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Automobile

Entretenez votre carrosserie

La carrosserie nécessite un entretien bien particulier. Tout usager soigneux désire posséder une voiture impeccable. Les carrosseries actuelles, tout acier, sont d'un entretien facile. Hier, c'était surtout le bois qui donnait des soucis en pourrissant aux points exposés aux infiltrations d'eau, car le plus mortel ennemi de la carrosserie est l'eau. Même avec les voitures neuves, livrées aujourd'hui à la clientèle, il en est bien peu d'étanches. L'eau, par temps de pluie, s'infiltre aux joints de pare-brise, de glaces, de portes, de lunette arrière, de toit. Une fois dans la place, l'eau commence sournoisement son travail destructeur. Les tôles — elles sont, hélas ! plus que légères — s'oxydent, les contacts deviennent défectueux, vis et rivets, aidés par les vibrations de la marche, prennent du jeu irrémédiablement. Le toit entièrement tôle a été un grand progrès, en supprimant radicalement tous joints. Il est vrai que la vogue des toits ouvrant n'a fait, dans ces cas particuliers, que compliquer le problème. Il en est de parfaitement étanches. Mais il importe de veiller de très près à la bonne conservation de tout le système : graissage, peinture. L'emploi des matières synthétiques moulées là où le bois était hier irremplaçable a été aussi une source de progrès.

Entre glaces et tôles, et aux portes, c'est généralement au caoutchouc que l'on fait appel. Aux endroits fixes, le mastic assure l'étanchéité. C'est une sorte de ciment à l'amiante. Généralement, l'attaque ne se voit pas tout de suite et il faut des dégradations sérieuses pour que l'on pense à regarder attentivement. On évite ces surprises en passant, à intervalle régulier, disons à l'entrée de chaque saison, une légère couche de mastic aux joints en question. L'acier rouille, l'aluminium et ses alliages ne s'oxydent que très lentement. La carrosserie en alliage léger, outre ses avantages dus à son poids, met l'usager à l'abri des surprises de la rouille. Partout où cette dernière apparaît une chasse sans merci doit lui être faite : portières, plancher, coffre arrière, points d'assemblage de la caisse aux longerons ou cadre, etc. ... Dès le mal détecté, procéder aux raccords de peinture des endroits malades. Bien sûr, le mieux est de faire une application de vernis cellulosiques avec un pulvérisateur. Il existe dans le commerce des pistolets pour amateurs, dont l'air sous pression est donné soit par une pompe classique pour pneumatiques, à main ou à pied, soit encore par le moteur, en remplaçant une bougie par un distributeur à clapet et filtre.

On peut, avec ces appareils et un peu d'adresse, faire des raccords de peinture sur les ailes ou sur un panneau. Mais, en ce qui concerne les petits raccords de préservation, on utilisera très bien le pinceau ordinaire. La propreté de la surface à repeindre étant la condition capitale pour un travail durable, on aura soin de bien gratter la partie malade avec de la toile émeri ou de la laine d'acier. Enlever même quelques pellicules de peinture autour de la rouille afin de se rendre compte que celle-ci n'a pas cheminé sous la peinture en donnant naissance à une amorce d'éclat. Passer plusieurs couches légères, de préférence à une peinture étalée épaisse, en laissant bien sécher entre chaque intervention. Il sera sage d'appliquer sur la tôle nue, et avant toute chose, une couche d'apprêt. On utilisera pour la peinture un produit genre émail ou laque, à séchage rapide, que l'on trouve dans le commerce. Si la surface à traiter est large et apparente, le travail se complique du fait de l'assortiment des teintes. Avec le noir, aucune difficulté — encore un avantage de cette couleur, — tandis qu'avec les autres teintes il n'en est plus de même. C'est par mélange et essais que vous arriverez aux résultats cherchés.

