Le chien de berger, écossais, ou Collie ou encore
Colley, est un chien d'utilité, à l'aspect élégant et gracieux, qui connut une
très grande vogue ; dès qu'il apparut sur le continent, il eut toutes les
faveurs des amateurs de beaux chiens.
Il s'imposa avec une grande rapidité, car ses admirateurs
avaient trouvé, réunies en lui, les qualités physiques et morales que l'on
recherche habituellement chez nos fidèles compagnons : une belle
prestance, une fourrure exceptionnelle, un corps harmonieux, robuste et une
allure souple et vive. De plus, il possède une belle tête, fine, distinguée,
bien proportionnée à l'ensemble du corps et dont les yeux ont une expression
intelligente et rêveuse extrêmement séduisante.
Quoiqu'il soit distant avec ceux qu'il ne connaît pas, le
Colley est aimable et, pour son maître, il est un ami sûr, attentif, fidèle et
affectueux, obéissant hâtivement à ses appels.
Que s'était-il donc passé pour que ces chiens, qui firent si
vite la conquête des éleveurs, se raréfient ensuite si rapidement, surtout
après la guerre de 1914, qui leur fut fatale ? Certains sujets
désillusionnèrent leurs propriétaires qui portèrent sur eux un jugement trop
téméraire, et l'on généralisa en disant que cette race n'était pas douée d'une
grande intelligence.
Ce fut la séduction et la beauté du Colley qui lui
attirèrent cette foule d'admirateurs, mais malheureusement ces qualités
décoratives causèrent en même temps sa perte, car trop vite ce chien de berger
devint un chien de salon, et l'inaction fut à la base de l'amoindrissement de
ses merveilleuses qualités instinctives.
Trop brusquement changé de milieu, dépaysé, il s'alourdit et
perdit de sa rusticité ; somnolent, son cerveau ne marcha plus qu'au
ralenti, et il se plia à la vie végétative qui lui était imposée en acquérant
ainsi une réputation injustifiée.
Avant qu'il ne devienne chien de luxe, ce chien de berger,
produit naturel de l'Écosse, possédait des aptitudes remarquables ;
vigilant et robuste, il gardait avec intelligence les troupeaux dans un pays montagneux
où les sommets inaccessibles voisinent avec les précipices dangereux ; il
savait prendre ses responsabilités et se montrait sage, persévérant et
courageux.
Né dans un pays giboyeux, et pourvu d'un nez fin, le Colley
fut utilisé comme retriever, retrouvant facilement le gibier blessé. Il a même
été employé pour infuser du sang nouveau à certaines races de chiens de chasse.
On connaît mal les croisements que firent dans leurs chenils les ducs de Gordon
qui étaient fort discrets à ce sujet, mais on prête volontiers à cette variété
de Setters un ancêtre Berger d'Écosse.
Imposant avec sa magnifique fourrure, le Colley est un chien
de bonne taille, d'environ 60 à 65 centimètres, élégant et harmonieux de
formes. Il doit être bien fait, construit en force, mais sans vulgarité ni
lourdeur, son allure est gracieuse et active.
Très dense, son poil le protège admirablement contre toutes
les intempéries, il se compose du poil extérieur qui est rude au toucher et
d'un sous-poil très serré qui est doux, laineux, compact au point de cacher
presque complètement la peau.
Très opulente dans son ensemble, cette fourrure est
particulièrement épaisse et longue au cou, formant un énorme collier et un
jabot ; les pattes de devant sont bien frangées, les pattes de derrière ont
une véritable culotte de poils longs et touffus au-dessus des jarrets et la
queue est richement fournie de poils. Sur les parties antérieures et latérales
des jambes, le poil est court.
Le visage est garni de poil fin et court, uni et lisse,
ainsi que l'extrémité des oreilles, tandis que celles-ci à leur base sont
abondamment pourvues de poils longs et soyeux.
