Avec les voitures modernes, les pannes sont rares. Malgré le
nombre considérable de véhicules qui roulent sur les routes, le dimanche entre
autres, on ne voit que peu d'usagers en difficulté, couchés sous leur châssis
ou fourrageant sous le capot. Chacun arrive la plupart du temps à rejoindre le
garage ou le plus proche mécanicien avec des ratés d'allumage, des arrivées
d'essence sporadiques ou quelque bruit plus ou moins insolite. L'honneur est
sauf.
Les pannes brutales qui, il y a quelque vingt ou trente ans,
étaient assez fréquentes, et vous laissaient sur place avec un arbre de roue
cassé, un tube de transmission cisaillé, une bielle à travers le carter,
deviennent l'exception. Le plus souvent, l'automobiliste se trouve en présence
de pannes primaires. Chacun réagit alors suivant son caractère. Les plus
impulsifs s'abandonnent à un accès de rage, puis, redevenus plus calmes,
appellent au secours un usager complaisant ou bien laissent « tout ça là »
et partent à la recherche du mécanicien le plus voisin du drame. Peut-être
eût-il mieux valu pour eux de garder leur calme et d'essayer de comprendre ce
qui se passe. Dans bien des cas, il sera possible de détecter l'organe
défaillant en procédant avec méthode. Rappelons-nous qu'un moteur a besoin de
quatre choses pour fonctionner : d'essence au carburateur, d'étincelles
aux bougies, d'huile dans le moteur et d'eau dans le radiateur. Nous ne nous
arrêterons pas sur l'huile et l'eau. Nous supposerons que vous aurez vérifié
les pleins de votre moteur en huile et de votre radiateur en eau avant de
prendre la route. Le défaut d'huile aura d'ailleurs pour votre moteur un effet
catastrophique qui vous clouera sur place. Le manque d'eau se manifestera par
une élévation de la température de fonctionnement du moteur, qui n'aura pas,
tout au moins au début, des conséquences aussi graves, car l'eau, entrant en
ébullition, la vapeur jaillira au bouchon de radiateur ou au tube de
trop-plein. L'alarme sera donnée. Restent l'allumage et l'arrivée d'essence. De
ce côté, il est assez rare que la panne soit brutale, la panne sèche mise à
part. L'usager tant soit peu observateur et qui « vit » avec sa
voiture aura certainement constaté les signes avant-coureurs d'une défaillance.
La panne d'allumage s'annoncera par des ratés d'allumage sensibles surtout à
l'accélération au bas régime, cependant que l'alimentation en essence aura
présenté des passages à vide bien caractéristiques. Mais vous voici devant
votre moteur devenu subitement muet. Quelques coups de démarreur restent sans
succès. Connaissant votre moteur, vous vous rendez immédiatement compte que
quelque chose d'anormal se passe. Vous tirez le starter. Insistez un peu. Le
moteur part, mais, dès que vous mettez hors circuit le starter, le moteur cale.
Votre opinion se précise mais quoi qu'il en soit, que votre moteur parte ainsi
avec l'aide du starter ou qu'il persiste dans son mutisme, commençons par
vérifier l'arrivée d'essence. La première chose à s'assurer est qu'il y ait
encore de l'essence dans le réservoir. Un coup d'œil à la jauge d'essence vous
fixera. Déconnectez la tuyauterie d'arrivée d'essence au carburateur, soit à
l'arrivée de ce dernier, soit à la sortie de la pompe d'essence. Tournez
plusieurs tours de moteur à la manivelle ou encore donnez un coup de démarreur.
L'essence doit gicler de la tuyauterie ainsi débranchée. Dans le cas contraire,
c'est la pompe à essence qui a la conscience noire, et cela lui arrive assez
souvent. Vérifiez le filtre de la pompe. Remarquez que le filtre n'arrête pas
brutalement le moteur et que, l'encrassement n'étant que progressif,
l'alimentation est d'abord déficiente aux grands régimes. Le filtre nettoyé,
rebranchez la tuyauterie. Retirez le filtre à air et faites couler un mince
filet d'essence dans l'entrée d'air au carburateur ainsi découverte, à l'aide
d'un petit flacon ou d'une burette spéciale remplie d'essence. Contact !
