Leur utilisation tardive.
— Les professionnels ne laissent pas longtemps leurs
couches inemployées. Aussitôt que les derniers légumes des cultures retardées
sont récoltés, les couches sont démontées pour être rechargées en fumier chaud,
après que les terreaux ont été passés à la claie.
À partir de décembre, de nouveaux semis sont effectués,
garantis par les châssis, doublés de paillassons. C'est la reprise des cultures
forcées sur fumier chaud, lesquelles seront suivies de cultures sur couches
tièdes, dites de deuxième saison.
Mais les amateurs, généralement, ne remontent guère leurs
couches avant le mois de février. Celles-ci sont donc improductives depuis le
mois de septembre, alors que l'on pourrait les utiliser avantageusement pour le
blanchiment de certains légumes, notamment des chicorées de Bruxelles,
communément appelées endives ou encore witloof.
Le blanchiment de cette salade réussit très bien dans les
couches, car il occasionne moins de travail que dans les caves et les celliers,
où on est obligé de descendre le sable, le terreau et le fumier, et il ne
nécessite pas les dépenses de chauffage artificiel, comme c'est le cas avec les
thermosiphons et l'électricité.
Il suffit d'être en possession d'une couche permanente, à
trois châssis, établie en maçonnerie et bétonnée du fond, afin d'empêcher
l'intrusion des taupes et des mulots, pour produire d'une façon échelonnée les
endives bien blanches et tendres, nécessaires à la consommation familiale à
l'état cuit et en salade crue.
Culture des endives.
— Pour obtenir des pommes serrées et tendres, il faut
partir de racines bien développées, lisses, non fourchues, dont le diamètre au
collet n'est pas inférieur à 3 centimètres.
La graine, qui est très petite et dont la durée de la
faculté germinative est de cinq à six ans, se distribue en lignes espacées de
25 à 30 centimètres, en terre fertile, meuble et non caillouteuse. Les rayons,
peu profonds, sont ouverts avec la pointe de la serfouette. On sème à la
bouteille ou on mélange du terreau à la graine pour faciliter la répartition.
Les semis peuvent se faire à partir de mars, mais c'est en
mai, alors que la terre est réchauffée, que la levée se fait le mieux et le
plus vite.
Lorsque les jeunes plants sont bien apparents, on éclaircit
à la distance de 12 à 15 centimètres, pour avoir de fortes racines. Biner et
arroser en cours de saison, suivant les besoins. On peut couper les feuilles
pour les donner aux lapins lorsqu'elles sont développées, sans toutefois
toucher le collet.
Aussitôt que l'une des extrémités de la couche à trois
châssis est libérée de sa récolte, à partir de septembre, on peut commencer
l'arrachage des racines et le blanchiment des pommes. L'opération se poursuit
durant tout l'hiver, de manière à ne jamais manquer d'endives sur la table.
Forçage des witloofs.
— Les racines étant arrachées avec précaution en les
basculant dans une avant-jauge, on procède aussitôt à leur habillage, en
coupant leur feuillage à 2 centimètres du collet, que l'on taille ensuite en
cône, tout en ménageant le bourgeon central qui partira en pomme. Ce faisant,
on détruit la majeure partie des œufs et des larves de mouches qui rendraient
les endives véreuses. Pour plus de certitude, on trempera le collet, sous une
longueur de 5 centimètres, dans une solution nicotinée à 1 p. 100.
Il n'y a plus qu'à raccourcir les racines à la longueur
uniforme de 25 centimètres, puis on les enjauge dans la couche, décapée de son
terreau sec, sur le fond humide du fumier à demi décomposé. Ce premier
chargement peut se faire à la densité de 25 à 30 racines à la fois, que l'on
place verticalement, sans qu'elles se touchent, puis on les recouvre avec du
terreau sec, en ayant soin de remplir les interstices qui séparent les racines.
Pour terminer, on charge avec le fumier à demi décomposé, sous une épaisseur de
20 centimètres au-dessus du collet.
Au bout de quatre à six semaines, un peu plus ou moins,
suivant que la température du milieu se rapproche ou s'éloigne de 18 à 20° par
le jeu des châssis et des paillassons, on peut récolter les endives.
Entre temps, de l'autre côté de la couche à trois châssis,
on effectue un deuxième chargement qui commencera à donner lorsque le premier
aura été récolté. À sa place on procède à un troisième chargement, et ainsi de
suite, de sorte que l'on ne manquera jamais de witloof.
Production de la graine.
— Pour obtenir des semences fertiles, susceptibles de
fournir de grosses racines, on réservera les plus belles comme forme et comme
taille, que l'on mettra en stratification dans une jauge, pour les replanter en
terre fertile, vers la fin d'avril, en les distançant de 70 centimètres en tous
sens.
La graine est récoltée fin septembre, à maturité complète,
mais il faut avoir soin de la protéger contre la convoitise des oiseaux, qui en
sont très friands.
Une remarque importante : pour être certain que les
chicorées ne monteront pas à graine la première année, la semence doit germer
rapidement, si possible en quarante-huit heures. C'est pour cela que, dans la
pratique, on fera bien d'élever le plant sur couche chaude et le repiquer
directement en place comme les autres salades.
Adonis LÉGUME.
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