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Habitation-exploitation de vigneron

Construite à flanc de coteau, comme toutes les maisons de Cerdon, village du Revermont, dans l'Ain, où tous les habitants sont vignerons et savent faire un vin mousseux très apprécié des connaisseurs, cette exploitation, bien que moderne à l'intérieur, est conçue pour une famille de cinq ou six personnes et garde le caractère local qui fait le charme de tous nos petits pays. Cerdon, village compact construit au fond d'une vallée, entouré de quelques montagnes dont les sommets varient de 800 à 1.000 mètres d'altitude, n'a pas de fermiers, tous les exploitants sont propriétaires. On accède à ce pays, très éprouvé par la guerre, par une route pittoresque, les vignes s'étageant alentour sur les pentes ensoleillées. Le propriétaire vigneron a quelques poules, lapins, et élève deux ou trois porcs en général. La maison est adaptée à la fonction ; au rez-de-chaussée, exploitation du vigneron et, à l'étage, habitation.

Esthétique.

— D'aspect simple et sobre, cette demeure est couverte par un toit à deux pentes dont les versants font 25° avec l'horizontale ; les tuiles canal d'autrefois sont remplacées par des tuiles dites « romanes » qui s'emboîtent bien et sont plus légères. Le versant, du côté de l'entrée, fait une saillie de 2 mètres environ et protège des intempéries l'escalier d'accès et l'entrée du garage. Les murs, au niveau du rez-de-chaussée, ont une tyrolienne légèrement teintée crème. L'étage a un crépi lissé blanc. Les linteaux et encadrements en pierre de taille de pays sont remplacés par des linteaux en béton armé. À l'intérieur, couvrant le premier étage, les poutres et solives bois sont apparentes. Entre celles-ci des plaques d'isorel, peintes en blanc ou crème, sont clouées sur les solives et contrastent avec les poutres elles-mêmes passées au brou de noix. À l'entrée, face à l'escalier, un motif de sculpture symbolise la vigne et apporte une note de gaîté.

Distribution.

— La différence de niveau est utilisée à la partie basse par un garage, une cave bien fraîche et de température constante, condition essentielle pour conserver les mousseux. Dans cette cave, les tonneaux reposent sur deux barres de bois, comme dans toutes les caves de ce pays ; un cellier avec un petit pressoir et une cuve. Au nord-est, un peu en contre-haut, on trouve le clapier, le poulailler et les quelques loges à porcs.

On accède au premier étage par un large emmarchement en béton. Par l'entrée, on pénètre dans la grande salle familiale, laquelle donne accès aux trois chambres, aux bains et w.-c., ainsi qu'à une penderie. Une laverie, fermée par une porte coulissante, s'ouvre également sur cette grande pièce. Le coin à manger a vue sur la vallée et peut être séparé par une murette décorative.

Sur l'évier, l'eau froide et l'eau chaude avec un ballon de 150 litres. Paillasse et placard sous l'évier. La paillasse en ciment armé est recouverte de faïence 15 x 15. La salle de bain, qui comprend un lavabo et un bac-douche, est aussi alimentée en eau chaude.

Construction.

— Pas de fondations, une simple tranchée de quelques centimètres de profondeur et on est au rocher, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les caves ne sont pas en sous-sol. Ensuite, jusqu'au plancher couvrant le rez-de-chaussée, les murs sont en béton cyclopéen, avec pierre du pays. Une dalle en béton armé couvre tout le rez-de-chaussée, qui a 2 mètres de hauteur maximum. Au-dessus, les murs sont en béton de gravier et chaux lourde, banché deux faces. Dans ce pays, au point de vue charpente, il y a peu de fermes, l'auvent est en porte à faux ; il est soutenu par une jambe de force encastrée dans le mur. Les menuiseries extérieures sont en chêne. Fermetures métalliques. À l'intérieur, portes pleines préfabriquées isoplanes. Les baies sont à trois panneaux vitrés et sont de dimensions normalisées. Il y a un conduit de fumée dans toutes les pièces, les souches sortant du toit sont avec mitron. Carrelage en grès cérame dans la salle commune, la laverie, les bains, w.-c. et la penderie. Dans les chambres, parquet chêne posé sur béton liège aggloméré. Dans la laverie, bains, w.-c., faïence blanche sur les murs, jusqu'à 1m,20. Dans ces pièces et la salle commune, murs recouverts de peinture lavable. Dans les chambres, revêtement de papier peint ou, mieux encore, d'un produit à base de cellulose ou d'un enduit plastique. Un allumage électrique est prévu dans chaque pièce avec prise de courant, au bas de l'interrupteur, au niveau des plinthes.

La hauteur du rez-de-chaussée ne dépasse pas 2m,70 et la surface couverte du rez-de-chaussée est d'environ 100 mètres carrés. L'étage d'habitation a 80 mètres carrés environ et la plus belle pièce est la salle commune.

Cette étude, bien qu'étant adaptée à un cas particulier de vigneron, peut très bien répondre au désir d'une personne désirant construire une maison, possédant un jardin et une petite culture dans laquelle elle élèverait quelques bêtes.

Cette construction peut bénéficier, pour la partie habitation du premier étage, des primes et prêts de l'État.

Albert COHENDET,

Architecte D. P. L. G.

Le Chasseur Français N°665 Juillet 1952 Page 428