Quelques tours de manivelle, et le moteur, emballé pendant quelques secondes,
pourra faire démarrer une pompe à essence momentanément défaillante. Si vous
êtes devant un carburateur de modèle ancien avec cuve accessible, vous n'aurez
qu'à faire le plein de celle-ci avec du carburant. Si le moteur, après quelques
tours, ne veut toujours rien savoir pour travailler normalement, il y aura lieu
de vérifier la durite reliant la pompe à la tuyauterie principale. Une entrée
d'air par suite de fissure, d'usure ou de choc, peut avoir pris naissance tant
à la durite qu'à la tuyauterie, amenant la pompe à aspirer de l'air. À l'aide
de chatterton on pourra exécuter une réparation temporaire si la fuite est
détectée. Si l'examen ci-dessus ne donne aucun résultat, déconnectez la
tuyauterie à l'arrivée de la pompe et, après avoir retiré le bouchon de
réservoir, soufflez à l'intérieur de ce dernier en pressant vos lèvres contre
le trou de remplissage afin d'empêcher l'air de s'échapper. Si la tuyauterie
n'est pas bouchée, la pression sera suffisante pour que l'essence arrive en
charge à la pompe. Si vous sentez de la résistance, c'est que la tuyauterie est
obstruée. En utilisant votre pompe de gonflage, vous arriverez probablement à
déboucher votre tuyauterie. Si, lors de votre premier essai, l'essence a giclé
de la tuyauterie débranchée à l'entrée du carburateur, ce sont les gicleurs qui
doivent être passés en revue. Ceux-ci, ralenti et principal, sont toujours
facilement accessibles. En soufflant, on arrivera presque toujours à déboucher
le gicleur obstrué.
La carburation étant vérifiée et rien de suspect constaté,
on portera son examen sur l'allumage. Si le démarreur fonctionne normalement,
on en déduira que la batterie est en charge et les connexions correctes.
L'examen portera alors sur l'allumage. Il importe ici de procéder par ordre. On
retirera le couvercle du distributeur et l'on s'assurera que celui-ci ne
présente aucune fêlure. Avec la manivelle on fera tourner le moteur jusqu'à ce
que les vis platinées s'écartent. Le contact étant mis, en écartant vivement
les vis on s'assurera qu'il se produit une étincelle. Ceci prouvera que tout
est normal jusqu'au distributeur. On détachera ensuite un des fils de bougie.
En le présentant à 2 ou 3 centimètres d'un boulon de fixation de culasse et en
tournant le moteur à la manivelle le plus vite possible, une étincelle doit
jaillir, belle et chaude. Dans ce cas, tout le dispositif d'allumage est à
mettre hors de cause. Sinon il faudra éliminer méthodiquement les causes de
dérangement probables. Si une étincelle jaillit aux vis platinées, mais aucune
aux bougies, c'est le rotor du distributeur qui est fautif ; s'assurer du
bon état du ressort de contact.
Le condensateur sera vérifié et l'on s'assurera que son fil
de masse n'est pas desserré. Puis on retirera le câble central du distributeur
et l'on veillera à ce qu'il s'adapte correctement sur un contact propre.
Présentez l'extrémité du même fil libre à 5 ou 6 centimètres d'un boulon de
culasse tout en tournant le moteur à la manivelle. Il doit alors se produire
une forte étincelle. Dans la négative, on peut soupçonner la bobine. Pour
vérifier celle-ci, on détachera le fil d'arrivée du courant du primaire et on
en en frottera l'extrémité contre la culasse du moteur. Il doit y avoir amorce
d'étincelles. Rappelons que tous ces essais doivent être faits avec le contact.
S'il n'y a pas d'étincelles au fil primaire, c'est que la panne se localise entre
la bobine et la batterie, c'est alors une question de contact et de connexion ;
suivre les câbles, les écrous et les boulons de contact. Si vous n'avez pas
découvert la panne en procédant comme nous venons de l'exposer, il ne vous
reste qu'à alerter le plus proche mécanicien. Vous aurez du moins fait tout
votre possible pour éviter cette ultime solution.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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