Les champignons microscopiques utilisés depuis quelque temps
pour la préparation de nos précieux antibiotiques étaient, jusqu'alors, connus
comme pathogènes, comme causes de certaines affections. Je ne veux envisager
ici, bien superficiellement, que quelques dermatoses de cette origine, pensant
que c'est ce sujet que visait un lecteur me demandant une causerie sur la « mycose ».
Laissons de côté les affections mycosiques atteignant plus
spécialement le cuir chevelu, comme la teigne et le favus (qui peut parfois se
manifester en d'autres endroits, aux ongles par exemple), pour n'énumérer que
les affections mycosiques de la peau glabre.
Il a déjà été parlé (mai 1950) de l’actinomycose,
successive le plus souvent au mâchonnement de céréales et débutant alors au
niveau du maxillaire ; dans quelques cas, très rares, l'affection a pu se
développer primitivement à la main, aux doigts ou même à la face, à la suite du
contact avec un épi de blé, d'orge, d'avoine, de seigle. Le développement est
toujours insidieux et très long, mais, une fois apparue, la lésion évolue avec
une certaine rapidité, d'abord sous forme d'une tumeur ovalaire ou arrondie,
très dure, qui se ramollit en quelques semaines, ulcère la peau, laisse couler
un pus dans lequel on décèle facilement, même à l'œil nu, les grains jaunes
caractéristiques. L'emploi de solutions iodées forme toujours la base du
traitement local ; on a aussi obtenu de bons résultats de la pénicilline,
mais cet antibiotique doit être réservé pour les cas graves, pour ne pas sensibiliser
l'organisme, ce qui pourrait devenir gênant lorsque ce médicament se trouverait
indiqué.
Le terme de tricophytie est en général réservé aux
mycoses du cuir chevelu ; on a parié cependant d'une tricophytie circinée
survenant, chez l'enfant comme chez l'adulte, surtout sur les régions
découvertes (visage, cou, nuque, avant-bras), débutant par une petite tache
rosée, légèrement saillante, de la dimension d'une lentille, rarement plus
grande, donnant lieu à une vive démangeaison ; le centre, devenu jaunâtre,
est cerné par une bordure de petites vésicules du volume d'une tête d'épingle
qui, devenant opalines en vieillissant, se rompent, laissent des croûtelles
squameuses. Une forme très analogue, parfois appelée « eczéma marginé »,
siège plus particulièrement sur le tronc, les bras, les cuisses, s'accroissant
lentement sous forme d'anneaux à bord rosé ou jaunâtre et squameux.
Le terme de pityriasis s'applique à des affections de
la peau, caractérisées par une fine desquamation ayant l'apparence du son ;
les deux formes les plus fréquentes sont :
Le pityriasis rosé commence par une plaque unique en
différents points du corps, au cou, sur les bras ; cette plaque primitive,
arrondie ou ovalaire, a des bords rose vif, un peu surélevés, couverts de
squames adhérentes ; le centre est décoloré ou un peu brunâtre ;
cette plaque s'accroît peu à peu et est suivie de l'apparition de nouveaux
éléments analogues en différents endroits, respectant en général le haut du
visage, les bras et les jambes ; la démangeaison est habituellement assez
faible.
Le pityriasis versicolore doit ce nom à la grande
variété d'étendue, de configuration, de couleur, que présentent ses éléments :
au début, il est le plus souvent de couleur café au lait ou jaune grisâtre,
tirant quelquefois sur le brun. La démangeaison manque parfois. Un léger
grattage donne des squames épidermiques dans lesquelles on décèle le champignon
causal, le microsporon furfur, qui siège dans la couche cornée de
l'épiderme, jamais plus profondément ; i1 ne détermine ni lésion des poils
ou des ongles, ni de forte réaction inflammatoire, sauf une légère rougeur de
la peau sous-jacente. Cette affection est transmissible soit directement, soit
par l'intermédiaire de vêtements, surtout par les gilets de flanelle, causes
fréquentes de récidives.
Parmi les autres lésions cutanées dues, au moins le plus
souvent, à une mycose, citons encore l'intertrigo, qui s'observe chez
les personnes grasses, transpirant beaucoup et ne prenant pas de soins assez
minutieux de propreté ; il siège aux plis, à la partie supérieure des
cuisses et à la partie adjacente du scrotum, aux aisselles, au pli
sous-mammaire, partout où il y a du frottement ; il y a rougeur, cuisson
assez vive et parfois des complications de furonculose.
L'érythrasma ressemble beaucoup à la forme précédente ;
il siège surtout à la région inguino-cruro-scrotale, s'accompagne d'un
épaississement de l'épiderme qui s'exfolie en petites squames dans lesquelles
on trouve l'agent causal qu'on a appelé microsporon minutissimum. Le
début passe parfois inaperçu, le sujet ne ressentant qu'un léger prurit. La
lésion a la forme d'une plaque rouge brun à bords nettement arrêtés, moins
rouge que de l'intertrigo.
Le traitement local de ces différentes mycoses varie selon
la nature de la lésion et l'état du sujet ; le plus souvent on commence
par des bains, simples ou sulfureux, suivis de savonnages au savon ordinaire,
ou au savon noir, aux savons de goudron, de naphtol ou autres ; comme
parasiticide, le plus employé est la teinture d'iode plus ou moins diluée ;
on s'est souvent bien trouvé de la nitrobenzine ou essence de mirbane des
parfumeurs (essence d'amandes amères artificielle), plus ou moins diluée dans
de l'huile ; les cas sérieux se traitent par des pommades, ou mieux des
pâtes plus poreuses (renfermant une certaine proportion de poudre inerte) à
base de goudron, d'ichtyol, de chrysarobine, etc. Mais ces applications de
topiques souvent irritants doivent être surveillées par un médecin compétent en
dermatologie.
Dr A. GOTTSCHALK.
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