La tête est très typique, elle est en rapport avec la taille
du chien. Le crâne est plat, modérément large entre les oreilles pour aller en
s'amincissant jusqu'à la hauteur des yeux. La cassure du nez est à peine
visible, c'est une légère dépression sans proéminent arrêt, le museau est de
bonne longueur et la largeur du crâne dépendra évidemment de la longueur de ce
crâne et du museau. Celui-ci ne doit pas être pointu ni lippu ; le nez est
toujours noir, les mâchoires sont égales et puissantes, les dents sont de bonne
longueur, saines et régulières, et les joues ne sont ni pleines ni proéminentes
puisque la tête est sèche dans son ensemble.
Les yeux constituent un point très important, c'est d'eux
que dépend l'expression typique du Colley qui est à la fois rêveuse et
intelligente ; ils sont de grandeur moyenne, placés un peu obliquement, en
forme d'amande et de couleur brun foncé sauf pour les chiens blue merle qui
peuvent avoir les yeux bleus ou vairons.
Les oreilles sont aussi un point essentiel ; elles sont
plutôt petites, modérément larges à la base, placées sur le sommet du crâne,
mais sans exagération, sans trop se rapprocher l'une de l'autre et sans se
trouver trop sur le côté de la tête. Au repos, les oreilles sont repliées en
longueur et rejetées en arrière ; en alerte, elles se dressent sur
l'arrière du crâne ; elles se portent au trois quarts droites et un quart
environ est cassé ou penché vers l'avant. Ces oreilles sont brisées de
naissance et rarement trop petites, d'ailleurs une oreille d'une certaine
longueur se plie plus facilement et, si celle-ci se dressait trop, elle
paraîtrait trop grande.
Le port correct des oreilles, la perfection des proportions
de la tête et du museau, la situation des yeux, leur forme, leur couleur et
leurs dimensions donnent au Colley une expression douce, franche et éveillée.
La tête est reliée au corps par un cou musclé d'une
bonne longueur et un peu arqué.
Le corps est un peu long, la poitrine est profonde et large,
les reins sont légèrement arqués et puissants, les aplombs sont bien droits.
Tout en ayant une charpente légère et gracieuse, ce chien d'utilité doit avoir
suffisamment d'os et de puissance.
Les pieds sont ovales, les soles bien garnies et les doigts
très rapprochés avec une cambrure dans leur ensemble, surtout pour les membres
antérieurs.
La queue, de bonne longueur, est portée basse lorsque le
chien est au repos, et légèrement recourbée à son extrémité ; elle est
portée gaiement lorsque le chien est excité, mais jamais au point de la
recourber sur le dos.
En principe, la robe du Colley est de nuances agréablement
mélangées, mais la couleur et les marques n'ont pas d'importance; il est
évident qu'à qualité égale il y ait préférence pour le chien bien marqué avec
un collier et un plastron blancs, une liste de même couleur, ainsi que les
pieds et l'extrémité de la queue.
Les couleurs les plus courantes sont : fauve clair et
foncé, blanc et sable, gris, blue merle, tricolore très souvent avec un collier
blanc, etc. Les couleurs blanche et setter rouge ne sont pas recommandables.
Il existe un Colley à poil ras dont la fourrure est courte
et épaisse. Ce chien est construit en tous points comme le Colley à poil long,
mais cette variété est pratiquement inconnue en France.
Les défauts à éviter sont : trop de largeur de crâne ou
un crâne trop arrondi, les joues trop pleines ; la tête étroite ou trop
laminée est également mauvaise, et le type Barzoï doit être absolument prohibé ;
les museaux faibles et pointus, le prognatisme, les dents mal plantées, les
yeux proéminents et ronds, les oreilles droites, lourdes, trop écartées ou trop
rapprochées l'une de l'autre.
D'après Paul Mégnin, le port spécial de cette oreille est
motivé par la nécessité de protéger l'intérieur de l'oreille sous un climat
humide aux pluies fréquentes ; en effet, n'oublions pas qu'en Écosse le
Colley est un précieux auxiliaire des bergers en conduisant les moutons par
tous les temps. La nature fait bien les choses, elle a également pourvu d'une
toison imperméable cet élégant chien de berger qui est pour son maître un ami
aimable et un gardien représentatif et sûr.
A. PERRON.
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