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Entretien de la faucheuse

L'époque de la fenaison approche, l'herbe est grasse, la récolte sera belle. Il ne faut pas toutefois attendre d'être à la veille de se servir de sa faucheuse pour la réviser. On risquera, en effet, d'avoir la désagréable surprise de constater, à ce moment, que son matériel a besoin d'être sérieusement remis en état.

Aussi bien il faut dès maintenant, sans plus attendre, inscrire à son programme de travail la révision de la faucheuse.

Quels sont les organes à examiner le plus attentivement ? Nous insisterons à cet égard sur : la barre de coupe, l'affûtage des sections de la lame, la bielle.

En ce qui concerne le porte-lame, il est souvent nécessaire de procéder au remplacement des doigts tordus ou cassés. Cette opération s'effectue aisément, étant donné que chaque doigt est fixé sur la barre de coupe par un boulon dit « à tête noyée ». Une recommandation importante : bien s'assurer que le nouveau doigt est rigoureusement à la même hauteur que ses voisins et que les « ailes » de part et d'autre du doigt touchent ses voisines, ceci a pour résultat de maintenir un écartement égal entre les doigts et de donner à la barre de coupe la meilleure rigidité.

En cas de remplacement de contre-plaques sur la barre, il faut avoir soin d'utiliser pour la fixation de cette pièce à son extrémité arrière un rivet identique à celui d'origine, afin qu'une fois écrasé il affleure bien et ne forme pas une aspérité ; celle-ci risquerait d'accrocher la récolte et de provoquer un bourrage.

Le changement des sections de scie s'opère dans de bonnes conditions si les règles suivantes, conseillées par les professionnels du machinisme agricole, sont observées : serrer le porte-lame dans les mâchoires d'un étau en ayant soin de placer les sections les pointes dirigées en avant de soi, lorsqu'on fait face à l'établi. La tête des rivets sera sectionnée avec un burin et ils seront chassés à l'aide d'un poinçon. Pour le rivetage des sections remplacées, cette opération doit être faite à petits coups. En raison de la longueur des rivets, ceux-ci risqueraient de se tordre si l'on frappait trop fort, et l'emplacement des sections serait modifié ; or il ne faut pas oublier que l'ensemble, sections et verge (support des sections), doit être parfaitement rectiligne.

L'affûtage des sections est extrêmement important. Un point capital : l'angle de coupe d'origine, déterminé par les techniciens pour faucher avec le minimum de fatigue (pour la machine) et le rendement maximum, doit être rigoureusement conservé. Avec un taillant trop court — angle trop obtus, — la section mâchera les herbes, les bourrages seront fréquents, l'effort de traction trop grand, et cela entraînera une dépense inutile de carburant ou une fatigue supplémentaire pour l'animal, l'usure prématurée des organes de la faucheuse ; dépenses inutiles, pertes de temps, rendement mauvais.

Avec un taillant trop long — angle de coupe trop aigu, — les bords de la section seront trop fragiles, ils s'ébrécheront à la rencontre du moindre corps dur, il faudra changer souvent de section. Là encore, rendement mauvais et dépenses inutiles.

De plus, des sections de scie mal affûtées ne coupent pas l'herbe, elles l'arrachent, et cet effort excessif peut provoquer la rupture de la tête de lame ou arracher les rivets de fixation des attaches de la bielle et au coussinet de bielle. Une section, pour garder toute son efficacité, ne doit pas avoir la longueur du biseau diminuée. Une section raccourcie et devenue pointue ne peut donner un fauchage satisfaisant.

L'affûtage doit se faire de préférence sur une meule en grès. On peut également obtenir de bons résultats avec une meule émeri et à sec. Il n'y a pas à craindre que la meule émeri détrempe le métal, les sections sont en acier et se retrempent à l'air.

La bielle doit être examinée avec soin. Il faut vérifier les attaches, les rivets et l'état du coussinet de l'extrémité opposée. Pour changer un coussinet de bielle défectueux, il faut limer les têtes des rivets et les chasser avec un poinçon. Il y a lieu d'observer, pour le rivetage, les mêmes précautions que pour les sections, davantage même, car la bielle est généralement en bois.

Au sujet des engrenages multiplicateurs, il suffit de s'assurer que les pignons coniques sont bien maintenus en prise et ne présentent aucune usure.

Il est superflu d'insister sur le graissage à effectuer avant et pendant le travail. C'est une des conditions essentielles au parfait fonctionnement de la faucheuse. Sans un bon graissage, pas de rendement satisfaisant et usure accélérée des organes principaux de la machine. Sur les anciennes faucheuses dont les engrenages ne sont pas sous carters, il faut enduire les pignons d'une très bonne graisse pendant le travail. Sur les machines modernes à carters bain d'huile, le graissage est facile, mais il faut avoir soin d'utiliser de l'huile d'excellente qualité.

D'une façon générale, la récolte s'annonce belle et l'époque de la fauchaison n'est plus très éloignée. Nous rappelons qu'il faut couper, en principe, quand les fleurs des herbes les plus précoces s'épanouissent ; à ce moment, en effet, les autres herbes de dessous — le gazon — sont le plus fournies. Nous avons voulu attirer l'attention de nos lecteurs sur la nécessité d'avoir un matériel bien au point, afin d'effectuer cette opération qui ne doit jamais attendre, quand le moment opportun est arrivé.

G. DELALANDE.

Le Chasseur Français N°664 Juin 1952 Page 357