au gibier d'eau soit ouverte en principe le
14 juillet et que l'ouverture générale de la chasse ait lieu le 7 septembre,
sous réserve des modifications pouvant être demandées dans chaque département ;
7° Que l'ouverture du faisan ait lieu en même temps que
l'ouverture générale.
Un nouveau groupement de chasseurs.
— Nous apprenons la formation en Vendée d'un groupement
départemental des chasseurs de migrateurs (Journal Officiel du 6 octobre
1951). L'assemblée générale constitutive a eu lieu le 12 janvier 1952 à
Luçon, salle des fêtes. Cette association compte actuellement 4.000 adhérents
environ. Son président est M. Brisard, professeur, O. A., O. I.,
4, rue du Grand-Carmel, à Luçon. Les buts de ce groupement départemental sont
les suivants :
— Défense des coutumes de chasse sur le plan
départemental et sur le plan national ;
— Liaison entre les chasseurs vendéens ;
— Organisation d'une étude sur les migrations en Vendée
et encouragement aux déclarations de captures d'oiseaux bagués ;
— Création de réserves dans le marais pour faciliter la
nidification des migrateurs.
À propos de furetage.
— En Rouergue, dans la vallée du Lot, j'ai pratiqué
longtemps la chasse du lapin au furet.
Dans la contrée où je pratiquais cette chasse, les terriers
sont inconnus, et le lapin prend refuge dans des « caves » naturelles
(anfractuosités de rochers, vieux murs, aqueducs de chemins, etc.).
Ce nom de « cave » n'est pas employé en terme
cynégétique, il est appelé ainsi dans cette partie du Languedoc, où on dit
aussi, lorsque le lapin est poursuivi et forcé par les chiens, qu'il s'est « encavé ».
Certaines de ces caves sont très dangereuses au furetage,
elles atteignent parfois 50 mètres de longueur avec tours et détours, ce qui
permet à l'animal traqué de ne sortir parfois qu'après une attente de plus de
deux heures, si encore il se montre. Naturellement, il faut être deux, un à
chaque ouverture, et les tirer au fusil, l'emploi de la bourse étant
inefficace, vu la grandeur des entrées. Deux furets sont parfois nécessaires.
Les lignes ci-dessus me sont inspirées par l'entrefilet que
j'ai lu dans Le Chasseur Français, où il est question d'un furet disparu
sous des broussailles qui dissimulaient un puits perdu d'une dizaine de mètres.
À l'aide de cordages, on descendit au fond du puits la boîte à furet où
celui-ci entra.
Je me permets de signaler aux nombreux lecteurs du Chasseur
Français qu'il m'est arrivé souvent, à la suite de furetages dans des « caves »
difficiles, de laisser plusieurs jours le panier aux abords de celles-ci, le
furet s'étant endormi après avoir surpris et saigné le lapin.
J'allais me rendre compte de ce qui se passait et, au bout
de deux à trois jours, parfois huit jours, le furet revenait toujours au
panier. Je puis dire les furets, changeant à l'occasion les bêtes.
En conclusion, c'est un instinct généralisé chez ces
animaux.
Un vieux lecteur du Chasseur.
Les pies voudraient-elles se rendre utile ?
— Le lendemain de l'ouverture de la chasse, dans notre
département du Lot, vers les huit heures du matin, me rendant à mon travail et
traversant un fourré de genièvre, je fus intrigué par le jacassement d'un bon
nombre de pies ; pensant à la chasse, comme tout chasseur fait des
blessés, aussitôt m'est venue l'idée de quelque gibier perdu. M'approchant très
doucement de l'endroit où s'affolaient ces vilains oiseaux, tellement occupés
que je les ai surpris à trois ou quatre pas, l'une d'elles en s'envolant laissa
tomber soit un plein bec de salive, soit un excrément, je ne pus pas le
remarquer ; mais, quelle ne fut pas ma surprise quand j'eus bien exploré
la petite clairière : j'étais entre deux trous à guêpes — quelque
chose d'important, et je suis bien sûr qu'une pie au moins était sur un des
trous. Est-ce que quelqu'un pourrait bien me dire si les pies mangent les
guêpes ! En tout cas, cette année, elles auraient pu faire bonne chère.
M. A ..., abonné.
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