Vous embellirez votre application en utilisant un mastic à séchage rapide, qui, appliqué au couteau, nivellera les creux et les bosses. Vous égalisez et lissez le mastic à la pierre ponce très fine et passée à l'eau. Le pistolet devient dès lors indispensable pour un beau fini. Puis lustrez la peinture avec un produit de dégrossissage pour terminer avec l'emploi d'une cire ou liquide de finition « cleaner ».

L'entretien général de la peinture consiste en de bons lavages après chaque sortie par journée de pluie ou circulation sur routes boueuses ou neigeuses. Moins la boue séjournera sur la caisse et plus longtemps la peinture gardera son éclat de neuf. Le mieux est de passer le jet suivi de l'éponge et de la peau de chamois le soir même, en rentrant au garage. Le jet doit être abondant et doit persister tant que les particules de boue ne sont pas entraînées. Les dernières peintures employées sur les voitures modernes, et qui nous viennent d'Amérique, sont du véritable émail, très résistantes aux rayures, et ne se ternissent guère. Elles s'écaillent par contre facilement. Avec elles un lustrage par an est largement suffisant ; certains constructeurs, même, le déconseillent. Quoi qu'il en soit, il existe chez les accessoiristes une multitude de produits, les uns mettant en valeur la beauté du fini obtenu, les autres la rapidité de leur application. Car, si l'on ne dispose pas de polisseuse-feutre à commande électrique, il faut bien dire que l'application consciencieuse d'un produit de lustrage, quel qu'il soit, pâte ou liquide, est un travail long et assez pénible. Une journée entière est nécessaire pour une voiture normale. Il faut procéder par petites surfaces, de 0m,50 de côté environ, frotter énergiquement jusqu'à ce que la peinture soit bien imprégnée et toutes les particules indésirables disparues, puis polir avec un tampon de coton à lustrer très propre.

Bien lustrées, les surfaces traitées seront, au début, assez réfractaires aux taches de toute nature : pluie, graisse, etc. … De plus, à sec, et en présence de poussières ou de boue très légère, on pourra raviver l'éclat en passant un chiffon doux (chamoisine), peau de chamois, ou brosse de coton souple, imprégnée ou non de produit spécial à base d'huile.

Les parties chromées doivent, en théorie, n'avoir besoin d'aucun entretien. Malheureusement, les chromes actuels sont de qualités inférieures et tous les soins, pour leur application, ne sont pas apportés. On va au meilleur marché, et le cuivrage, soutien du chrome, est défectueux ou remplacé par des dépôts électrolytiques moins efficaces. Presque tous les chromes ne tardent pas à se piquer. L'idéal a toujours été l'acier inoxydable poli. Mais, là encore, le prix de revient arrête les bonnes intentions des constructeurs français et européens. Il sera donc sage de passer sur les chromes, à chaque lavage ou essuyage, un chiffon légèrement gras. Ce qu'on perdra en éclat, on le gagnera en longévité.

Tous les deux ou trois mois pensez à la burette ; celle à huile de paraffine avec emballage perdu est particulièrement recommandable grâce à sa propriété et sa facilité de logement. Vous graisserez (une goutte suffit) les serrures de porte, les charnières, l'articulation du capot, bagues d'essuie-glaces, points de contact des portes sur leurs berceaux, petites commandes et biellettes diverses, etc. ...

En ce qui concerne l'intérieur, lavez à la potasse les tapis de caoutchouc des places avant, brossez et tapez les tapis moquette, ou encore mieux, si cela est possible, passez l'aspirateur. Les taches seront enlevées avec les produits appropriés, suivant leur origine, et que connaissent bien toutes les ménagères avisées. Faites même la dépense de housses. On en confectionne de très solides, aux coloris les plus variés (tissus, simili-cuir, nylon, etc.). Vous aurez ainsi, après plusieurs années, une voiture conservée dans son neuf ; outre votre satisfaction personnelle, vous serez sûr de garder à votre véhicule sa plus haute cote.

G. AVANDO,

Ingénieur E. T. P.

Le Chasseur Français N°665 Juillet 1952 Page 429